Vainqueur de Nancy en finale de la Leaders Cup (79-79 ; 78-90), l’ALM Evreux Basket Eure de Fabien Paschal (MVP de la finale) a remporté le premier trophée de son histoire. Une erreur réparée pour l’un des rares clubs à avoir participé à toutes les saisons depuis la création de la LNB en 1987. Entretien pour Le Quotidien du Sport et France Basket.
Cette victoire en Leaders Cup est-elle le moment le plus fort de votre carrière ?
Je voulais ce trophée, surtout pour la ville d’Evreux. C’est le premier trophée de l’histoire du club qui avait perdu en finale de Pro B en 2016 contre Le Portel ce qui leur aurait permis de monter en Pro A. Là, on a réussi à marquer l’histoire ! Pour l’équipe, c’était également très important après tout ce qu’on a vécu, les hauts et les bas, la saison qui était mal partie. Ce trophée est une récompense de notre rush en janvier-février. On était sur une bonne dynamique. On a vécu une Leaders Cup très intense avec un changement de règle en cours de route. S’imposer, au final, à l’extérieur, c’est encore plus fort !
Ce n’était pas écrit après le nul à l’aller…
Même en demi-finale, ce n’était pas gagné en ayant perdu de 18 points à Quimper (8466). Au retour, on voulait simplement gagner. Quand, au deuxième quart-temps, on s’est rapproché des 20 points d’écart, on a senti qu’on pouvait aller en finale. C’est ce qui s’est passé (92-73, Ndlr). En finale, on a retrouvé nos amis nancéiens qu’on avait déjà battus chez eux une semaine avant (82-94, Ndlr). On savait donc comment les attaquer et finir à égalité à la maison était le meilleur scénario. Au moins, il n’y avait pas à calculer, il fallait gagner à Nancy pour avoir le trophée !
Fabien Paschal, MVP surprise
Cerise sur le gâteau, vous êtes élu MVP !
Je ne savais même pas qu’il y avait ce trophée ! C’est Shekinah Munanga qui m’a appris que j’étais MVP sur les deux matches cumulés (18 points et 11 rebonds à l’aller, 18 points et 7 rebonds au retour, Ndlr). Ce n’était pas un but, mais c’est une reconnaissance en plus pour tout le travail accompli ces années.
Comment a été vécue cette victoire à Evreux ? Il paraît que vous avez paradé sur un bus à impériale !
On a fêté ça pendant une semaine, avec la ville, la famille… On a été reçus à la mairie, on a fait un tour en bus avec les gens qui couraient derrière. C’était sympa. Il faisait froid, mais Evreux a répondu présent. Ce n’est pas le trophée le plus prestigieux, mais c’est un trophée à prendre et ce n’est pas le plus facile. Ce n’est jamais facile de jouer sur deux tableaux. Les équipes qui jouent l’Euroligue en savent quelque chose. En plus, c’est un ticket pour les play off. Ce n’est pas négligeable.
Cette victoire vous a libérés pour la fin de saison.
Ce qui est sûr, c’est que par rapport au basket qu’on produit notre équipe n’avait rien à faire en bas de tableau. On aspirait donc à être plus haut, à être dans le top 9, le top 7.
Allez-vous jusqu’à rêver de la montée ?
On commence à calculer à quelle position finir pour avoir le meilleur adversaire pour la suite.
Pourtant, mi-décembre, le club n’était pas au mieux, au niveau de la zone rouge avec 2 victoires en 10 rencontres…
On a eu des blessés, des recrues qui ne fonctionnaient pas avec notre collectif, des joueurs qui ne jouaient pas à leur poste, on n’avait plus trop de meneur. On faisait beaucoup de rafistolage et on déjouait. Ben (Fofana) et Paolo (Marinelli) nous ont rejoints, deux changements gagnants. Quand tout le monde a retrouvé sa place et son jeu, c’est parti ! La saison a « commencé » à ce moment-là et ça nous a complètement relancés.
Mettriez-vous une pièce sur Evreux pour la montée ?
Si on montait, ce serait une belle histoire, la plus belle de l’histoire de la Pro B ! Les anciens nous parlent du temps où le club était en Pro A, mais c’est trop loin.
La victoire en Leaders Cup doit vous donner de la confiance.
Clairement ! Surtout quand on voit contre qui on a joué. Vichy, Quimper, Nancy, ce n’est pas n’importe qui. Ce sont des grosses teams avec de gros cv.
Vous avez débuté au Havre. N’avez-vous pas songé à y retourner alors que le club a un gros projet ?
C’est dans un coin de ma tête. Avant la fin de ma carrière, j’y retournerai faire au moins une saison. Le Havre, c’est ma maison. J’y retourne souvent. C’est sentimental.
« Je n’ai pas envie d’être en Betclic Elite juste pour y être »
Vous avez connu la Pro A avec Le Havre et Gravelines, la dernière fois en 2015/2016, mais vous avez finalement plus joué en Pro B qu’en Pro A. Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
J’ai fait des choix pas forcément judicieux. Au lieu d’aller à Gravelines (en 2014/2015, Ndlr), j’aurais dû faire une année en plus. Mais c’est comme ça et je ne regrette rien. En faisant ces choix-là, j’ai rencontré des personnes qui m’ont fait grandir. Sans ces choix, peut-être que je n’aurais pas gagné la Leaders Cup et que je n’aurais pas eu le trophée de MVP…
En 2018/2019, vous êtes même redescendu en N1 au Havre.
J’ai connu deux descentes en clubs. Il faut savoir se remettre en question. Après la descente en N1, je n’ai pas trouvé de club. Je fais finalement une pige à Evreux (Pro B). A Noël, je retourne au Havre avec qui on perd en finale contre Saint-Quentin d’un point sur un shoot au buzzer. Et depuis je suis à Evreux. Tout cela forge le caractère. On n’a plus envie de revivre ce genre de chose et aujourd’hui le travail paye.
Serez-vous encore à Evreux la saison prochaine ?
C’est la question que tout le monde me pose ! (rires) Je suis en fin de contrat, mais je ne sais pas encore.
N’avez-vous pas envie de retrouver l’élite ?
C’est toujours dans un coin de ma tête. Après, il faut avoir un projet. Je n’ai pas envie d’être en Betclic Elite juste pour y être. Si j’y vais, c’est pour avoir un rôle, pour jouer et surtout pour prendre mon pied. Si ce n’est pas le cas, je vais être frustré et autant être dans une top team Pro B et m’éclater. Ça dépend aussi du coach. Donc à voir…
Avez-vous le sentiment de réaliser votre meilleure saison ?
Oui, clairement. Je suis arrivé à maturité, à mon prime (sic), je suis plus stable mentalement, physiquement, je suis plus attentif. Je sais ce que je fais, je me précipite moins. J’ai moins de déchets donc je suis beaucoup plus efficace. Ça se voit sur certains matches où dès que j’ai la balle tout le monde me trappe. C’est gratifiant car ça veut dire que je suis une menace, mais c’est chiant aussi car ça m’empêche de jouer mon jeu.