7ème choix de la draft, à 19 ans, Bilal Coulibaly disputait ses premières minutes en Betclic Elite il y a un an ! Moins mis en avant parce qu’il avait comme coéquipier un certain Victor Wembanyama, son ascension jusqu’à la NBA (il jouera cette saison à Washington) n’en est pas moins folle. Entretien pour France Basket et Le Quotidien Du Sport.
Il y a un an, vous jouiez vos premières minutes en pro avec Boulogne-Levallois. Un an après, vous êtes en NBA. Réalisez-vous ?
Je réalise maintenant qu’on a entamé les entraînements, que je connais bien mon équipe. Mais c’est vrai que tout est allé vraiment très vite.
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Pensiez-vous que vous seriez en NBA un an plus tard ?
C’était déjà mon objectif. Les gens ne me prenaient pas forcément au sérieux, mais c’était mon objectif. Je ne le disais pas tout haut car ce n’est pas mon genre, mais c’était mon objectif.
Le fait que les projecteurs étaient braqués sur Victor Wembanyama, cela vous a-t-il aussi servi ?
Bien sûr. Victor a amené beaucoup de personnes et j’en ai profité. On a pu voir que moi aussi j’avais du talent.
Le fait d’être derrière Victor cela a aussi fait de l’ombre à votre 7ème place à la draft qui était jusque-là la meilleure place d’un Français.
J’ai rendu fier ma famille, c’était mon objectif. J’étais content et les gens les plus proches de moi aussi. C’est le principal.
Avec Victor, vous êtes-vous dit que ce serait sympa de se retrouver dans la même équipe NBA ?
On en a parlé parce qu’on a vu des rumeurs et on s’est dit que serait cool en tant que potes. Finalement, c’est Sidy Cissoko qui va être avec Victor. C’est bien pour eux. Moi je vais faire mon truc de mon côté. Pour grandir, chacun doit prendre des chemins différents.
Un duel Coulibaly-Wembanyama en NBA
Vous allez rencontrer Victor comme adversaire. Comment jouer contre lui ?
On a fait des uns contre uns, donc je le connais. Je suis pressé de jouer contre lui, ça va être marrant. On est des amis depuis longtemps donc jouer contre lui, en plus en NBA, ça va être un rêve.
L’INSEP ne vous avait pas pris parce que vous étiez soi-disant trop petit à l’époque. Est-ce une revanche de se retrouver aujourd’hui en NBA ?
Je suis content d’avoir prouvé à certains qu’ils avaient tort. Chacun a son histoire et son chemin et il n’y a pas forcément besoin d’aller à l’INSEP pour aller en NBA.
Certains journalistes américains estiment que vous n’êtes pas encore assez mûr pour la NBA. Que leur répondez-vous ?
Ils peuvent penser ce qu’ils veulent. Je ne regarde pas trop les réseaux. Si ma mère ne m’envoie pas des articles, je ne vois pas forcément donc ça m’est égal ce qu’on dit de moi. De toute façon, c’est sur le terrain que l’on montre de quoi on est capable.
D’ailleurs, on a vu en Summer League que vous n’aviez pas peur, que vous vous êtes tout de suite acclimaté. D’où vous vient cette maturité ?
J’ai l’habitude de jouer avec des plus grands, même quand j’étais tout jeune je jouais avec mes oncles. Jouer contre des gens plus grands ça ne me fait donc pas peur. En plus, je suis très compétitif et quand je suis sur le terrain je n’ai qu’une envie : donner tout ce que j’ai.
Vous êtes très jeune (19 ans), mais avec aussi un visage presque enfantin. Les Américains ont-ils été surpris ?
J’ai eu des remarques par rapport à ça, on me prenait pour un gamin. Et une fois que je défendais sur eux, que je mettais des coups, on me faisait des remarques du genre : « Tu n’es pas si fragile qu’on pensait » (sourire).
« Les JO font partie de mes objectifs »
Avec qui êtes-vous le plus proche dans l’équipe ?
Je m’entends bien avec tout le monde, mais certains me testent tous les jours comme Jordan Poole. Il veut faire en sorte de me prendre sous son aile, de m’aider au fur et à mesure de l’année. Il a fait quelques années en NBA. Il connaît bien le système et il veut m’aider.
Quelle est la chose qui vous a le plus surpris en NBA ?
Je m’y attendais un peu, mais les infrastructures m’ont vraiment surpris parce qu’il y a vraiment tout ! Peu importe ce dont tu as besoin, il y a ! C’est vraiment impressionnant. Il y a toujours quelqu’un à notre disposition. Peu importe à quelle heure, je peux envoyer un message, les coachs vont te répondre dans la seconde. Ils sont vraiment là pour toi.
Comment se passe la vie à Washington ?
J’ai ma famille qui vient du coup je ne suis pas seul. Je vais également avoir un cuisinier. La ville est très bien. Elle ressemble à Paris. J’ai appris que c’était le même designer (Pierre Charles L’Enfant, Ndlr). Franchement, je m’y plais.
Vous avez dit que vous visiez le titre de rookie de l’année. Vous mettez la barre haute !
Il ne faut pas se mettre de limites et viser le plus haut possible.
Vous avez choisi le numéro 0 qui n’était plus porté à Washington depuis la légende Gilbert Arenas !
J’en ai parlé avec les GM et les coachs et ils ont estimé qu’il n’y avait rien de mal. Du coup, j’ai pris le numéro avec lequel j’avais l’habitude de jouer.
Quels joueurs avez-vous hâte d’affronter ?
Le premier, c’est LeBron James, une légende du basket. J’ai joué contre son fils donc jouer contre le père ça va être marrant. L’autre, c’est Paul George car c’est mon joueur préféré depuis longtemps. Ça va être excitant de défier ces joueurs-là.
Votre surnom, c’est « Baby Giannis ». Avezvous aussi hâte de l’affronter ?
J’ai entendu ce surnom-là, notamment lors de la Summer League. C’était marrant, en espérant avoir une aussi belle voire une meilleure carrière.
A 19 ans, vous allez encore grandir. Savez-vous de combien de centimètres ?
Je mesure 2m01. Washington a fait les calculs et je devrais prendre encore 5 centimètres.
Avez-vous travaillé quelque chose particulièrement en prévision de cette première saison NBA ?
La musculation, bien évidemment, mais j’ai aussi beaucoup travaillé mon tir notamment en catch and shoot et en sortie d’écran.
L’équipe a perdu des joueurs importants comme Beal et Porzingis. Quel est l’objectif cette saison ?
Moi j’aime gagner ! L’objectif est d’aller en play-in et on va tout faire pour remplir nos objectifs. Ce serait déjà une réussite.
Quand on voit les difficultés de certains Français à faire leur trou en NBA et à y rester, peut-on dire que le plus dur commence ?
L’objectif était bien évidemment d’aller en NBA, mais il y a encore pleins d’autres objectifs encore plus grands que je garde pour moi. Ce n’est que le début ! Je n’ai encore rien fait !
Etre en NBA, c’est aussi gagner beaucoup d’argent. Comment garder les pieds sur terre ?
Je viens d’une famille assez modeste donc je n’ai pas l’habitude de l’argent. Je ne passe pas mon temps sur les applis bancaires, mais quand j’ai vu le premier salaire (il va toucher 6 614 280 dollars la première saison et 30 075 132 dollars sur quatre ans, Ndlr), ça m’a mis un coup, mais je suis reparti de suite m’entraîner l’après-midi.
Tout le monde est là pour m’entourer. J’ai un bon entourage, chaque personne sait ce qu’elle a à faire. J’ai des gens qui gèrent mon argent, d’autres ma tête, etc. Il n’y a pas de souci par rapport ça. J’ai été bien éduqué et il n’y a pas de risques que je prenne la grosse tête.
Tout cela ne va-t-il pas trop vite ?
Non. Tout est écrit et si ça arrive maintenant, c’est que ça devait arriver maintenant. Désormais, il va falloir prouver. Mais je ne suis pas inquiet, je suis bien entouré et je me sens un joueur comme les autres. En tout cas, je n’ai pas peur et j’espère surprendre.
Bilal Coulibaly rêve des JO
Avez-vous déjà un surnom dans l’équipe ?
Ils font l’effort de dire Bilal. Sinon ils disent BC, Bilal Coulibaly, c’est plus simple.
2024 sera une année olympique, avec les JO. Cela fait-il partie de vos objectifs ?
Bien sûr. Je suis l’équipe de France depuis que je suis tout petit, j’en ai porté le maillot en sélection de jeunes. Faire les JO, ce serait incroyable et c’est bien évidemment un de mes objectifs. On n’en a pas encore discuté avec la franchise, mais on va aborder le sujet. Les Mondiaux, ça aurait été compliqué, mais les JO c’est clairement dans un coin de ma tête.
En U18, à l’Euro 2022 (5ème), vous étiez avec Rupert et Sissoko qui se retrouvent eux aussi cette saison en NBA !
Ce sont des potes, on joue à la Playstation ensemble et là on va jouer contre des joueurs NBA dans la vraie vie, ça va être incroyable.
Un dernier mot, qui va terminer devant, Victor ou vous?
Moi à coup sûr! (rires)