Vainqueur du Tour de France en 2020 et 2021, Tadej Pogacar veut renouer avec le maillot jaune. Mis en confiance par sa démonstration et sa victoire sur le Giro, le Slovène fait du doublé son objectif majeur. Une performance rare qui n’a pas été réalisée depuis 1998 et Marco Pantani !
Le fait d’avoir de l’avance sur le Giro vous a-t-il permis de démarrer plus rapidement votre récupération en vue du Tour de France ?
C’était important d’être tout de suite en tête du général. Ça m’a permis de faire une dernière bonne semaine sans pression inutile. Je n’ai pas eu à trop puiser d’énergie, mais il y avait une dernière semaine à faire, et c’était important d’être focus chaque jour pour réussir le meilleur résultat.
Devenez-vous de plus en stratégique au fil des ans et avec votre expérience ?
Je sais que je peux avoir cette capacité à prendre de l’avance et à gérer les évènements. Je m’adapte toujours en fonction des circonstances mais, dans le vélo, tout n’est jamais écrit à l’avance.
Avez-vous été surpris par vos performances sur le Giro ?
J’ai réussi de belles prestations en haute montagne, mais il est difficile de comparer par rapport à ce que j’avais fait par le passé. Les sensations étaient bonnes et j’ai le sentiment d’avoir réussi l’une de mes plus belles courses de ma carrière. J’étais vraiment content de mes jambes durant ce Giro.
Ce Giro fait-il partie de vos plus belles victoires ?
Remporter de belles étapes, c’est le rêve de n’importe quel coureur. Alors le faire sur une grande épreuve comme le Giro, c’est incroyable. J’ai remporté de grandes victoires dans ma carrière et c’est difficile de faire une hiérarchie surtout quand on remporte par le passé des courses comme le Tour de France ou des Monuments comme le Tour des Flandres, le Tour de Lombardie ou Liège-Bastogne-Liège.
C’est toujours spécial aussi de remporter une étape-reine sur un grand Tour. Ce sont généralement les grands noms qui le font et je suis évidemment heureux d’en faire partie maintenant.
À LIRE AUSSI : toute l’actualité du cyclisme dans votre mag
« On ne peut pas comparer le Tour et le Giro »
Avez-vous été surpris par le soutien dont vous avez bénéficié sur ce dernier Giro ?
Sans les fans, le vélo ne serait pas aussi passionnant. Il n’y aurait pas tout ce qui fait son charme. Même pour les suiveurs et journalistes, ce ne serait pas pareil. Ils font partie du spectacle et de la volonté de se dépasser. Sur le Giro, j’ai connu une expérience incroyable. Ils ont crié mon nom pendant de nombreux kilomètres. C’était incroyable, surtout dans les montées finales. Les fans vous donnent de la motivation en plus. Ça permet de dépasser ses limites.
Pensez-vous que ce Giro vous a redonné la confiance dont vous aviez besoin avant de vous rendre sur le Tour de France ?
Je n’avais jamais fait auparavant le doublé Giro-Tour. On m’a toujours dit que si on finit bien le Giro, la récupération se fait plus facilement. J’espère avoir vraiment de bonnes jambes sur le Tour de France. Je vais tout faire pour que ce soit le cas et que je puisse viser le doublé. Je sais que j’ai pu finir le Giro en grande forme, avec le moral au top. C’est relaxe pour aborder la suite maintenant. J’ai pu me concentrer sur mes entraînements, ma récupération et la reconnaissance du Tour. Il est évident que la confiance est au rendez-vous avant de penser au Tour de France.
Qu’avez-vous retenu de votre premier Giro après avoir déjà connu le Tour et la Vuelta ?
Ces quatre dernières années, je n’avais toujours fait que le Tour de France. Il est normal d’arriver sur le Giro et de penser à comparer. Mais ce n’est pas possible. Ce sont des courses totalement différentes. Que ce soit le parcours, les caractéristiques, les difficultés, le moment de l’année, les fans, l’organisation… C’est différent. Je suis heureux d’avoir pu découvrir le Giro cette année avec la réussite que j’ai pu avoir. Je suis un peu surpris, mais je suis heureux d’avoir pu m’exprimer comme je le voulais.
Pogacar en route pour le doublé
Auriez-vous cru possible d’avoir le maillot rose pendant 20 jours, presque autant que le maillot jaune, en 4 participations sur le Tour de France ?
(Sourire) C’était un rêve d’avoir ce maillot rose qui est tout aussi mythique. Prendre ce maillot dès le 2ème jour, c’était un moment incroyable. J’ai pu apprécier de le défendre au quotidien en Italie. Ça m’a donné de la motivation pour ne rien lâcher. J’ai pris tôt ce maillot et ça m’a tout de suite apporté une force supplémentaire. Je ne voulais pas le laisser à la concurrence.
Après avoir remporté les Strade Bianche, le Tour de Catalogne, Liège-Bastogne-Liège et le Giro, peut-on imaginer que vous êtes dans la plus belle forme de votre carrière aujourd’hui ?
Il est vrai que ça peut y ressembler. Mais je ne veux pas oublier ce que j’avais fait auparavant et qui m’a permis de remporter le Tour de France. On verra dans quelques années seulement quelle place aura cette année dans ma carrière, mais il y a encore de nombreuses courses à aller chercher.
Pensez-vous avoir l’équipe capable de vous aider dans vos prochains objectifs ?
J’ai déjà pu apprécier son travail sur le Giro que ce soit avec Juan Sébastian Molano ou encore Rafal Majka qui me connait par cœur. Ils ont effectué un travail d’équipe incroyable. Ils ont su m’aider pour atteindre mes objectifs. Sans une grande équipe, on ne peut rien faire tout seul. Tout a été parfait. Je suis super heureux d’avoir pu aussi finir le travail. C’est une sensation incroyable et un souvenir inoubliable que de pouvoir le partager avec eux.
Si j’ai pu garder aussi longtemps le maillot rose depuis la 2ème étape, c’est que j’ai été bien entouré. Je sais qu’il y a de grands coureurs dans l’équipe capables d’être une aide précieuse. Dans les rues de Rome, c’était incroyable de partager l’engouement des fans et célébrer cette victoire comme il le fallait.