L’ancien joueur, entraîneur et sélectionneur de l’équipe de France, Alain Weisz auteur du livre « Mes secrets de coach » (aux éditions Solar) a assisté à l’éclosion du prodige français notamment à Boulogne-Levallois la saison passée dont il était le manager general. Entretien pour France Basket et Le Quotidien Du Sport.
Vous avez assisté à l’éclosion de Victor Wembanyama. Pouvez-vous revenir dessus ?
Il sortait d’une saison un peu bancale à l’ASVEL. Au niveau des Mets, on a eu l’opportunité de le signer. Il voulait absolument être coaché par Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France. Cela a donc été une décision bi-latérale. Il ne voulait pas jouer une Coupe d’Europe, mais souhaitait surtout s’entraîner beaucoup pour parfaire sa technique avant d’aller en NBA ce qui était une évidence pour tous.
On était prêt à lui donner le leadership de l’équipe et à la construire autour de lui. Cela a plu à ses agents et à lui-même. Dès le départ, il a été remarquable. Il y a eu aussi son éclosion à Las Vegas. Tout le monde a pris conscience de ce qu’il pouvait faire.
Tous nos matches ont été retransmis sur la plateforme NBA. Il n’était pas seul bien entendu, mais il nous a permis d’accéder à la finale du championnat de France (en 2023, Ndlr). J’ai vu passer beaucoup de joueurs, mais comme lui jamais ! Surtout pour un joueur de cette taille (2m24, Ndlr), de cet âge, à pouvoir porter son équipe, à faire des choses qui normalement sont faites par des joueurs de taille nettement inférieure. On s’est vite rendu compte qu’on avait un phénomène avec nous.
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Wembanyama a mal commencé
Est-il vrai que Victor a coûté au club un million d’euros et en a rapporté deux ?
Tout à fait. Il y avait « l’entreprise » (sic) Victor, le joueur, ses rémunérations, une équipe autour de lui, un préparateur physique, un spécialiste du tir qui venait des Etats-Unis, un ostéo, un diététicien… Wembanyama avait aussi une organisation par rapport au fait qu’il devenait excessivement populaire avec un ou deux gardes du corps qui le suivaient quasiment en permanence.
Il y avait donc un staff pour les Mets et un autre qui lui était dédié. Cela représentait un million d’euros de dépenses. Dans le cas où il était drafté premier choix, le club percevait deux millions. C’était un petit pari. Mais il méritait d’être tenté.
« Un joueur ne gagne jamais des titres tout seul »
Aura-t-il une carrière encore plus brillante que celle de Tony Parker ?
C’est LA question. Tout le monde reconnaît ses grandes qualités et son avenir brillant. Maintenant, il doit participer à la victoire de ses équipes, les Spurs et l’équipe de France. Un joueur réussit pleinement sa carrière quand il gagne des titres. Tony n’était pas prévu pour être un joueur aussi fort que Wembanyama, mais il a été plusieurs fois All-Star avec un palmarès incroyable.
Il a été au bon endroit au bon moment. Avant d’arriver à être considéré comme Tony Parker, il faut que Victor gagne comme Tony Parker. Il faut qu’il soit champion NBA, qu’il soit All-Star et il le sera. Et peut-être faire gagner des médailles à l’équipe de France. Le challenge est là.
Sa classe naturelle sera-t-elle suffisante pour faire devenir l’équipe de France championne olympique à Paris ?
Un joueur ne gagne jamais des titres tout seul. Il va être associé à Rudy Gobert. Même si l’équipe de France a manqué sa dernière compétition à Manille, il va retrouver une équipe de qualité. Une prétendante au podium. De là à être championne olympique… Je suis vraiment impressionné par les joueurs représentant le Team USA. Même s’ils peuvent parfois connaître des difficultés dans une rencontre, personne ne pourra les battre. Ce n’est que mon avis. Après, si le calendrier sur les oppositions le permet, il y a la place pour l’équipe de France pour accéder à la finale. Au même titre que l’Allemagne, la Serbie…