Le départ de Franck Azéma marque la fin d’un cycle de sept ans au cours duquel l’ASM Clermont n’a pas étoffé son palmarès autant qu’il l’aurait pu, surtout au niveau européen. Le retour de Jono Gibbes est de nature à relancer la machine auvergnate.
Qu’il semble loin, déjà, le dernier titre de champion de France, quatre ans… au cours desquels les Jaunards ont connu une nouvelle finale de Top 14 perdue, la même année que leur premier succès en Challenge européen (2019).
Pour l’ensemble de son oeuvre, Franck Azéma aurait mérité de partir autrement qu’en descendant prématurément des deux quarts. En Top 14 face à l’UBB (16-25), et au niveau européen face au Stade Toulousain (12-21). Comme si le message avait fini par s’étioler et la magie s’éteindre peu à peu à mesure que s’en allaient les héros de 2017.
Après les départs de Kayser, Rougerie, van der Merwe, Chouly ou Lamerat en 2019, ceux de Zirakashvili, Laidlaw, Grosso, Abendanon et Taofifenua en début de saison avaient préparé le terrain à une autre génération.
Azéma, la fin de 7 ans d’histoire avec Clermont
Une autre histoire à écrire avec d’autres pour continuer à grandir et ne surtout pas rentrer dans le rang. Pour parvenir à franchir une étape supplémentaire dans la hiérarchie européenne notamment, Clermont a donc misé sur un ancien du staff, Jono Gibbes, passé en Auvergne trois ans entre 2014 et 2017, avant d’offrir à La Rochelle la meilleure saison de son histoire.
En Charente, le coach néo-zélandais a su créer un vrai style. Une identité de jeu et de fonctionnement qu’il se propose de calquer à la manière auvergnate.
L’arrivée à ses côtés de deux autres anciens rochelais, Johnny Claxton pour la préparation physique, et Davit Zirakashvili pour la mêlée, qui collaboreront avec Benson Stanley et Xavier Sadourny. Deux hommes d’Azéma, ne laisse aucun doute sur les intentions du président Guillon et de Jean-Marc Lhermet, le directeur du développement, de changer de braquet.
Après avoir réussi à briser la malédiction des finales perdues en championnat (10 avant le premier titre de 2010, deux depuis…). Clermont redoute de poursuivre une série similaire en Coupe d’Europe. Où trois finales perdues (2013, 2015 le 2017) disent beaucoup du manque de confiance des Auvergnats au moment de conclure.
Le changement dans la continuité…
Pour leur 25ème participation à la Champions Cup, ils ne partiront évidemment pas dans l’inconnue. Sinon en affrontant pour la première fois le Connacht.
Sans la révélation de la saison, le Japonais Kotaro Matsuhima, blessé et indisponible jusqu’à l’automne, et avec un Mercato des plus minimalistes, longtemps réduit à Lavanini et Hanrahan, un 2ème ligne et un demi d’ouverture capable d’évoluer à tous les postes des lignes arrières, l’idée est de travailler dans la continuité de tout ce que l’ère Azéma, la décennie passée, a apporté au club en terme de professionnalisme, de rigueur, et d’ambition et y ajoutant la patte Gibbes.
Quatre ans après son départ, le coach néo-zélandais ne retrouvera pas tout à fait le même club.
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Il revient tout aussi transformé par ses expériences irlandaises et rochelaises pour « construire sur des fondations déjà très solides. ce qui s’est déjà passé à La Rochelle même si cela a plus concerné les éléments internes que le terrain, des éléments plus invisibles ».
Dans ce registre des structures et de l’organisation, Clermont a clairement de l’avance et peut lui offrir le confort de se concentrer sur le terrain uniquement, pour être plus compétitif, plus pointu dans la préparation, l’approche des matches et leur gestion. L’idée est de gagner en pertinence pour permettre de gommer toutes les petites erreurs qui ont compliqué la vie du staff d’Azéma.
A l’heure, où les footeux de la ville accèdent pour la première fois de leur histoire à la Ligue 1. Le moment serait bien choisi pour les rugbymen d’accéder à cette reconnaissance européenne qui leur échappe avec la même récurrence que le Brennus avant le déclic de 2010.
Tom Boissy