Dans le monde du rugby français, beaucoup de joueurs attirent l’attention des médias et des fans, parmi eux, on peut citer Antoine Dupont, Damian Penaud ou encore Peato Mauvaka. D’autres joueurs comme Thomas Ramos restent souvent dans l’ombre malgré un talent exceptionnel.
Depuis le début de sa carrière, Thomas Ramos évolue dans l’environnement du Stade Toulousain où les stars sont nombreuses. Antoine Dupont, le meilleur joueur du monde, Romain Ntamack, l’ouvreur talentueux, et des avants comme Julien Marchand et Thibaud Flament attirent naturellement l’attention. Il est donc difficile de s’imposer au niveau médiatique et dans le coeur des fans, pour un Thomas Ramos plutôt discret en dehors des terrains. « Mais ce n’est pas quelque chose qui le préoccupe, souligne Sébastien Bézy, son ancien coéquipier au Stade Toulousain, lui son but, c’est de gagner avec l’équipe. Il est très compétiteur. »
« Son but, c’est de gagner, pas qu’on parle de lui »
Aujourd’hui, son armoire à trophées avec le club haut-garonnais est bien remplie : quatre championnats de France (2019, 2021, 2023, 2024) et deux Coupes d’Europe (2021, 2024). Il a d’ailleurs disputé chacune des finales, en étant même quatre fois titulaire. Mais, au début de son aventure avec le club rouge et noir en 2013, rien n’est blanc, il n’arrive pas à s’imposer, ni même à se montrer. Il dispute seulement six matchs en trois saisons. Après un prêt d’une saison à Colomiers en 2016/2017, où il sera élu meilleur joueur de la saison de Pro D2, le natif de Mazamet revient dans un Stade Toulousain en difficulté.
Les qualités de Ramos font la différence et il est titularisé à l’arrière par son entraîneur, malgré la concurrence de Cheslin Kolbe et de Maxime Médard au poste. Malgré cette titularisation, le jeune joueur reste très humble et se concentre sur son jeu. La saison 2017/2018 sera une réussite pour le club et le joueur. Toulouse échoue en match de barrage en Top 14 et le jeune Ramos finit troisième meilleur réalisateur du championnat de France avec 277 points inscrits. Depuis cette saison-là, le joueur de 29 ans s’est imposé comme titulaire quasiment indiscutable à l’arrière, « grâce à sa polyvalence entre le poste d’ouvreur et celui d’arrière, dû à son très bon jeu au pied. C’est un joueur qui aime organiser le jeu », explique le joueur de Clermont avant de poursuivre : « Pour moi, à Toulouse, c’est plus un 15. Ils aiment avoir un centre ou un arrière qui peut jouer 10 pour aider le vrai numéro 10, il peut soulager Romain (Ntamack) pour le jeu au pied ou dans l’animation. »
Un leader sur le terrain
Avec 1928 points inscrits avec les Rouge et Noir, l’arrière tarnais est devenu le meilleur réalisateur du club. Il marque l’histoire en dépassant Jean-Baptiste Elissalde et ses 1776 points, pendant un match historique, la finale du Top 14 2024, remportée 59-3 face à l’Union Bordeaux-Bègles. Ce record, prouvant son importance au sein du club, n’est que le symbole d’une année sur le devant de la scène pour lui.
Thomas Ramos a été mis sous les projecteurs avec Toulouse, mais aussi énormément avec le XV de France. L’absence d’Antoine Dupont, qui était concentré sur les Jeux Olympiques de rugby à 7 et les blessures de Romain Ntamack lui ont permis de prendre beaucoup de place au sein de l’effectif des Coqs. Lors du Six Nations 2024, Matthieu Jalibert est titularisé au poste d’ouvreur lors des trois premiers matchs, mais le Bordelais se blesse, ce qui pousse Fabien Galthié et son
staff à revoir leurs plans. C’est le début d’un nouveau rôle, avec les Bleus, pour Thomas Ramos. Titulaire en 10 au côté du jeune Nolann Le Garrec, ils forment une charnière inédite et Ramos prend une place de patron du vestiaire et on le ressent sur le terrain. La communication est un point fort de Thomas Ramos depuis les espoirs du Stade Toulousain. « C’est un joueur qui parle beaucoup sur le terrain, il veut que tout soit parfait. Il dit tout le temps ce qu’il pense, depuis qu’il est jeune. Parfois, c’est dur de parler, mais lui est toujours là pour ça. » Pendant la tournée d’Automne, il est encore placé à l’ouverture, au détriment de Jalibert, sa capacité à gérer le jeu et à prendre les bonnes décisions même sous pression font la différence. Même si Ramos, lui, se considère comme un arrière et veut en rester un, comme il l’a dit au micro de RMC. « Aujourd’hui, ce que je sais, c’est que mon poste est numéro 15, que je prends beaucoup de plaisir à ce poste-là. Et que mon objectif a toujours été d’essayer d’être titulaire à l’arrière en équipe de France. »
Le record de Michalak dans le viseur
Durant cette tournée, on observe aussi l’importance qu’il a prise dans le coeur des supporteurs. Pendant l’annonce des compositions au Stade de France, son nom est quasiment autant acclamé que celui
d’Antoine Dupont. Mais 10 ou 15, là n’est pas l’important. « Thomas, c’est un mec qui pense d’abord à l’équipe », insiste Sébastien Bézy. De plus, il connaît sa place dans un vestiaire et notamment son rôle de leader avec l’équipe de France comme avec le Stade Toulousain. Tout en essayant d’aller chercher le record de points avec le XV de France que détient Frédéric Michalak et qu’il devrait battre lors du Tournoi des 6 Nations 2025 (379 points contre 436).
« Il va essayer d’aller le chercher, être le recordman, c’est exceptionnel. C’est une statistique qui devrait lui faire plaisir », s’enthousiasme celui qui l’a choisi comme parrain pour sa fille. Thomas Ramos sera peut-être (enfin), reconnu à sa juste valeur, lui qui ne tremble jamais quand il s’agit de transformer une pénalité ou un essai…
Loris Demonti