Un an après sa descente, Rouen remonte en Pro B. S’il se félicite de cette saison réussie, le président Yvan Gueuder ne veut surtout pas reproduire les erreurs qui avaient entraîné la descente et il se veut ambitieux pour le basket rouennais. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
Rouen est un club historique de Pro B. Comment avez-vous rectifié le tir pour remonter immédiatement ?
C’est très simple et on ne va pas fuir nos responsabilités. On s’était trompé dans le recrutement avec des joueurs parfois suffisants. Cette saison, on a pris des joueurs qui avaient envie de se battre, un état d’esprit irréprochable et qui avaient envie de se surpasser.
L’un des moments forts de notre saison a été d’avoir choisi Sylvain Delorme, c’est l’entraîneur qu’il fallait à ce groupe et il restait sur un succès puisqu’il avait fait monter Angers. On a super bien lancé la saison en gagnant le premier match face à un favori (87-82 contre Le Havre, Ndlr). La bonne dynamique était lancée. La victoire dans le derby face au STB Le Havre a été primordiale. Les joueurs ont montré une grosse solidarité toute la saison dans un championnat qui est un marathon, c’est tout à leur honneur.
Financièrement, comment avez-vous géré cette descente ?
On a une particularité, on a choisi de se diversifier pour ne pas être otage du sportif avec une activité annexe : on organise des séminaires. Une rentrée d’argent qui représente plus de 30% de notre budget. Cela nous a permis de sauvegarder des emplois malgré la descente. On a également fait des choix forts. Malgré la descente, on a fait le choix de garder le centre de formation qui nous coûte 300 000 euros. C’était un geste fort car on aurait pu les mettre dans le recrutement, mais on n’a pas voulu sacrifier nos jeunes. On mise beaucoup sur la formation, les meilleurs jeunes pouvant avoir un rôle à jouer en équipe première.
« Ne pas reproduire les erreurs du passé »
Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine ? L’équipe peut-elle jouer mieux que le maintien ?
On est ambitieux, mais il faut également que les planètes s’alignent. Comme je vous l’ai dit, on connait bien le championnat, ce qui n’est pas toujours le cas des promus. On peut donc plus facilement cibler les profils de joueurs pour la Pro B. On est très bien niveau infrastructures qui sont du niveau de la Betclic Elite.
Il faut aussi que l’entraîneur, la préparation physique soient bons. Pour réussir une bonne saison, il faut avoir tous ces paramètres en même temps. On aura un budget d’environ 2,7 millions d’euros, c’est cohérent pour la Pro B. Il ne faudra pas que l’on se trompe dans le recrutement en trouvant des joueurs motivés, pas forcément des joueurs qui ont un énorme CV. Le collectif passe avant le talent. On a la chance de bien connaitre ce championnat, on est resté 20 ans dans la LNB avant la descente de 2022. On retrouve notre place. On ne part pas totalement dans l’inconnu.
Le basket suscite-t-il un engouement important dans une ville qui possède beaucoup de sports de haut niveau ?
On avait peu de spectateurs au début, juste les fidèles mais, au fil de la saison, les choses ont évolué. Pour le dernier match à domicile, on a refusé plus de 3000 personnes. Même à Rouen il y a de la concurrence au niveau des équipes sportives avec le hockey, 17 fois champion de France, le rugby en Pro D2, deux équipes de foot avec Rouen et QRM qui est en L2, le baseball aussi, je pense qu’il y a un potentiel public pour le basket. A nous aussi de leur donner envie de venir nous voir et de revenir, de les fidéliser en fait.
Rouen peut-il, un jour, rêver de l’élite ?
On veut toujours viser l’excellence, on ne se fixe pas de limites. On a une superbe salle avec la Kindarena, des collectivités et des partenaires fidèles. On s’est également fixé comme objectif d’augmenter les revenus issus des séminaires que nous organisons. On va essayer de ne pas reproduire les erreurs du passé et d’évoluer progressivement.