A 26 ans, l’arrière droit entame sa 10ème saison à Dunkerque, son club de toujours. En course pour le titre de meilleur buteur du championnat, le n°59 (il est né à Lesquin) rêve toujours des Bleus. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.
La 6ème ou 7ème place, est-ce l’objectif cette saison ?
On a fini 8ème la saison dernière en ayant eu trois demis centre blessés toute la saison. Avec le recrutement, l’objectif est de finir entre la 5ème et la 7ème place.
Le départ (surprise) mi-septembre de votre gardien et capitaine Samir Bellahcene pour Kiel n’a-t-il pas perturbé l’équipe ?
Surprise ? Oui et non, parce que le fait qu’un international français qui finit meilleur gardien du championnat parte, ce n’est pas étonnant. Ça s’est fait juste après le premier match. C’est sûr qu’avoir Samir dans l’équipe, ça permet toujours de sécuriser un certain nombre d’arrêts. Mais, quand il est parti, Valentin (Kieffer) a été plutôt bon. Les trois premières journées, il était même le meilleur gardien du championnat.
On a aussi récupéré un gardien (Simon Sejr, Ndlr) dans la semaine qui a suivi et on sait que c’est toujours plus facile de s’adapter avec un nouveau gardien qu’avec un nouveau demi-centre. Après, c’est sûr, quand on a un des meilleurs gardiens français qui part, ça laisse forcément un vide, mais ça n’a pas été non plus un fossé aussi grand que tout le monde le dit.
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A titre personnel, on a l’impression que vous avez franchi un cap cette saison.
Tout le monde me le dit. J’ai toujours pris le jeu comme il venait sans jamais trop forcer les choses. Le facteur Jean-Luc Faustin aide beaucoup (sourire). L’année dernière, on n’avait pas de demi-centre donc c’est plutôt moi qui étais à la création. Là, c’est plus facile de déléguer la création à Jean-Loup. Avoir un demi-centre qui court partout, tout le temps, pendant 60 minutes et souvent au [bon endroit, ça permet aux coéquipiers de mieux s’adapter…
… Et de marquer des buts. D’ailleurs, terminer meilleur buteur du championnat est-il dans un coin de votre tête ?
Ça m’arrive de regarder le classement, mais concurrencer Syprzak et tous les scoreurs qu’il y a dans le championnat, c’est difficile. Je fais mon truc, je sais que je suis capable de marquer. En ce moment, les penaltys me réussissent plutôt bien, mais c’est difficile de se projeter sur le long terme. C’est une ambition personnelle qui finalement ne rapporte pas grand-chose à la fin. Avoir le meilleur buteur du championnat, ça aide toujours son équipe, mais ça reste juste des chiffres et ça ne se transforme pas en titre.
Vous avez récupéré le brassard de capitaine après le départ de Samir. Ce doit être une fierté.
Je suis dans le club depuis longtemps et j’ai toujours dit les choses. J’ai été deux ans vice-capitaine donc ça s’est fait naturellement et c’est vrai que c’est une fierté.
On va fêter les 10 ans du seul titre de champion de France de Dunkerque. Qu’est-ce qui est prévu et quels souvenirs en gardez-vous ?
Malheureusement, je suis arrivé la saison juste après. J’aurais bien voulu gratter un titre de champion en étant au centre de formation (rires). Cette saison, lors de tous les matches à domicile, il y a un joueur qui a été champion de France qui vient au match et qui est mis à l’honneur. C’est important de ne pas oublier ceux qui ont fait briller le club.
« Etre le meilleur buteur du championnat, ça ne donne pas un titre »
En 2014, vous étiez donc au centre de formation de Dunkerque.
J’étais au pôle espoir. On s’entraînait l’après-midi et, juste avant de retourner à l’internat, on allait dans la salle des pros regarder les entraînements. A l’époque, les matches étaient la semaine et étant à l’internat on ne pouvait pas les voir en direct. C’était frustrant de voir une équipe qui performait, de la voir s’entraîner et de ne pas pouvoir aller aux matches. Du coup, on a suivi ça de loin. Mais c’était incroyable de s’entraîner à 10 mètres d’eux !
Ce qui serait sympa, ce serait de gagner un trophée cette année pour fêter cet anniversaire…
On a fait une finale de Coupe de France il y a quelques années (défaite 31-21 contre Chambéry en 2019, Ndlr). Le championnat est dense mais, sur une compétition comme la Coupe de France, où tous les matches sont couperets, il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer. Il faut prendre les matches un par un et voir ce que ça donne à la fin en espérant un tirage favorable (Dunkerque affrontera Sélestat en 8èmes, Ndlr).
C’est votre 10ème saison au club. N’avezvous pas songé à partir pour jouer la Coupe d’Europe ?
J’ai signé trois contrats, un long contrat (jusqu’en 2025, en décembre 2022, Ndlr). J’avais le choix pour des projets plutôt similaires. D’autres clubs qui étaient ambitieux et qui avaient besoin d’un arrière droit. Mais je ne voyais pas l’intérêt de changer de club, de quitter ma région, un club que j’aime, qui m’a forgé pour aller dans un club avec les mêmes ambitions et loin de chez moi et peutêtre même moins bien placé dans la course parce que je trouve que dans les équipes qui sont, entre guillemets, dans le ventre mou, derrière Toulouse et Nîmes, on est l’équipe la mieux placée pour embêter les plus gros.
« Je ne vais pas quitter Dunkerque pour un club avec les mêmes ambitions »
Imaginez-vous faire toute votre carrière à Dunkerque ?
Pas forcément. L’objectif, c’est de jouer une Coupe d’Europe avec Dunkerque. Après, beaucoup de choses peuvent se passer. Si je suis bon et qu’il doit se passer des choses, il se passera des choses. Il ne faut pas vouloir partir à tout prix ou rester à tout prix. Il faut savoir ce qui est le meilleur pour soi. C’est toujours une question d’équilibre.
Vous étiez dans une liste élargie pour l’Euro 2019. Pensez-vous toujours à l’équipe de France et à fêter votre 1ère sélection ?
Une liste élargie, ça ne veut rien dire. Ce qui parle, c’est le terrain et je n’ai pas été sur le terrain. C’est néanmoins dans un coin de ma tête, dans un bon quart de ma tête, voire une bonne moitié. Le meilleur, c’est l’équipe de France et j’ambitionne de pointer le bout de mon nez à un moment.
N’avez-vous pas été déçu de ne pas avoir été appelé pour le match du 4 novembre contre la Roumanie alors que vous étiez le meilleur buteur de championnat ?
C’est sûr que la liste était élargie… Il y avait un petit espoir. Malheureusement, la concurrence chez les gauchers est énorme. Quand on voit tous les noms, tous les joueurs et tout le talent qu’il y a… Cette année, il y a beaucoup d’échéances avec une compétition cet hiver (l’Euro, Ndlr) et les JO cet été. On verra si, en continuant d’être performant, il y a quelque chose de beau.
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Les JO sont donc dans un coin de votre tête.
Oui, malheureusement avec les nouvelles règles, on ne peut mettre que 14 joueurs sur les feuilles de matches donc ça fait encore moins de joueurs. Et quand on n’est pas sur une liste à 27, c’est difficile de l’être sur une liste à 20… On verra ce que la saison réserve…
Il y a un an et demi, Samir n’était pas en équipe de France, aujourd’hui il est dans le meilleur club du monde et il va peut-être faire des compétitions internationales. Beaucoup de choses peuvent se passer en une saison. Dans ma tête, je dois jouer mon jeu, continuer à m’amuser et à être performant, toujours plus performant et on fera les comptes à la fin.
Le fait de ne pas jouer de Coupe d’Europe n’est-ce pas un handicap ?
Quand on voit les joueurs de l’équipe de France et au niveau où ils évoluent, c’est toujours intéressant de jouer la Coupe d’Europe avec des oppositions de très haut niveau. Mais, en France, on est quand même un des deux plus gros championnats du monde. Un championnat très dense avec des scores un peu fous toutes les semaines et où tout le monde peut embêter un peu tout le monde. On affronte de la densité et de la qualité à chaque match.