mardi 17 septembre 2024

Coupe du Monde : que peut-on attendre du Chili, le petit poucet ?

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Pour sa première participation à la Coupe du monde, le Chili veut continuer son apprentissage du haut niveau dans un groupe relevé. Pour autant, les Condors ne veulent pas partir battus. Ils feront tout pour faire honneur à leurs couleurs.

Pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde, l’Amérique du Sud aura trois représentants. Si l’Argentine et l’Uruguay avaient leurs habitudes en 10 éditions, avec respectivement 10 et 5 participations, le Chili vivra sa grande première en France. Troisième force rugbystique du continent sud-américain derrière leurs deux voisins, les Chiliens ont réussi à bousculer l’échiquier mondial en surprenant le Canada et les Etats-Unis.

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Une qualification méritée et qui n’est pas une surprise au regard des progrès du rugby chilien ces dernières années du côté de Santiago grâce notamment à sa franchise de Selknam, qui regroupe la plupart des joueurs de la sélection et qui évolue dans le Super Rugby Americas aux côtés d’autres franchises sud-américaines. Sans

oublier les progrès en rugby à 7 qui voit régulièrement le Chili être présent dans les Word Rugby Sevens Series. Ancien international chilien, Cristian Onetto est heureux de voir le Chili recueillir les fruits d’un long travail de développement.

« Cette première participation, c’était une belle nouvelle et surtout c’était important pour permettre au Chili de continuer à progresser. Il y a eu beaucoup de choses positives depuis. Il y a eu un véritable intérêt qui a commencé à grandir. Le rugby a pris un peu plus d’ampleur dans le pays. Quand on sait d’où il part (derrière le football), j’espère vraiment que ce n’est que le début. »

Le Chili vient en France pour apprendre et surtout se tester face aux meilleures équipes. Et en héritant de la poule D, les Condors auront l’occasion de se jauger face à un ancien vainqueur de la Coupe du monde comme l’Angleterre, des formations au style offensif comme le Japon et les Samoa, sans oublier un derby passionnant face à l’Argentine.

« Les joueurs se donneront à fond »

« C’est un groupe difficile pour avoir l’Argentine et l’Angleterre qui batailleront pour la qualification, analyse l’ancien ouvreur du Stade Domontois, Cristian Onetto. Il faudra montrer le meilleur visage possible sur le terrain. Ce sera déjà un bel objectif réussi. Il faudra prouver que l’on est à notre place, en réussissant à garder notre philosophie de jeu pendant 80 minutes. Je sais que les joueurs se donneront à fond. Ce serait une belle Coupe du monde que de réussir de belles prestations et de ne pas trop subir. Cependant, je sais que ce ne sera pas simple. »

Pour se préparer, les hommes de Pablo Lemoine ont effectué un gros travail physique avec notamment un stage auprès des Marines. Et même si les matches de préparation ont été marqués par des défaites face à l’Uruguay (26-25) et la Namibie (28-26), ils ont permis de confirmer que l’écart se réduit face aux autres nations présentes dans la compétition. Cristian Onetto n’a aucun doute que le Chili possède les joueurs et les hommes pour faire honneur à toute une nation.

Le Chili a déjà des automatismes

« Ils ont déjà des habitudes ensemble. Beaucoup de joueurs se connaissent par cœur, en évoluant toute l’année dans la franchise de Selknam. Cela permet une vraie union entre eux. Personnellement, je trouve que la défense est un point fort. D’un point de vue individuel, j’ai envie de mettre en avant la sérénité de Rodrigo Fernandez, le numéro 10, qui aide beaucoup son numéro 9. Domingo Saavedra est très régulier. »

« Matias Garafulic possède aussi une volonté hors norme en défense, capable d’apporter un plus offensivement. Sans oublier Santiago Videla qui peut jouer dans plusieurs positions. Devant, je suis obligé d’évoquer le travail silencieux de notre capitaine, Martin Sigren, et Matias Dittus. C’est un grand joueur qui possède l’avantage de connaître le rugby en France. » Dans les stades français, les Chiliens ont déjà promis d’être de la fête pour venir soutenir leurs joueurs et leur offrir une force supplémentaire.

« Il y aura beaucoup de Chiliens présents dans les stades, confirme Cristian Onetto, qui sera également présent en France. Ce sera très important. Il y a aura beaucoup d’intérêt. Ce sera un point fort de ressentir cette affection et cette volonté de se surpasser. Nous autres, Latinos, on en a besoin pour continuer à aller de l’avant. » Avant de conclure simplement. « On veut réussir cette première participation qui, j’espère, sera le début de beaucoup d’autres. »

Calendrier

  • 10 septembre, 13h : Japon Chili (Stadium, Toulouse)
  • 16 septembre, 15h : Samoa Chili (Matmut Atlantique, Bordeaux)
  • 23 septembre, 17h45 : Angleterre Chili (Stade Pierre-Mauroy, Lille)
  • 30 septembre, 15h : Argentine Chili (Stade de la Beaujoire, Nantes)

10

C’est le nombre de points marqués par le Chili lors de son match de play-off Amériques 2 face aux Etats-Unis, dans le dernier quart d’heure du match retour. A Glendale, les USA menaient 29-21 et pensaient avoir fait le plus dur, après leur victoire au Chili (2221). Mais les 10 points de Dittus (sur essai) et de Videla (transformation et pénalité) permettront aux Condors d’inverser la tendance et de valider pour un point sur l’ensemble des deux matches leur billet pour le France.

Le petit poucet de l’édition 2023 ?

Pour sa première participation à la Coupe du monde, le Chili devrait rapidement voir l’écart qui le sépare des meilleures équipes. 22ème équipe du World Rugby Ranking, la formation chilienne a des allures de petit Poucet en étant même derrière la Namibie, la Roumanie, l’Uruguay ou encore le Portugal. Peu de joueurs présents ont aussi l’habitude des grands rendez-vous que ce soit au niveau européen ou international. Les Chiliens tenteront cependant de tout faire pour ne pas subir l’évènement et surtout le vivre. En démarrant par le Japon et les Samoa, cela devrait permettre de rentrer sereinement dans la compétition avec l’ambition de rendre fier tout un pays.

Le saviez-vous ?

Alors qu’il avait pris sa retraite après sa carrière professionnelle en France (Castres, Pau, Massy, Bayonne, Dax, Soyaux-Angoulême) depuis trois ans, le deuxième ligne Pablo Huete va participer à la Coupe du monde avec le Chili à 34 ans. Rappelé de dernière minute, l’international chilien n’a pas hésité au moment de prolonger sa carrière pour vivre le rêve d’une vie, qu’il avait débuté en 2010 sous le maillot de sa sélection nationale.

Les plus du Chili

  • Le Chili a prouvé qu’il avait une mentalité hors norme et une volonté féroce de repousser ses limites pour ne pas plier contre ses adversaires. Jusqu’à la dernière minute, ce sera une lourde bataille. Un état d’esprit qui pourrait surprendre et qui devrait conquérir les cœurs.
  • Santiago Videla est un joueur à suivre. A 25 ans, le polyvalent arrière sera le métronome et le buteur de la sélection chilienne. Face aux Etats-Unis, il avait été à la hauteur de l’évènement.
  • L’ancien pilier du Stade Français et Montauban, Pablo Lemoine, s’est mué en faiseur de miracles depuis la fin de sa carrière en 2010. Après avoir qualifié l’Uruguay au Mondial 2015, il a de nouveau réussi un exploit avec le Chili.

Les moins du Chili

  • Le manque d’expérience des joueurs sur les grands rendez-vous dans une poule qui ne manque pas de piment avec le Japon, les Samoa, l’Angleterre et l’Argentine. Le Chili va devoir apprendre vite pour ne pas connaître de nombreuses désillusions.
  • Avec un premier match le 10 septembre et un dernier le 30, le Chili va vivre 20 jours intenses avec un calendrier dense et surtout deux rencontres contre l’Angleterre et l’Argentine, la dernière semaine de compétition.
  • Un banc qui pourrait ne pas permettre de faire tourner. Il faudra surtout éviter les bobos parmi les titulaires pour continuer à se donner toutes les chances de faire bonne figure sur le terrain.

L’avis d’Olivier Magne

« Je ne vais pas vous cacher que pour moi le Chili c’est l’inconnue totale. Cela va être intéressant de suivre des joueurs qui vont donner le meilleur d’eux-mêmes pour offrir la meilleure image possible du rugby chilien. Ils ont créé une belle surprise en battant les Etats-Unis, un match à haute pression car qualificatif pour leur première Coupe du monde et qu’ils ont parfaitement géré. »

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