Il est toujours plus difficile, pour un joueur comme Xavi qui revient dans un club où il a tout gagné, de réussir une seconde fois, surtout en endossant le rôle d’entraîneur. Et encore plus au Barça, quand il s’agit d’assumer l’après Messi…
Il l’a dit lui même, le jour de son intronisation sur le banc catalan : « C’est le plus grand défi de ma carrière ! » D’abord parce qu’il concerne l’un de ses joueurs les plus emblématiques, assis sur un palmarès XXL (8 championnats d’Espagne, 4 Ligues des Champions, 1 Coupe du monde et 2 Euros) et 767 matches en Blaugrana.
Ensuite parce qu’il n’est qu’un entraîneur débutant dont l’expérience se limite à ses deux années à Al Sadd SC, au Qatar. Pas vraiment une référence, juste une entrée en matière en pente douce pour se former, et attendre son tour.
Xavi veut relever son grand défi
Enfin parce qu’il s’agit du Barça, un club qu’il n’a pas hésité à qualifier « de meilleur club du monde » quitte à se mettre une énorme pression sur les épaules en précisant « que le meilleur club du monde devait gagner. Il ne peut pas faire match nul ou perdre ! »
Le cadre est posé. En revenant, six ans après, dans son seul et unique club (nonobstant ses deux dernières saisons anecdotiques au Qatar), Xavi a certainement ravi les supporteurs, et assouvi un vrai désir, mais il ne s’est certainement pas facilité la tâche pour autant.
« Le risque, quand on revient dans un club où on a connu beaucoup de réussite, c’est de penser que ça va continuer, qu’il suffit de revenir pour retrouver les mêmes recettes qui avaient donné les mêmes succès, explique Denis Troch, l’ancien adjoint d’Artur Jorge au PSG et entraîneur d’Amiens, Laval, Troyes ou Le Havre, devenu préparateur mental. Parce que ça ne marche pas comme ça, il faut au contraire faire abstraction de tout le passé pour avoir une chance de réussir son présent. »
Xavi a besoin de temps pour construire son Barça
Voilà la principale difficulté qui attend l’ancien compère de Iniesta et Messi; considérer que son passé glorieux ne peut lui être d’aucune utilité dans sa manière de gérer l’équipe.
« Cette thèse vaut pour un joueur qui revient en fin de carrière ou quelques années après, elle est encore plus vraie pour un ancien joueur qui revient comme entraîneur avec forcément, un club qui n’est plus le même, des joueurs qui ont changé, et un rôle qui n’a plus rien à voir… »
Pour Xavi, le défi est même double lui qui arrive avec la casquette de l’ancien champion du monde et d’Europe dans le club où il a tout gagné, mais qui n’a clairement plus les moyens de ses ambitions.
Pour compliquer sa tâche, il n’arrive pas au meilleur moment, en cours de saison et en pleine crise financière, sans possibilité de recruter cet hiver. Cerise sur le gâteau, il doit faire sans le duo Messi-Agüero sur lequel comptait son prédécesseur, Ronald Koeman.
Laporta et le Barça confiants
« Mais c’est peut-être mieux ainsi, souligne Paco Aguilar, journaliste au quotidien sportif catalan, El Mundo Deportivo, parce qu’il n’a pas d’autre choix que de miser sur les jeunes et donc s’appuyer sur ce qui a toujours fait la force du club, son centre de formation.
Il va donner sa chance aux produits de la Masia et si le travail a été bien fait en amont, il aura des résultats. Peutêtre pas tout de suite, mais à terme… en sachant que les supporteurs seront plus conciliants. Parce que c’est lui et parce qu’on ne peut pas tourner la page Messi du jour au lendemain. »
Pour se donner des raisons de croire en son destin, il n’a pas échappé à Xavi que les trois entraîneurs à avoir le plus gagné avec le Barça étaient aussi trois anciens joueurs, Cruyff (11 titres), Guardiola (14 titres) et Luis Enrique (9 titres). Lui se contenterait déjà d’un seul en 2022.
Sachant que le retard pris en Liga sera difficile à remonter et que la Ligue des Champions s’est arrêtée en phase de groupes (pour la première fois depuis 17 ans), une place sur le podium pour maintenir les Blaugranas parmi les grands d’Europe, avec un joli parcours en… Ligue Europa, semble un minimum qui ne sera pas simple à garantir à tous les socios.