Pour sa deuxième participation à une Coupe du monde, le Portugal arrive avec l’ambition d’aller décrocher une première victoire historique et faire mieux que 2007. Fort de ses éléments d’expérience et d’un groupe emmené par Patrice Lagisquet, le dernier invité veut simplement se faire plaisir et ne rien calculer.
Le Portugal est de retour en Coupe du monde et le XV lusitanien ne devrait pas venir faire du tourisme en France. En effet, il suffit de repenser au parcours des « Lobos » (Loups) pour s’en convaincre. Après avoir manqué la qualification au profit de l’Espagne, le Portugal récupère une place de barragiste après avoir vu son voisin ibérique utiliser un joueur non-éligible durant le tournoi de qualification.
À lire aussi : Le guide la Coupe du Monde
Derrière, le Portugal doit batailler pour aller décrocher le dernier ticket du Mondial face à Hong-Kong, le Kenya et surtout les Etats-Unis. Et sans une pénalité à la dernière minute de Samuel Marques face aux Eagles, pour égaliser à 16-16, le Portugal serait devant sa télé et non en France. Des évènements qui ont forgé le caractère de l’équipe de Patrice Lagisquet qui vient en France pour continuer à vivre pleinement cette prochaine Coupe du monde sur le terrain.
« Tous les joueurs sont impliqués et concernés, explique l’entraîneur français des Loups. L’état d’esprit est bon. Même si c’était tiré par les cheveux, la qualification nous a permis de continuer à progresser, notamment lors du dernier International Championships. On a réussi à battre pour la première fois la Roumanie puis l’Espagne sur une même compétition. On a même joué la finale contre la Géorgie avec de nombreux absents (défaite 38-11, Ndlr). C’était une belle promesse pour la suite et la préparation de ce Mondial. »
« Une équipe ambitieuse » (Lagisquet)
Depuis, le Portugal joue librement sur le terrain et ses dernières sorties le prouvent. Les hommes de Lagisquet mettent tout en place pour vivre une grande Coupe du monde. Ils savent la chance qu’ils ont d’être en France.
« Il y avait pas mal de joueurs qui espéraient vivre cette Coupe du monde. Ils sont âgés et savent que c’était leur dernière chance comme Fernandes, Tadjer ou Marques. Ils sont en fin de carrière. Pour eux, c’était une récompense pour leur implication tout au long de ces années. Ça nous a libérés. Ce groupe est aussi ambitieux. Ils ont envie de franchir un cap et repousser les limites. On les sent concernés et investis. C’est une équipe ambitieuse. »
Pour Patrice Lagisquet, ce Mondial en France sera aussi pour lui la concrétisation d’un travail entrepris il y a quatre ans.
« Il y a une bonne moitié du groupe qui évolue en professionnels en France. Ça donne une habitude du haut niveau que le groupe de 2007 n’avait pas. Les Portugais ont démontré leurs qualités. Ils ne veulent pas arriver en petit Poucet ou victime expiatoire. Ils voudront se montrer à la hauteur de l’évènement. Il faut montrer que l’on a continué à progresser. »
Le Portugal possède également des jeunes talents qui pourraient faire parler d’eux comme Marta, Portela, Pinto, Storti ou encore Martins. Un groupe qui continue de s’étoffer au fil des ans. Cependant, de l’aveu même de Lagisquet, le groupe C ne sera pas simple.
« C’est une poule intéressante avec des Gallois en quête de références, des Australiens qui se retrouvent petit à petit, des Fidji qui sortent d’une campagne victorieuse dans le Pacifique, sans oublier la Géorgie que l’on connaît bien. On a quatre équipes qui veulent jouer les quarts de finale. Il va falloir exister. Ce ne sera pas facile et même très difficile. »
Le Portugal a tout de même fait en sorte de mettre toutes les armes de son côté pour être prêt avec notamment un entraînement face à l’Irlande durant l’été et une belle victoire face aux USA, 46-20. De quoi donner envie aux supporteurs de venir suivre les exploits des Loups en France. Et nul doute que les joueurs de Patrice Lagisquet pourront compter sur la communauté portugaise pour mettre le feu dans les stades.
Calendrier
- 16 septembre, 17h45 : Pays de Galles Portugal (Allianz Riviera, Nice)
- 23 septembre, 14h : Géorgie Portugal (Stadium, Toulouse)
- 1er octobre, 17h45 : Australie Portugal (Stade Geoffroy-Guichard, Saint-Etienne)
- 8 octobre, 21h : Fidji Portugal (Stadium, Toulouse)
1
C’est le nombre de point remporté par le Portugal en Coupe du monde. Il est vrai que le 1 est aussi synonyme de participation pour les Lusitaniens. Mais c’est aussi le nombre d’essai inscrit contre la Nouvelle-Zélande lors de la lourde défaite 108-13. Rui Cordeiro réussissait ce fait d’arme historique pour le rugby portugais en 2007, au stade Gerland de Lyon. Le Portugal avait d’ailleurs inscrit un essai contre quatre équipes de son groupe (Nouvelle-Zélande, Ecosse, Italie, Roumanie).
Peut-il accrocher sa première victoire en coupe du monde ?
En 2007, lors de sa première participation, le Portugal avait forcément subi la pression et, avec une majorité de joueurs amateurs, ils s’étaient arrachés pour prendre un petit point de bonus défensif. Mais, pour cette édition 2023, les Lusitaniens arrivent avec des certitudes. Et l’idée de remporter une première victoire dans son histoire fait son chemin.
Si le Pays de Galles et l’Australie semblent intouchables, la Géorgie pourrait offrir une finale pour accrocher cette victoire tant espérée. L’écart entre les deux nations s’est resserré et elles se croisent souvent pour le titre du Championnat européen des Nations. Face au Fidji, ce sera une opposition inédite.
Le saviez-vous ?
Le capitaine Tomas Appleton possède la particularité de ne pas être professionnel. A 30 ans, il a continué ses études pour devenir aujourd’hui dentiste spécialisé en chirurgie orale et en implantologie. Cela ne l’a pas empêché d’être brillant à 7 avec le Portugal à ses débuts puis à XV, en devenant le capitaine d’une sélection mondialiste, pour la deuxième fois de son histoire.
Les plus du Portugal
- Dernière équipe qualifiée, le Portugal sait la chance qu’il a d’être invité parmi les meilleures formations de la planète. Les Loups de Patrice Lagisquet sont même passés par les barrages face aux Etats-Unis pour valider leur ticket.
- Les Portugais ne manquent pas d’expérience avec des joueurs aguerris au rugby français ; Mike Tadjer, Francisco Fernandes, Steevy Cerqueira, Samuel Marques ou encore José Lima. Le capitaine Tomas Appleton sera aussi un leader pour les mener à la première victoire de leur histoire.
- Le Portugal a progressé durant ces dernières années pour être une formation crainte de la deuxième division du rugby européen. Les Loups ne craignent plus la concurrence et savent être au rendez-vous. Ils pourront compter sur le soutien populaire des Portugais de France.
Les moins du Portugal
- Le Portugal est dans un groupe relevé avec des équipes qui n’offriront aucun cadeau. Sûrement le groupe le plus équilibré qui devrait ne permettre aucun moment de relâchement face à l’Australie, le Pays de Galles, la Géorgie et les Fidji.
- Le jeu offensif des Portugais est séduisant, mais il devrait être mis à mal par les équipes adverses qui joueront clairement la montre pour obliger le Portugal à baisser de pied après les changements.
- Le départ de Patrice Lagisquet est déjà acté après la Coupe du monde. C’est aussi la fin d’un cycle et d’un groupe pour le Portugal qui n’aura pas le droit à l’erreur pour espérer continuer à construire un avenir à son équipe nationale.
L’avis d’Olivier Magne
« L’idée, pour les Portugais, sera de profiter, d’emmagasiner de l’expérience. Cette Coupe du monde offre la possibilité de grandir au rugby portugais. Ce n’est que du bonus pour eux et un outil de communication extraordinaire pour la promotion du rugby portugais, son développement. On va aussi suivre de près Patrice Lagisquet qui fait du bon travail. »