Dauphin de Jonas Vingegaard en 2022, Tadej Pogacar n’a pas réussi la passe de trois consécutives. Après ses succès en 2020 et 2021, le leader d’UAE Team Emirates veut retrouver sa tunique jaune, même si sa chute sur le dernier Liège-Bastogne-Liège l’a contraint à changer sa préparation et ses plans. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.
Comment avez-vous préparé cette nouvelle édition du Tour de France ?
Je vais bien, c’est le principal. Après ma chute sur Liège-Bastogne-Liège, j’ai dû me reposer avant de repartir à l’entraînement pour me préparer au mieux pour les trois semaines de la course. J’avais déjà fait du home-trainer quelques semaines avant de reprendre l’entraînement sur route. Je n’ai pas voulu me précipiter pour retrouver la compétition. J’ai pu ainsi aller en Sierra Nevada pour un camp d’entraînement un peu plus intensif. J’ai voulu vraiment profiter du soutien de mes coéquipiers et de mon équipe au maximum pour retrouver mes sensations sur le vélo.
J’ai pu enchaîner les heures, tout en continuant à me soigner. On a fait un gros travail en peu de temps. J’ai pu ainsi gagner du temps. J’avais pour ambition de reprendre la compétition sur route lors de mes championnats nationaux, en Slovénie, sur le contre-la-montre puis la course sur route, avant de penser au Tour de France puis les Mondiaux. Même si j’ai dû décider de ne pas aller sur le Tour de Slovénie. J’avais besoin d’être focus sur moi-même et l’entraînement avant de rebasculer sur la compétition.
Comment avez-vous vécu cette première grosse blessure de votre carrière, au poignet, après votre chute sur Liège-Bastogne-Liège ?
Je n’ai pas spécialement été traumatisé. Après Liège, je me suis contenté de récupérer. J’étais chez moi. J’ai ensuite repris l’entraînement à domicile, sur mon home-trainer, la deuxième semaine pour une reprise progressive. J’ai fait beaucoup de kiné les semaines après ma chute pour récupérer rapidement. Je pense qu’on attendait d’abord les résultats des scans avant de penser à la suite de ma préparation pour le Tour. J’ai pu sentir que ça allait mieux pour repartir sur la route m’entraîner.
Vous restez toujours positif sur votre condition et vos capacités. Mais comment pensez-vous vivre le Tour de France si vous n’êtes pas à 100 % ?
Si vous n’êtes pas à 100 % sur le Tour et surtout si vous visez la victoire finale, comme moi, vous n’allez pas vraiment apprécier la course. Heureusement, je me sens à 100 %. Le poignet peut-être pas autant, mais les jambes sont toujours là et elles répondent bien aux entraînements. Je n’ai pas besoin de me préoccuper. On verra durant la course, mais je pense que je vais vraiment l’apprécier.
« Je me sens a 100 % »
N’est-ce pas un risque que d’arriver sur le Tour sans réelle course ?
C’est un risque qu’on a pris. Il le fallait. J’ai préféré prendre le temps de revenir en forme au lieu de brusquer ma décision. L’équipe et moi assumons. Pour le moment, les douleurs peuvent encore être présentes. J’ai pu enchaîner les heures sur mon vélo. Le dos et le poignet me font quelquefois souffrir, mais j’ai déjà pu me tester en mettant du rythme, je suis confiant. Je sais que les jambes sont bonnes. D’habitude, j’aime avoir une course dans les jambes avant un grand rendez-vous, mais ce n’était pas le cas.
On a bien pris en compte que le Tour, c’est trois semaines de course. Ce sera intense dès le départ et quelquefois ce peut être un avantage d’avoir de la fraîcheur. J’aurai tout de même deux jours de course. Je ne suis pas inquiet pour autant. J’ai été bien entouré et notamment par les kinés de l’équipe qui sont venus à Monaco. Ça m’a donné un boost de motivation. On m’a permis de me retrouver rapidement sur la route. Je ne peux pas oublier ma copine qui m’a aussi soutenu durant les moments difficiles, ainsi que mes proches, mes amis et ma famille.
Comment voyez-vous la première semaine de course et le Grand Départ à Bilbao ?
Les deux premières étapes sont superbes. Elles me motivent. Ce sera un grand départ. Je préfère ce genre d’étapes à des étapes de plat comme cela avait été le cas auparavant. On va pouvoir jauger tout de suite des forces en présence. Ensuite, ce sera moins stressant pour le podium. Il faudra aller à fond tout de suite. J’ai hâte d’y être. C’est le genre de départ que j’adore.
« J’aurais bien aimé voir Remco (Evenepoel) sur le Tour »
Beaucoup attendent de vous voir un jour vous mesurer sur le Tour de France avec Remco Evenepoel ou encore Primoz Roglic qui vient de remporter le Giro. Comment voyez-vous cette possibilité ?
Tout d’abord, je pense que Remco aurait pu se battre jusqu’au bout sur le Giro sans son abandon. C’est un champion du monde. Il avait le maillot du leader. Après, on ne réécrit jamais l’histoire. J’aurais bien aimé le voir sur le Tour. Cela aurait été une course de haut niveau. C’est la même chose pour Primoz. Mais Jumbo-Visma possède un autre leader avec Jonas (Vingegaard). Roglic l’était sur le Giro. Pour eux, c’est la meilleure des situations. On verra sur la Vuelta si on y va tous.
Pensez-vous que votre blessure pourrait avoir un impact sur les trois semaines de compétition du Tour de France et votre manière de courir ?
Tout d’abord, j’ai pris le temps avant de repartir sur la route. Je ne voulais pas brûler les étapes de ma récupération. J’ai poussé l’équipe à me faire rependre vite. Cependant, je ne voulais pas mettre plus pression sur mon poignet. J’ai juste fait quelques heures avec une protection. Maintenant, j’ai différentes protections pour que j’aille de mieux en mieux.
Je fais attention et je prends mes précautions à chaque fois que je suis sur un vélo. Je sens bien que ma main droite se développe au fur et à mesure des semaines et que cela a créé un petit déséquilibre. Heureusement, les kinés font en sorte que cela ne soit pas trop le cas. J’ai de plus en plus de mobilité. Je n’ai plus de douleurs, c’est le principal. Forcément, sur la course, je vais avoir encore besoin de soins, mais il faudra prendre des risques pour gagner encore en mobilité.