Depuis l’invasion russe en Ukraine, le pays vit dans la torpeur. Mais la sélection ukrainienne, malgré les immenses difficultés, s’est qualifiée pour l’Euro. Elle se battra avec ses armes et compte sur Alex Len (Sacramento) et Svi Mykhailiuk (Toronto), les deux seuls représentants ukrainiens (il n’y a aucun Russe cette saison…) en NBA.
Cela fait déjà plus de deux mois que la guerre sévit en Ukraine. Les offensives russes s’intensifient. Récemment, Alex Len de Sacramento (28 ans, 570 matches NBA au compteur depuis 2013 entre Phoenix, Atlanta, Toronto, Washington et Sacramento, 7,7 points, 5,9 rebonds, 1 contre pour 18,9 minutes de moyenne) et Svi Mykhailiuk de Toronto (24 ans, 220 matches au compteur depuis 2018 entre les Lakers, Detroit, OKC et Toronto, 6,6 points, 1,8 rebond, 1,4 passe pour 17 minutes de moyenne), les deux seuls joueurs ukrainiens présents en NBA, sont tous les deux sortis de leur silence.
Ils ont à travers un communiqué sur les réseaux sociaux « condamné » l’invasion russe : « Une grande tragédie s’abat sur notre chère patrie l’Ukraine », condamnant « catégoriquement la guerre. L’Ukraine est un état souverain habité par des personnes qui veulent décider de leur propre destin. Nous espérons que cette terrible guerre prendra fin le plus rapidement possible. Chers compatriotes ukrainiens, tenez bon ! Notre force est dans l’unité. Nous sommes avec vous ».
A l’évocation de ces deux noms illustres du basket ukrainien, Viacheslav Petrov (27 ans), en pige à Antibes (Viacheslav Bobrov a lui rejoint Nanterre et Denys Loukashov Nancy), est dithyrambique :
« Ils sont évidemment deux joueurs de très haut niveau. Intégrer la NBA est très difficile. Ils ont franchi des caps successifs pour se retrouver aux Etats-Unis. Avoir des joueurs de cette envergure ne peut que renvoyer une image positive sur la sélection ukrainienne. Et même sur la popularité du basket dans le pays en général. Mais comme pour beaucoup de joueurs évoluant en NBA, leur présence en sélection n’est pas automatique ».
Volkov et Potapenko, les précurseurs
Concernant la situation politique terrible, Viacheslav Petrov est sur la même longueur d’ondes que ses deux compatriotes. Le quotidien stressant hante les esprits…
« J’avoue que ces temps-ci, c’est très compliqué de ne penser que basket. La situation de notre pays est tellement préoccupante. Avant de commencer un entraînement, j’ai pour habitude de vérifier les nouvelles sur mon téléphone. Ma femme et ma fille sont avec moi en France. Les proches de ma compagne sont en Ukraine. Ce n’est vraiment pas facile. On se demande bien comment la situation va évoluer ».
Après son indépendance en 1991, l’Ukraine a participé pour la première fois à une grande compétition internationale en 1997 aux Championnats d’Europe (13ème). L’âge d’or du basket ukrainien remonte à peu près à dix ans. « C’était en 2013, rappelle l’intérieur d’Antibes. L’Ukraine avait fini 6ème de l’Euro. Le meilleur moment de la sélection en termes de résultats. A cette époque, l’Ukraine s’était même qualifiée pour la Coupe du monde (18ème en 2014, Ndlr) ».
Par le passé, de grands joueurs ukrainiens ont même marqué l’histoire de leur pays comme Sergii Gladyr qui a fait les beaux jours de Monaco dont il est aujourd’hui l’entraîneur adjoint : « Il a magnifiquement représenté le pays et a évolué dans de grands clubs européens en Espagne (Manresa, Ndlr), en France (Nanterre, Nancy, Monaco, Ndlr) ».
Volkov le premier ukrainien à intégrer la NBA
On pourrait aussi citer Alexander Volkov, premier ukrainien à avoir évolué en NBA (149 matches entre 1989 et 1992 avec Atlanta) et Vitaly Potapenko surnommé le « train ukrainien ». Il a été un des premiers ukrainiens à avoir joué en NBA (ex-pivot de Cleveland, Boston, Seattle, Sacramento). Il avait même été drafté en 1996 par les Cavaliers (12ème) devant un certain Kobe Bryant !
L’Ukraine est actuellement 32ème au classement FIBA. Comment juger son réel niveau ? Petrov : « L’équipe est composée de bons joueurs. On ne peut pas malgré tout dégager une star plus qu’une autre. Je préfère parler de force collective. On fonctionne plus en équipe. Certains ont certes plus d’expérience que d’autres. Parmi eux, des joueurs se frottent aux Coupes d’Europe. D’autres ont évolué à Prometey, un très bon club. Le staff technique est également performant. La sélection est d’ailleurs qualifiée pour le prochain Euro. On pourrait faire encore mieux. On est sur la bonne voie ».
Quid des ambitions des Jaune et Bleu pour l’Euro en septembre prochain pour sa 9ème participation ? « C’est difficile de se prononcer en raison de la situation que notre pays traverse actuellement. On ne sait pas trop comment on se préparera pour cette épreuve. On ne sait pas non plus trop à quoi ressemblera notre équipe. Certains joueurs sont en Ukraine, d’autres sont dans des clubs européens. Une chose est certaine : l’unité ukrainienne prévaut ». Cette sélection, si elle est en mesure de défendre ses chances, sera digne, courageuse et solidaire. A l’image de son peuple.