Après avoir aidé Tremblay à retrouver la première division, Cyril Dumoulin confirme qu’il possède encore de beaux restes à 40 ans. En fin de contrat avec Tremblay, le doyen de la StarLigue exprime son envie de continuer encore sa carrière et de trouver un nouveau projet après cette saison. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.
Comment allez-vous ?
Tout va bien. Nous avons terminé la première partie de saison et tout va bien. On fait bonne figure avec Tremblay. On est dans les clous. Dans un projet à 20 points, car la densité du championnat, fait que le maintien ne se jouera pas à 14 points. Il faudra se trouver un peu de marge pour être tranquille. On ne veut pas se mettre en danger. Mais la première partie est encourageante.
Après trois ans d’absence, êtes-vous surpris par la densité de la StarLigue ?
Quand j’ai découvert la ProLigue, il y a trois ans et pendant trois saisons, j’ai vécu déjà une densité supérieure que peu de gens peuvent imaginer. Quand on voit le parcours de l’autre promu, Istres, on constate bien que plus personne n’est vraiment largué. Il y a un rapprochement de niveau. Dans les matches, il y a plus d’intensité.
La moindre erreur compte plus cher qu’en ProLigue. Une défaite peu vite nous rapprocher de la zone rouge. On pensait que la lutte pour le maintien concernerait trois-quatre équipes mais, aujourd’hui, on peut dire qu’elle est encore d’actualité pour la moitié du championnat. Il est encore trop tôt pour s’estimer tranquille.
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« Ça fait bizarre de jouer face à des fils d’anciens coéquipiers ou d’anciens adversaires »
Comment jugez-vous cette équipe de Tremblay cette saison avec un savant mélange d’expérience et de jeunesse ?
C’est l’équipe qui nous fait du bien. C’était notre force la saison passée. C’est le mélange parfait que d’avoir des jeunes et des anciens. C’est une équipe qui sera moins rapide et percutante. Dans la durée, elle peut s’essouffler quand il y a trop de jeunes et que ça va dans tous les sens.
C’est important quand on construit une équipe de trouver le juste équilibre. Il faut aussi bien miser sur des potentiels confirmés, mais aussi des joueurs qui peuvent éclore. L’expérience peut toujours aider à certains moments dans la saison. Mais c’est encore long. L’équilibre reste fragile et ça peut vite être remis en question.
Etes-vous heureux de retrouver la StarLigue et de revenir, trois ans après, toujours aussi performant ?
Je prends toujours autant de plaisir et je suis heureux d’avoir retrouvé la StarLigue un peu plus tard que prévu (sourire). Je suis content de revoir des joueurs que j’ai beaucoup connus et côtoyés. A moi de faire en sorte que ça dure le plus longtemps possible.
Comment se sont passés les retrouvailles avec Nantes lors de la 7ème journée (30-24) ?
C’était exceptionnel. J’y étais retourné quelques fois, mais jamais pour y jouer sur le terrain avec un autre maillot que celui du H. Il y a eu beaucoup d’émotions et un très bel accueil. Je n’oublierai pas ce moment. J’étais heureux de retrouver de nombreux visages familiers. C’était chaleureux. Ce que je ressens pour ce club n’est pas le fruit du hasard. Il y aura le retour aussi à Chambéry. Ça fait plaisir.
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« À 40 ans, j’ai encore la flamme »
Qu’est-ce qui vous anime encore à 40 ans ?
Je ne suis pas surpris d’avoir toujours la flamme au quotidien. C’est plus autour de moi que l’on pensait qu’elle allait s’éteindre plus rapidement. Je fais encore tout ce qu’il faut pour pouvoir la vivre pleinement. Je ne me pose pas de questions. Si je veux me faire plaisir, il n’y a qu’un seul prix à payer, c’est au quotidien en faisant la préparation qu’il faut.
Le fait de voir votre génération s’arrêter au fil des saisons ne vous met-il pas un coup ?
(Sourire) Ça fait bizarre mais, le plus perturbant, c’est surtout de jouer face à des fils d’anciens coéquipiers ou d’anciens adversaires. Certains joueurs que j’ai vus naître comme Yanis Busselier (Cherbourg). J’ai joué avec son père (Laurent) pendant 10 ans à Chambéry. Je l’ai vu naître à l’hôpital. Il doit y avoir une dizaine de joueurs dans ce cas. C’est une chance de vivre cela. Ça fait longtemps que je m’éclate sur le terrain et tout le travail que je fais encore aujourd’hui continue de payer.
Les jeunes ne vous font-ils pas sentir que vous êtes l’ancien ?
Il y a une forme de respect. Il y a forcément un décalage de culture, mais c’est intéressant de découvrir les gens, de tous horizons, de tout niveau social, de toutes origines… Maintenant de tous âges également (sourire). Le handball a changé depuis mes débuts. Tout va plus vite et la puissance est omniprésente. La vitesse de jeu et le nombre de shoots ont clairement augmenté. L’évolution est phénoménale depuis mes débuts. Je suis un témoin privilégié de cette évolution.
Cyril Dumoulin dans le doute à Tremblay ?
En fin de contrat avec Tremblay, quel sera la suite pour vous ?
Je suis en pleine réflexion. Il est déjà acté que je ne continuerai pas l’aventure avec Tremblay. Mais j’espère encore trouver un projet qui me permet de continuer et d’encore me bouger. J’ai l’envie de continuer à prendre du plaisir dans une aventure. Si je n’ai pas de proposition idéale, peut-être que je prendrai la décision qui s’impose.
Aujourd’hui, je sais que j’ai les jambes et tout dans la tête pour apporter à une équipe et dans un projet. Peut-être un an ou deux. Quand je vois cette saison, je sais que je peux espérer encore continuer. Je régule tout par le plaisir. Si je ne suis plus bon, c’est que le plaisir ne sera plus là. Tant qu’il est là, c’est que je peux apporter à un groupe et faire des arrêts.
Après la Covid, je m’étais interrogé, mais on avait su me remotiver pour continuer. Je ne le regrette pas et je ne peux que les remercier. J’ai trouvé mon équilibre qui me permet d’avancer chaque jour. Mais la suite est déjà enclenchée avec l’académie Dumoulin et Myhandball.fr car j’ai envie de conserver ce lien avec le hand, pour apporter des choses, même quand je ne serai plus sur le terrain.