Si le trois-quarts international tricolore de Montpellier Arthur Vincent demeure la plus belle trouvaille issue de ce petit club de l’Hérault, un énorme travail ciblé en profondeur y est mené.
Depuis le début de sa carrière, prétendre qu’Arthur Vincent (24 ans) a été en délicatesse avec son genou gauche relève de l’euphémisme. Gravement blessé, et en dépit d’une saison quasiment blanche en 2023, il figure malgré tout dans le groupe des 33 joueurs pour la Coupe du monde.
C’est dire la confiance que le staff tricolore lui accorde. Honorant sa 17ème et 18ème sélection contre la Nouvelle-Zélande (victoire 27 à 13) et l’Uruguay (victoire 27 à 12), le centre international des Bleus a été vu et considéré bien davantage que comme un simple revenant. Ce pur produit héraultais revient de tellement loin en se relevant de si graves blessures !
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(rupture des ligaments croisés du genou gauche en octobre 2021, puis rechute en septembre 2022). Devant une telle preuve d’abnégation qui l’a mené là où il en est aujourd’hui, au RC Mauguio-Carnon, où Arthur Vincent a commencé à jouer au rugby, on jubile. Avec plus de 450 licenciés, le RC Mauguio-Carnon, club familial de la banlieue montpelliéraine, travaille sans relâche avec le plus grand sérieux.
Certains joueurs issus de ce sérail héraultais connaissent une belle carrière. On ne présente évidemment plus Arthur Vincent, la plus belle réussite de cette structure. Mais un Jules Danglot, extrait aussi de là, a obtenu récemment un contrat professionnel à Toulon. Un Yannick Arroyo a également fait ses classes à Mauguio-Carnon. Ce pilier est passé dans les rangs du MHR et Béziers.
« Arthur Vincent détestait la défaite »
Yvan Vincent, directeur du rugby à Mauguio, détaille ce qui fait les spécificités de ce club : « On est un club labellisé trois étoiles. On s’axe beaucoup sur la formation des jeunes joueurs. Cela prime énormément pour nous. On a toutes les catégories d’âges, au sein du club, que ce soit chez les garçons ou chez les filles. Naturellement, Arthur est notre tête d’affiche, mais il n’y a pas que lui. Le développement de l’enfant est systématiquement au centre de notre projet ».
Le petit cousin d’Arthur Vincent évoque aussi « un club familial. C’est grâce au travail de chacun qu’on arrive à tirer tout le monde vers le haut. On travaille tous les jours dans les écoles. On a déjà ce degré d’exigence et de performance bien élevé. Notre ambition première est toujours de former les jeunes tout en ayant de bons résultats dans nos écoles de rugby. On y parvient. Il faut qu’on arrive à maintenir cela. On échange notamment beaucoup avec Montpellier et on est en étroite collaboration avec eux. Notre fonction est de bien travailler avec les jeunes pour qu’ils aspirent à atteindre le haut niveau dans ce club de Montpellier ou dans un autre ».
Voir Arthur Vincent réussir à ce point est évidemment une grande fierté et satisfaction pour tous les membres du club du RC Mauguio-Carnon. La toute première éducatrice d’Arthur Vincent, Aurélie Bellezza, se remémore quelques souvenirs marquants du joyau :
« Je me suis occupée d’Arthur entre ses 6 et 9 ans. C’était un enfant très gentil avec beaucoup de capacités comparées à celles présentes chez d’autres enfants de son âge. Il écoutait beaucoup. Il aimait jouer pour les copains, mais il détestait la défaite. Il était même très mauvais perdant quand cela arrivait. Cependant, il prenait toujours la défaite à son compte. Il ne rendait jamais responsable ses copains. Si eux n’étaient pas assez performants, Arthur estimait alors qu’il ne les appuyait ou ne les aidait pas assez. »
« Il a toujours eu cette habitude de penser d’abord aux gens qu’il y a autour et après à lui. C’est vraiment une belle personne. Il s’arrête souvent à Mauguio dès que son emploi du temps le lui permet. Dès qu’il peut amener quelque chose, il le fait. Son club de Mauguio est profondément ancré en lui ».
Cet altruisme naturel envers les autres en dehors des terrains se vérifie aussi beaucoup dans son propre jeu. On en oublierait presque qu’Arthur Vincent n’a fêté que ses 24 ans le 30 septembre ! Un certain Vern Cotter ne s’était absolument pas fourvoyé quand il évoquait Arthur Vincent en 2017. Le technicien néozélandais alors entraîneur du MHR affirmait : « Lui, vous verrez, il va aller loin » en parlant du futur champion qui n’avait pas encore 18 ans. En 2023, on n’a pas fini d’entendre parler d’Arthur Vincent.