Avant de rejoindre le LOSC à 9 ans, le champion du monde 2018, Benjamin Pavard a grandi à la frontière franco-belge, en périphérie de Maubeuge, et fait ses débuts en crampons à l’US Jeumont.
Seize ans avant de soulever la France en marquant le but de sa vie, en 8èmes de finale de Coupe du monde face à l’Argentine, Benjamin Pavard frappe à la porte de l’US Jeumont. Il n’a que 6 ans et suit son père, Frédéric, qui sera aussi son premier éducateur pendant deux saisons, entre 2002 et 2004, chez les débutants, après avoir réalisé une carrière amateur du côté de Maubeuge, en D3 (aujourd’hui National), au milieu des années 80.
Pendant trois saisons, c’est donc entre les trois stades de la ville du Nord, Désiré Mathez, Jacques Cordier et Estiennes D’Orves, que Benjamin va faire ses premiers entraînements, délivrer ses premières passes, s’astreindre aux premières exigences collectives. A 6 ans, c’est un joueur à l’état brut qu’ont vu arriver Fabrice Denhez et Sullivan Skiba, qui faisaient partie de l’encadrement de la catégorie.
« Il était timide, un bon gamin, pas forcément au-dessus des autres physiquement mais, dès qu’il entrait sur le terrain, il se transformait et n’hésitait pas à prendre ses responsabilités. »
Pavard, un enfant timide
Si on ne se remet jamais vraiment de son enfance, le « Petit Ben » ou la « Crevette » de l’USJ a conservé la même personnalité contrastée, aussi discret hors football que guerrier sur les pelouses, et toujours prêt à… prendre ses responsabilités même, et surtout, pour tenter une improbable reprise de volée à la réception d’un centre au second poteau !
« On sentait qu’il avait quelque chose en plus. Il était passionné et réceptif, il analysait bien les situations et comprenait plus vite que les autres. » Son premier éducateur n’oublie pas non plus sa capacité à s’adapter, déjà, à diverses situations. « Il jouait milieu axial en foot à sept, mais en étant capable d’évoluer à tous les autres postes. »
Défenseur central à Stuttgart ou au Bayern, défenseur latéral en équipe de France, sa polyvalence vient d’aussi loin que ses premiers gestes techniques « avec une qualité principale, sa frappe de balle et une qualité de passe largement au-dessus de la moyenne pour son âge » qu’il perfectionnera ensuite en passant au foot à onze en arrivant au LOSC en 2005 juste avant ses 10 ans.
À Lille à 10 ans
Il faut dire qu’il avait pris un peu d’avance en participant régulièrement à des entraînements des catégories supérieures, en s’échauffant même souvent avec les seniors du club qu’il venait voir jouer dans les pas de son père. Selon son premier coach, dans les exercices de conservation du ballon, il était au niveau des adultes.
Et lorsqu’il lui arrivait de manquer une passe, le coach et paternel n’était jamais loin pour le rappeler à l’ordre. C’est avec l’exigence de l’ancien défenseur de Maubeuge bien chevillée au corps que Benjamin a gravi ensuite tous les échelons.
Le petit club de Jeumont en profite
S’il n’est finalement resté que trois ans à Jeumont, le natif de Maubeuge y est définitivement associé depuis son titre de champion du monde et le retour triomphal qui a suivi à la Gare numérique devant 6000 des 10 000 habitants de la commune. Pour le maire de l’époque, Benjamin SaintHuile, « Pavard à Jeumont, c’est un peu la nouvelle du siècle ! » Quelques jours avant, c’est l’actuel président de l’US Jeumont, Hamza Farchich, qui avait été invité avec trois licenciés de son club à assister à la cérémonie en l’honneur des Bleus au Palais de l’Elysée.
Il ne se doutait pas que dans la foulée le nombre de demandes d’inscriptions allait exploser… jusqu’à de jeunes africains souhaitant rejoindre le club et la ville de Pavard ! Depuis, dire que les Jeumontois se sont identifiés à l’international français est un euphémisme.
Pas de stade à son nom, pour des raisons politiques ?
Même s’il lui a aussi été reproché de ne pas en faire assez pour la ville où tout a commencé et où il revient régulièrement visiter ses parents, Frédéric et Nathalie, sa mère, secrétaire médicale à la retraite, qui lui avait interdit de céder à la mode des cheveux colorés, lui préférant ses bouclettes qui allaient donner au GO des Bleus, Adil Rami, l’idée de l’appeler « Jeff Tuche ».
Dans l’euphorie de la victoire de 2018, après avoir un temps envisagé de débaptiser le stade Désiré Mathez, du nom de l’ancien maire de la commune, pour l’appeler stade Benjamin Pavard, Benjamin Saint-Huile a abandonné l’idée devant la résistance affichée par certains habitants pas franchement emballés par cette perspective. En même temps, allez savoir, c’est aussi peutêtre pour ça que l’ancien plus jeune maire d’une ville de plus de 10 000 habitants (24 ans) n’a pas été réélu en 2022.