En réussissant un doublée impressionnant Giro-Tour, Tadej Pogacar s’est définitivement invité à la table des légendes. Heureux de sa performance, le leader d’UAE Team Emirates prend déjà rendez-vous pour d’autres exploits.
Comment vous sentez-vous après avoir remporté le Tour de France ?
(Sourire) Je suis super content. Je ne peux pas décrire à quel point je suis heureux. Après deux ans sans remporter le Tour, à cause de certaines erreurs, cette année, tout a été parfait. Je suis de retour au sommet de mon sport.
Vous sentiez-vous imbattable ?
C’est la première fois, le premier grand Tour où je me suis senti en confiance au quotidien. Même sur le Giro, cette année, j’ai connu une mauvaise journée. Mais je voulais tellement cette victoire sur ce Tour. Cette édition a été incroyable. J’en ai profité depuis le premier jour. J’ai eu un grand soutien. Je voulais vraiment savourer chaque moment.
Etait-ce important de le prouver par autant de victoires d’étapes (5) ?
Si on m’avait dit cela avant le Tour, je ne l’aurais pas cru. Je suis content de ce que j’ai réussi. Je ne peux que remercier le travail accompli par mon équipe.
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Qu’est-ce qui a changé par rapport à l’an passé ?
Il y a un an, je revenais de blessure (au poignet, Ndlr), ça ne m’avait pas permis de m’entraîner comme j’aurais voulu pour le Tour de France. J’avais repris la compétition tardivement. Cette année, j’ai touché du bois chaque jour. Tout s’est passé comme je le voulais. J’ai pris du plaisir sur le vélo. J’ai fait une bonne préparation. Ça m’a permis d’avoir un bon calendrier. Je me suis senti bien sur le vélo. L’expérience de l’an passé m’a fait grandir.
En réussissant à remporter le Giro puis le Tour de France vous permet d’être définitivement une légende du cyclisme. Qu’est-ce que cela signifie à vos yeux ?
C’est incroyable. Je n’y avais jamais pensé avant. Peut-être que certaines personnes vont minimiser mes victoires, notamment sur le Giro, mais en remportant déjà le Tour d’Italie, c’était quoi qu’il arrive sans le Tour de France, une année exceptionnelle. Cependant, gagner le Tour, c’est un autre niveau. Je suis très heureux et fier de l’avoir.
« L’expérience de l’an passé m’a fait grandir »
Que peut-on attendre maintenant de vous pour la suite ?
J’ai vu que Van der Poel était plutôt pas mal avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules. J’espère lui reprendre dès cette année. Je veux vraiment avoir cette chance de remporter les championnats du monde et porter ce maillot si particulier. Je sais que j’ai encore le temps pour y arriver.
Etait-ce important d’avoir des adversaires comme Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel pour donner un autre sens à ce succès sur le Tour ?
Sur les deux dernières années, on a beaucoup dit que l’on vivait les meilleures années du vélo. Les plus compétitives et relevées. Je peux le confirmer quand je regarde le talent présent dans ce peloton. C’est le plus haut niveau que je n’ai jamais connu.
Surtout pour aller remporter le maillot jaune. C’est incroyable de pouvoir se mesurer et battre des coureurs comme Jonas, Remco ou encore Primoz (Roglic). Il y a encore de jeunes coureurs qui arrivent. Il y aura encore de belles années à venir.
Avez-vous été surpris par le premier Tour de France de Remco Evenepoel ?
J’ai toujours apprécié le regarder courir à la télé. Il est toujours à fond dans ce qu’il fait. Il ne ménage pas ses efforts. On a pu le vérifier sur le Tour. On a finalement fait une grande épreuve ensemble. J’ai énormément de respect pour lui. Il est lui-même respectueux de tous les coureurs. J’adore courir contre lui. C’est un coureur qui a la classe.
Tadej Pogacar a repoussé ses limites sur le Tour de France
Pensez-vous avoir été plus fort que les années précédentes, notamment en montagne ?
On a pu le voir durant la course. Jonas Vingegaard a su prouver qu’il était prêt et il m’a poussé dans mes limites. J’ai atteint des chiffres de performance que je n’avais jamais réussis auparavant. Le cyclisme permet toujours de repousser ses limites. Il y a six ans quand je suis arrivé dans l’équipe, je ne me serais pas cru possible d’aller aussi loin.
Si je compare ma première année avec la Vuelta et cette saison, ça n’a rien avoir. J’étais encore un peu amateur. J’ai fait en sorte de mettre toutes les chances de mon côté pour avoir ce niveau de performance. Que ce soit avec les plans d’entraînement, la technologie, la nutrition, les camps d’entraînement… On arrive à travailler comme il faut pour être le meilleur.
Il y a aussi des équipes comme INEOS, Visma ou Trek qui permettent de nous dépasser. On peut atteindre de nouvelles limites. On a réussi à grimper comme jamais cela n’a été fait. On peut le répéter chaque année. Si on se focalise sur chaque détail, on va encore repousser nos limites.
Les vélos sont différents avec un gros développement sur les roues et les pneus. L’aérodynamisme a pris aussi une autre dimension. C’est impressionnant pour moi de voir comment cela a déjà changé en six ans.