vendredi 19 avril 2024

Eric Winogradsky se souvient  : « J’ai battu mon modèle Edberg ! »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Vainqueur en 1987 de l’aérien Stefan Edberg au 2ème tour de Roland-Garros (7-6, 7-6, 7-5), le natif de Neuilly-sur-Seine Eric Winogradsky n’a pas oublié ce jour de gloire.

Le 27 mai 1987 vous battez Stefan Edberg (7-6, 7-6, 7-5), n°3 mondial au 2ème tour de Roland-Garros. Dans quel état d’esprit vous trouviez-vous à l’époque ?

J’étais en confiance. J’avais commencé à travailler quelques mois auparavant avec Georges Goven. Il m’avait beaucoup apporté. Mais je rencontrais tout de même le troisième mondial. J’étais pour ma part aux portes du top 100 mondial (152ème, Ndlr). J’avais pas mal progressé et gagné pas mal de places. Seulement je n’avais pas suffisamment affronté de joueurs de ce niveau.

En plus, c’était la première fois que je jouais sur le Central. C’est toujours une expérience à part. C’est un court immense avec beaucoup de recul. On a tendance à beaucoup reculer justement sur ce court. Il ne le fallait surtout pas et encore moins contre un joueur comme Stefan Edberg.

Le but était le plus possible de l’empêcher de prendre du terrain. Je me souviens aussi que c’était le jour des enfants. Ils expriment toujours leur joie. Dans ce contexte si particulier, le Central est encore différent. Il y a encore davantage de bruit. Ce jour-là, il ne faisait pas beau du tout. Le match avait d’ailleurs été arrêté.

Cela m’avait rendu service (sourire). J’avais pu, pendant l’interruption, recevoir les conseils de mon entraîneur. J’avais pu également voir ma femme et un de mes anciens entraîneurs quand j’étais en sportétudes à Bordeaux. Cela m’avait finalement permis de me remettre sur de bons rails. Mais il y avait tout de même pas mal de paramètres à prendre en compte lors de cette rencontre si particulière (sourire).

Tout en sachant que Stefan Edberg était un peu mon modèle. C’était d’autant plus intéressant de le jouer qu’il avait une identité de jeu un peu similaire à la mienne.

« Le match a été arrêté, ça m’a rendu service (sourire). »

Vous saviez donc ce que vous aviez à faire en entrant sur le court face à lui…

On jouait un peu de la même manière, mais lui bien mieux que moi (sourire). Je savais que je n’allais pas avoir de grosses surprises concernant sa manière de jouer. Grosso modo on faisait service-volée derrière une bonne première balle. Mais le mauvais temps ce jour-là avait rendu les conditions de jeu différentes.

Elles étaient toutefois similaires pour nous deux. La balle giclait beaucoup moins. Qu’elle aurait été l’issue du match si les conditions de jeu avaient été plus sèches ? Je l’ignore. J’ai surtout retenu que j’avais fait un bon match dans les domaines où il fallait être bon.

Je savais pertinemment que la qualité de ma première volée était primordiale. Et sur les jeux de retour j’avais essayé de le faire jouer le plus possible. De mémoire, j’avais bien réussi.

Et dans les jeux décisifs (il y en a eu deux), je devais lui prendre au moins un point, voire deux. Sur le match, je n’avais pas eu beaucoup de balles de break. Mais sur la fin de rencontre j’avais bien saisi ma chance. Edberg avait notamment été surpris par un retour en revers long de ligne recouvert de ma part. Bref, j’avais fait une bonne partie.

Pensez-vous qu’un effet de surprise a joué en votre faveur ?

On se connaissait tout de même tous les deux. Nous étions à peu près du même âge. On s’était joués en double. Dès la catégorie de jeunes, on se suivait. Après, il avait beaucoup plus progressé que moi et il était allé plus haut bien évidemment.

Cet exploit a été d’autant plus remarquable que vous aviez bénéficié d’une invitation.

Tout à fait car je n’étais pas dans les cent premiers mondiaux. Mais j’avais gagné ma place grâce à mes bons résultats lors de ma première partie de saison.

« C’était la première fois que je jouais sur le Central »

Un tel exploit serait-il possible aujourd’hui ?

Cela peut arriver. Mais de nos jours il y a beaucoup moins d’écarts entre les très bons joueurs et les tout meilleurs mondiaux. A mon époque, il arrivait plus fréquemment de voir un top 3 ou 4 battre très sévèrement un top 20. On le constate bien moins dorénavant. Cela n’arrive presque jamais pour ainsi dire.

Votre victoire contre Edberg à RolandGarros est-elle le meilleur moment de votre carrière ?

Un des meilleurs sans aucun doute. Cela a marqué. La preuve (sourire). C’était à Paris, sur le Central de Roland-Garros. C’est forcément un bon souvenir. Mais j’en ai d’autres aussi…

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