vendredi 11 octobre 2024

Charles Barkley, l’autre soleil des Suns

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Finalistes NBA cette année, les Suns de Phoenix du duo Devin Booker/Chris Paul ont rejoint dans la légende l’équipe de 1993 emmenée par un certain Charles Barkley élu cette année-là MVP de la saison. Flash-back.

Avant la finale de cette année, il fallait remonter à 1993 pour trouver la trace d’une équipe de Phoenix en finale NBA. Les Suns sont alors emmenés par un Charles Barkley de gala, élu MVP de la saison régulière. L’équipe tombe alors sur les Chicago Bulls de l’illustre Michael Jordan. Une défaite 4-2 au cumulé.

Toutefois, cette équipe restera quand même l’une des plus flamboyantes de l’histoire. « Sir Charles » arrive à Phoenix en 1992 par le biais d’un échange avec les Philadelphia Sixers où il était arrivé en 1984 (drafté en 5ème position) au sortir d’une campagne des Jeux Olympiques exceptionnelle avec la Dream Team des Etats-Unis. Il se paie le luxe de finir meilleur marqueur de l’équipe avec 18 points de moyenne, devant le meilleur joueur de tous les temps, Michael Jordan. Charles Barkley jouait en tant que poste 4. De par son physique et sa puissance sans égale, le natif de l’Alabama va très rapidement faire bien plus que ce que son poste requiert.

Très fort au rebond, « Baby TGV » a su mettre toutes ses qualités athlétiques en exergue pour réussir à devenir l’un des rebondeurs les plus dominants de toute la ligue. Réussir à jouer avec un niveau aussi impressionnant au vu de sa taille (1m98) dans la ligue de basket la plus forte du monde est clairement un exploit. Ses adversaires s’en souviennent encore ; Hugues Occansey, ancien international français, a eu l’occasion de jouer face à lui : « J’ai eu la chance de jouer deux fois contre lui à l’occasion du match de préparation des Etats-Unis pour les Jeux Olympiques de 1992. L’année d’avant également, j’ai eu le privilège de faire partie du match organisé par Nike où Pippen, Robertson et Barkley étaient présent. Il était massif physiquement, mais pour autant doté d’une rapidité importante pour monter aussi haut dans les airs ».

Un profil atypique

Un profil qu’Hugues ne voit pas dans la NBA moderne : « Je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup qui puissent jouer poste 4 ou 5 en mesurant 1m98. Des joueurs capables de tenir une telle position sur le terrain dans le plus grand championnat du monde, je n’y crois absolument pas ».

Mais le bouleversement se fait dans sa capacité, totalement nouvelle pour l’époque d’être bon dans d’autres domaines. Il était capable d’additionner à la fois des qualités de scoreur plus que correctes (22,1 points pour 11,7 rebonds et 3,9 passes en 1073 matches et 16 saisons), une vision et une lecture de jeu supérieure à ce qui se faisait dans la ligue, il pouvait aisément mener le jeu de ses équipes.

Ajoutez à cela une facilité à défendre et vous obtenez un prototype capable de se rapprocher toutes proportions gardées d’une légende telle que Michael Jordan. « Round Mound of Rebond »réussira à empêcher Jordan d’obtenir toutes les récompenses individuelles possibles lors de son légendaire « Three-Peats ». Lors de cette saison avec les Suns, l’ailier fort culmine à une moyenne de 25,6 points, et 12,2 rebonds par match. Ses qualités intrinsèques feront de lui le 5ème meilleur scoreur et le 6ème meilleur rebondeur de la saison régulière.

Pendant les playoffs, il continue sur sa lancée et fournit une campagne à 26,6 points de moyenne et 13,6 rebonds. Sur leur parcours, Lakers, Spurs et Supersonics n’ont rien pu faire face à une équipe autant en confiance et emmené par un tel leader. Ses performances l’intronisent parmi les plus grands joueurs de l’histoire de la franchise, en témoigne son maillot numéro 34 retiré par les Suns.

Ce ne sont pas les distinctions qui manquent, même si l’absence de bague NBA se fait cruellement remarquer, quand on sait de quel joueur on parle. Lors du All Star Game de 1991, il sera nommé MVP de la rencontre. All-Star, il le sera à onze reprises tout au long de sa carrière. Du côté de la sélection américaine, l’armoire à trophées est aussi remplie avec deux titres de champion olympique en 1992 et 1996 avec la Dream Team.

Le roi de la provoc

Son penchant singulier sur les parquets se retrouve également dans son comportement hors du terrain. Il n’a jamais réussi à se concentrer à 100 % sur le basket et s’est toujours laissé distraire. Hugues Occansey se souvient l’avoir vu à plusieurs reprises « arriver quelques heures en retard pour démarrer son entraînement, ou alors écourter son entraînement d’une ou deux heures pour aller boire un verre ».

Il a toujours dit ce qu’il lui passait par la tête que ce soit positif ou négatif. Dans la provocation et l’humour, il était l’un des plus fort. Le Français peut en témoigner : « Lors d’un entraînement, il aperçoit une femme marcher, qui semblait bien lui plaire. Il s’approche de nous et vient demander si l’un d’entre nous la connaissait, car elle lui plaisait bien. Nous lui avons fait savoir que cette femme était la compagne d’un de nos coéquipiers de l’équipe de France ! ».

L’Américain navigue entre addiction pour les jeux d’argent et sorties alcoolisées. L’homme milite pour que les sportifs soient comme lui en marge du rôle qu’on souhaite leur prêter. Celui qui doit être irréprochable, qui doit bien se comporter afin de donner l’exemple aux plus jeunes. C’est donc logiquement que Charles Barkley durant toute sa carrière a connu des frasques extra-sportives.

Des rixes, des histoires avec les forces de l’ordre, la possession d’armes à feu, la liste est longue… Dans le cadre sportif, il n’échappe pas à la règle, il possède le record des amendes reçues suite à des invectives avec les arbitres.

Cependant, avec les joueurs de basket, il semblait être sympa. Hugues Occansey se rappelle que « la première fois qu’on se rencontre, contre toute attente, c’est lui qui vient directement vers moi. J’étais assis tranquillement sur le banc de touche, il me tape sur la tête et me salue par rapport à l’année d’avant. Cela ne montre pas une personne problématique comme on a l’habitude de nous le décrire ». C’est justement ce côté imparfait qui le rend si attachant pour le public. Charles Barkley était capable du meilleur comme du pire, sur le parquet et en dehors.

Thomas Berthelot

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