jeudi 18 avril 2024

Stéphane Heulot (Lotto-Dstny) : « La relégation est une contrainte qu’on doit transformer en opportunité »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

En concurrence (entre autres) avec Axel Merckx, Van den Abeele ou Tchmil, le nouveau manager français de la formation belge, Stéphane Heulot ne faisait pas forcément partie des favoris pour remplacer John Lelangue. Son profil d’ancien champion de France et porteur du maillot jaune (1996), mais surtout ses qualités de management (Sojasun, Rally Cycling) et ses positions fortes contre le dopage ont séduit la direction pour remonter en World Tour. Le nouveau boss d’Arnaud de Lie et Caleb Ewan nous explique les raisons de son retour en première ligne. Entretien réalisé pour Cyclisme Magazine et Le Quotidien du Sport.

Vous avez déclaré que vous ne serez pas un « patron au sens traditionnel du terme », qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Que je veux avoir une posture de communication avec chaque membre de la structure qui a un vrai rôle à jouer, pour les responsabiliser par rapport aux objectifs fixés. J’arrive dans une formation qui a déjà un collectif fort, un esprit de famille important sur lequel je veux surfer. Car l’ambiance est excellente.

Malgré la relégation en ProTeam ?

La situation impose une remise en question. Lorsque je m’endors, tous les soirs, je réfléchis à beaucoup de choses et quand je vois la dynamique qui a été mise en place bien avant même mon arrivée, je me dis que cette relégation, qui apparait comme une contrainte aujourd’hui, peut être une opportunité pour demain.

Si, par bonheur, ou malheur, l’équipe s’était maintenue en World Tour, il n’est absolument pas certain que cette indispensable remise en question, liée au développement de la performance, ait pu avoir lieu. Je n’ai donc pas le sentiment d’arriver dans une formation en crise, que ce soit au niveau de l’équipe ou des partenaires, mais plutôt dans une formation qui saisit cette opportunité pour mieux rebondir.

Stéphane Heulot engage une profonde remise en question

Etes-vous surpris de vous retrouver aujourd’hui à la tête d’une formation belge de ProTeam aussi ambitieuse ?

Je suis surtout surpris d’avoir été élu dans un process de recrutement où je ne pensais pas pouvoir aller au bout car je ne suis pas Belge. Même si je vis en Belgique depuis dix ans, que ma femme est Flamande, et qu’une partie de moi est très attachée à la Belgique.

Alors que je m’épanouissais dans mon activité de coach d’entreprise qui me plaisait beaucoup, ce retour au premier plan n’était pas forcément prévu. Mais je l’accepte avec énormément d’enthousiasme et de ferveur parce qu’il me permet d’ouvrir ce nouveau chapitre en accord total avec mes valeurs et ma philosophie du cyclisme.

Vous avez souvent critiqué ce milieu du vélo, notamment à travers ses dérives sur le dopage et l’impunité accordée à certains. En revenant, pensez-vous pouvoir participer à son assainissement ?

Je ne reviens pas comme vous dites… parce que je ne suis jamais parti. Je suis resté impliqué dans le vélo depuis 2004, bénévolement, au niveau des jeunes en essayant de leur inculquer les valeurs qui me sont chères. Accepter ce poste est aussi une manière de me réconcilier avec ma passion. Le dopage est un fait. Je l’ai souvent critiqué sans en subir trop de conséquences même si je sais que je ne plais pas à certains. Mais je m’en fous, je dis ce que je pense, c’est ma manière d’être heureux.

A mon petit niveau, je ne crois pas pouvoir changer les mentalités. Néanmoins, beaucoup de choses ont été faites. Je ne suis pas en phase avec certaines personnes qui ont encore des responsabilités car j’ai du mal à effacer leur passé. Les récidivistes, je ne peux pas les accepter. Pourtant, ils sont encore là. Mais c’est mon problème. L’argent rend trop de gens conciliants. Par rapport à ça, chez Lotto Dstny en tout cas, mon engagement est clair et précis !

« En matière de dopage, j’ai du mal avec les récidivistes »

Au-delà de votre ambition déjà affirmée de remonter en World Tour d’ici trois ans, et rester dans les deux premiers de ProTeam d’ici là, vous êtes-vous fixé des échéances précises ?

Je m’impose toujours des objectifs très relevés ; rester en tête des ProTeams pour continuer à bénéficier d’un calendrier de haut niveau et être éligible au World Tour fin 2025 en sont deux qui coulent de source. C’est une évidence.

Je veux aussi maintenir le leadership que l’équipe de développement (Conti) a depuis longtemps en Belgique et au-delà dans la détection des jeunes talents et leur développement, et redonner des capacités d’évolution à l’équipe féminine, car je chapeaute ces trois membres de la même famille. En ce début de saison, alors que je viens d’arriver, je suis encore dans l’observation pour comprendre tous les process, mieux connaitre les gens, proposer des idées et inciter tous mes collaborateurs à en faire de même.

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