L’ailier de Bordeaux-Bègles, Bielle-Biarrey va à toute vitesse pour battre des records et rentrer dans l’histoire du rugby français.
On ne l’arrête plus. Louis Bielle-Biarrey (20 ans) est l’invité surprise de ce Mondial. Mieux, il est devenu face à l’Uruguay le plus jeune international français à disputer une Coupe du monde à 20 ans et 88 jours (devant le grand absent Romain Ntamack ; 20 ans et 143 jours) :
« Tout va très vite, je ne réalise pas forcément », a reconnu l’intéressé en conférence de presse. On n’attendait pas forcément là l’Isérois de naissance. Cet étudiant en IUT de gestion des entreprises et administration, titulaire d’un BAC scientifique, était plutôt programmé pour passer ses examens en septembre ! »
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Un homme a bien connu Louis Bielle-Biarrey, Jean-Christophe Terme, l’un de ses premiers coachs au Rugby Club Seyssins : « J’ai été éducateur au sein de ce club de la banlieue de Grenoble. Louis est arrivé chez nous en U6 en 2008. Il est resté avant de partir en U14 pour le FCG en 2016. Je garde surtout à l’esprit son casque rouge (que son père lui a offert quand il avait 7-8 ans, Ndlr). »
Bielle-Biarrey et le casque rouge mythique
« C’était sa marque de fabrique. Il avait débarqué au premier entraînement à Seyssins, avec, pour se protéger la tête. Il n’avait pas un gros gabarit. Cependant il était très rapide avec un bon jeu au pied. Chez nous, il évoluait plutôt en 10 car il avait une très bonne vision du jeu. On l’a fait démarrer avant que Grenoble ne le prenne. Il a ensuite fait le pas de plus pour aller à l’UBB. Le voilà maintenant chez les grands. Il a certainement eu peur de ne pas être champion du monde en U20. Il va peut-être l’être avec les grands. C’est fabuleux pour lui, pour nous, pour toute la région ».
Surpris par cette ascension fulgurante ? « Ce qui est le plus étonnant, c’est la vitesse à laquelle c’est arrivé. Fabien Galthié avait parlé d’ovni qui arriverait en cours de route. C’est superbe qu’on donne la chance à des jeunes comme lui, âgés de 20 ans, pleins d’insouciance jouant les matches sans pression ».
Depuis 2022 et des débuts tonitruants avec l’UBB, le natif de la Tronche ne cesse d’impressionner. Début août, il inscrit son premier essai international lors de sa première cape en Ecosse en match de préparation. De quoi gagner sa place pour la Coupe du monde.
Jamais sans son casque rouge
Il est promis à un avenir radieux. Jean-Christophe Terme : « Louis a la tête sur les épaules. Je lui souhaite d’avoir une destinée de carrière comme d’illustres Grenoblois, ou passés aussi par Seyssins. Je pense à Vincent Clerc (67 sélections, Ndlr), Olivier Brouzet (71 sélections, Ndlr), Thomas Jolmes (2 sélections, Ndlr) ou Killian Geraci (4 sélections, Ndlr). Louis a tout pour durer. Il a démarré en trombe. Il va nous régaler par son insouciance. Il va continuer à grandir. Ce sera probablement une de nos stars ».
Dans la sphère de l’ovalie, les louanges affluent : « Il est doté de qualités immenses. S’il participe à une Coupe du monde, c’est tout sauf le fruit du hasard » appuie le Bayonnais Thomas Ceyte. Pour Robins Tchale-Watchou, le président de Provale, « ce joueur a vraiment beaucoup de talent. Mais j’espère aussi qu’on aura la même indulgence qu’on a aujourd’hui avec cet incroyable élan à son égard à vouloir le placer sur un piédestal quand, à un moment donné, ça ira moins bien pour lui. C’est souvent le cas pour des joueurs pétris de talent. Cela me rappelle un certain Michalak. On a tellement vu ce schéma se reproduire ».
Pour Yoann Maestri, un ancien grand de la maison bleue, Bielle-Biarrey est « un excellent joueur de cette génération qui pousse et amène un sang frais énorme au groupe. Il apporte un supplément d’âme. Son intronisation dans le groupe France relève évidemment d’un choix d’entraîneur. Il avait fait une superbe prestation en Ecosse lors d’un match de préparation pour le Mondial. Ils ont décidé de le prendre et tant mieux que cela fonctionne ainsi ».
La valeur n’attend pas le nombre des années. Louis Bielle-Biarrey en est la parfaite illustration. Pour le plus grand bonheur de l’UBB qui se retrouve avec Damian Penaud et lui avec deux ailiers de feu !