Pièce maîtresse de l’équipe de France, le meneur de jeu de 34 ans, Thomas Heurtel bien que très performant en club, n’a plus le droit de jouer avec les Bleus depuis qu’il évolue en Russie, au Zénith Saint-Pétersbourg. Lui est prêt à porter de nouveau le maillot de l’équipe de France. Certains joueurs militent pour. Un retour qui néanmoins divise…
Thomas Heurtel (34 ans, 99 sélections) se trouve au zénith de sa forme au… Zénith depuis qu’il y a signé pour une année optionnelle. Problème, il lui est interdit de porter le maillot de l’équipe de France depuis qu’il évolue en Russie dans le club de Saint-Pétersbourg. Pourtant, quand il a rejoint cette équipe russe en septembre, trois jours après l’Euro… il savait qu’il serait interdit d’équipe de France.
Le meneur de jeu a toujours assumé son choix qu’il soit à la fois financier et sportif. Dans le même temps, il ne ferme pas la porte aux Bleus. La Coupe du monde et les Jeux Olympiques se profilant. Le natif de Béziers est forcément animé par de grosses ambitions.
En équipe de France, Heurtel a toujours été investi. Son gros palmarès plaide en sa faveur. Sauf qu’une charte avait été imposée aux joueurs. Pour pouvoir jouer en équipe de France, il fallait la signer. Le communiqué de la FFBB du 1er août dernier était très clair :
Jouer en Russie est devenu impensable
« Les joueurs, joueuses et staffs des équipes de France ne seront plus sélectionnables s’ils signent un contrat avec un club russe ou biélorusse tant que le conflit est en cours. Si cet engagement n’était pas respecté, le joueur, la joueuse ou le membre du staff ne respecteraient plus les critères de sélection pour les prochaines échéances internationales, incluant les Jeux Olympiques 2024 ».
Le 26 février, en marge du match de l’équipe de France contre la Lituanie, le président de la FFBB Jean-Pierre Siutat s’est montré ferme. En l’état, il a fermé la porte à un retour du joueur en sélection :
« Je suis ravi que l’équipe de France intéresse les joueurs, a déclaré le président. Le problème est relativement rare. Il ne faut pas mélanger sport et politique. Le bureau politique a pris cette décision. Seul le bureau fédéral peut la modifier. Aujourd’hui, il n’y a pas débat. Thomas ne fait pas partie des joueurs sélectionnables ». Dans une interview à L’Equipe, le joueur se met clairement à la disposition de l’équipe de France, tout en restant ancré dans ses convictions.
« Heurtel a signé en Russie, il faut qu’il assume »
Certaines phrases retiennent particulièrement l’attention pour ne pas dire étonnent… « D’abord quand j’ai signé la charte je n’avais pas encore choisi le Zenith. Je dois d’abord penser à moi. C’est toujours un honneur de porter le maillot de l’équipe de France. Mais je pense d’abord à ma famille, à mon futur, à mes enfants. Si économiquement et pour le basket c’est mieux de rester ici, je resterai ici. Et si je n’ai rien d’autre, qu’est-ce que je fais ? C’est sûr que cela m’emmerde de ne pas être en équipe de France. Après, quel rapport avec moi et ce que fait le gouvernement russe ? Cela ne veut pas dire que je cautionne ce qu’ils font. Je ne prends pas l’argent des gens qui tuent… ».
Le médaillé d’argent aux JO de 2000, Frédéric Weis, reconverti consultant, essaie de dénouer cet épineux dossier :
« Ma position sur le sujet est au départ : pourquoi Heurtel n’aurait-il pas le droit de travailler partout et notamment en Russie. Il existe des acteurs du basket en tant que représentants télévisuels ou autres qui viennent de là-bas. On continue à avoir des négociations avec eux. Je ne vois pas pourquoi on arrêterait. Il y a aussi une charte. Elle a la valeur qu’on lui accorde. Mais à partir du moment où tu la signes, et que tu t’en vas en Russie, tu dois assumer les conséquences d’avoir signé là-bas. Je suis le premier à le défendre sur le fait qu’il aille en Russie s’il le veut. L’Etat ne t’empêche pas d’y aller. Sauf que tu avais un deal avec ta fédération. »
« En signant la charte et que tu partais là-bas, tu ne pouvais plus jouer en équipe de France. Donc tu assumes. Et peu importe tes performances. Les siennes sont plutôt très bonnes en club, mais il ne fait pas l’Euroligue. Ce n’est donc pas le même niveau. Ce qui me dérange beaucoup, c’est son interview. Elle est très mauvaise. Encore une fois, sur les droits, je trouve qu’il est en capacité de le faire. S’il fallait tenir compte de tous les conflits, on ne pourrait jouer nulle part ou quasiment. »
L’interview d’Heurtel a mis le feu aux poudres
« Mais attention, n’oublions surtout pas qu’à la porte de chez nous, cela bombarde les écoles maternelles ! Dans cette interview, le discours de Heurtel est complexe, pour ne pas dire que sa communication est catastrophique. Il tient un discours un peu désinvolte et curieux. Ses réponses, à mon sens, ne sont pas bonnes pour son image. »
« J’en ai parlé avec pas mal de gens qui m’ont répondu la même chose. Alors au départ je suis plutôt d’avis de le réintégrer (des joueurs comme Evan Fournier et Nicolas Batum sont également pour, Ndlr). Mais suite à cette interview, son image a été un peu écornée. Cela va être compliqué. Ce serait une grande tristesse de ne plus le revoir en équipe de France. On sait ce qu’il peut apporter avec ses qualités offensives. Après, il faut avoir une ligne de conduite. Et ce même si je ne suis pas forcément favorable à la charte au départ… ».
Pour l’heure, tant que Heurtel, qui n’a jamais été un grand fan des médias, on en sait quelque chose, est en Russie, la situation semble bloquée. L’équipe de France en pâtira-t-elle ? Ne dit-on pas que personne n’est irremplaçable ?