vendredi 1 décembre 2023

Gilles Derot : « A Istres, on ne peut jamais se relâcher »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

A Istres depuis 23 ans, à la tête de l’équipe première depuis dix ans, l’ancien international accompagne à 60 ans pour la seconde fois son club en ProLigue après cinq saisons de StarLigue. L’occasion de faire le point avec lui sur sa carrière, le statut de son club, l’évolution du handball. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.

Que retenez-vous de ce premier bloc de matches de la saison ?

Si tant est que nous puissions être ambitieux à domicile, nous n’avions enregistré qu’une contre-performance face à Pontault (30-32). L’autre défaite à Tremblay (38-34) est plus logique même si nous étions encore loin de ce qu’on pouvait produire défensivement comme offensivement. Disons que notre début de saison était dans la lignée de ce qu’on devait faire à ce moment-là.

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« L’été a été très long »

La descente est-elle digérée ?

Je ne vous cache pas que les mois de juin et juillet ont été longs et difficiles à vivre. Heureusement, depuis la reprise, le groupe ayant beaucoup changé, on est passé à autre chose.

En tant que coach istréen depuis dix ans, comment vivez-vous ce retour dans l’antichambre de l’élite ?

Istres est un club où il fait bon vivre, je n’y suis pas depuis aussi longtemps sans en avoir conscience, mais qui est aussi difficile à vivre. Je m’explique. Lorsqu’on est en ProLigue, on bataille pour monter, et lorsqu’on est en StarLigue, on bataille pour ne pas descendre (sic).

La marge est toujours très étroite qui ne nous permet jamais de nous relâcher à une dizaine de journées de la fin pour éventuellement préparer déjà la saison d’après en toute sérénité. Ici, on doit s’accrocher tout le temps, jusqu’au bout. Ceci-dit, le club a un historique important en StarLigue, l’ambition est évidemment d’y remonter le plus vite possible.

N’est-ce pas usant à force ?

La passion aide à surmonter les aléas d’une saison, l’obligation d’être sans cesse sous pression. C’est aussi un choix de vie personnel que j’assume pleinement.

Ne risquez-vous pas de regretter de ne jamais avoir tenté de relever un défi ailleurs ?
Il y a eu des opportunités… que je ne regrette pas de ne pas avoir saisies. Certaines m’auraient bien plu, mais je n’ai qu’un regret dans le handball ; les JO de 1992 (non sélectionné aux JO de Barcelone où la France atteint le podium pour la première fois en raison de la naissance de son fils, Théo, Ndlr) !

« Lorsqu’on est en proligue, on bataille pour monter, et lorsqu’on est en starligue, on bataille pour ne pas descendre… »

Eu égard au statut de votre club, on a l’impression que vous ne pouvez pas faire autrement que d’agir une saison sur l’autre, sans beaucoup plus de visibilité. On se trompe ?

Pas forcément. Cette saison, nous avons bâti un effectif avec l’objectif de monter dans les deux ans. Mais si on y arrive avant, on prend ! L’équipe dirigeante se projette sur le moyen terme avec l’ambition d’aller chercher des moyens financiers plus importants. Pour gagner en stabilité, nous devons franchir une étape supplémentaire.

A 60 ans, vous êtes le doyen des coachs de ProLigue. Ça vous inspire quoi ?

Pas grand-chose, sinon que je ne me vois pas l’être encore à 80 ans (rires) ! On voit bien des joueurs arriver à maturité de plus en plus tard, après avoir accumulé beaucoup d’expérience, c’est la même chose chez les entraîneurs. Même si, lorsque je regarde les anciens comme moi, que je vois partir Patrice (Canayer) ou Thierry (Anti), je me dis qu’ils vont me manquer.

Gilles Derot encore dans l’adaptation à Istres

Etes-vous toujours en adéquation avec le handball moderne, les nouvelles générations de joueurs et de coachs ?

On se doit de s’adapter à l’évolution du handball. Ce n’était ni mieux, ni moins bien avant, c’était juste différent. Dans les sports co, où le fonctionnement était plus hiérarchique avant, on a tendance à stigmatiser les comportements d’une nouvelle génération qui fait preuve de moins de patience, qui veut tout gagner très vite.

Ce n’est que le reflet de notre société. A nous, les anciens de remettre les valeurs au centre du jeu, de ne pas lâcher sur ça. Même si, à l’image d’effectifs de moins en moins stables et de l’intrusion de l’argent, on sent que, petit à petit, ça lâche quand même.

Même dans un club comme Istres ?

Cette année, avec une dizaine de nouveaux joueurs, il est difficile de trouver un amalgame. Mais ça va venir. A chacun de trouver sa place dans le groupe, son statut. La solution est entre les mains des clubs qui doivent se structurer pour avoir les moyens de fonctionner avec un noyau de joueurs sur lesquels s’appuyer, ceux capables de véhiculer les valeurs qui nous sont chères.

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