lundi 29 mai 2023

Gonzalo Quesada (Stade Français) : « Champion, ce serait encore plus fort qu’en 2015 ! »

Stade Français - Racing 92 (21h05)

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Même s’il ne sera plus l’entraîneur du Stade Français la saison prochaine, Gonzalo Quesada, l’ancien ouvreur international argentin aspire à terminer sur la plus belle note possible. Entretien réalisé pour Rugby Magazine et Le Quotidien du Sport.

Il y a six mois, auriez-vous imaginé le Stade Français aussi haut au classement ?

Il y a deux saisons, on a fait un bilan. On a revu notre façon de travailler. La saison dernière, on n’a pas pu mettre en place tous les changements désirés (le club a fini 11ème, Ndlr). Pour cette saison, on a recruté des joueurs avec l’état d’esprit adéquat dans le but de mettre sur pied une équipe plus équilibrée. Car depuis mon arrivée (en 2020, Ndlr) il y avait un peu de déséquilibre en termes d’effectif.

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Avec Julien Arias et Laurent Sempéré, on a très bien travaillé. Ce sont deux excellents entraîneurs avec lesquels je m’entends parfaitement. Je ne m’attendais pas à figurer parmi les deux, trois premiers, mais au moins à réaliser une bien meilleure saison. Donc ce n’est pas forcément une grande surprise. On voulait travailler pour essayer de se qualifier dans les six. On est pour l’instant dans les clous.

Quelle est la grande force de votre groupe ?

Quand on a démarré la saison, le premier jour, j’ai fait un grand cercle au milieu du terrain.

Avec des chaises, on s’est mis tous ensemble. Sans écran et sans présentation vidéo. On s’est regardés les yeux dans les yeux. Cet été, je ne suis pas parti en vacances. Je suis resté au club pendant cinq semaines. J’ai bien réfléchi au fait que l’an dernier on n’a pas eu un groupe qui avait l’état d’esprit et le caractère requis. Il existait aussi beaucoup de choses sur le projet de jeu qu’il fallait analyser à nouveau. A mes yeux, il était essentiel de bien penser l’identité et la culture qu’on voulait inscrire pour notre équipe.

Du coup, cette grande force actuelle se remarque dans ce projet d’équipe et dans cette culture. Les joueurs ont vraiment adhéré. On a su créer un profil d’équipe avec une identité propre. On s’appuie complètement sur certaines valeurs et engagements. Cette notion de groupe demeure notre plus grande force. Sur le plan du jeu, on a bâti une belle conquête et une belle défense. On retrouve aussi progressivement une attaque intéressante.

Gonzalo Quesada a redonné le sourire au Stade Français

Un joueur très expérimenté comme Morgan Parra a rejoint votre équipe. Mais que dire des jokers comme Vincent Koch et Sitaleki Timani ?

Cet été, avec Thomas Lombard, on a été bons. En libérant certains joueurs à haut profil ou internationaux comme Yoann Maestri, Tolu Latu, Tala Gray, Antoine Burban, Waisea (Nayacalevu, Ndlr), et j’en oublie, cela a fait une dizaine de joueurs. On en a ensuite recruté d’autres très bons, pas encore internationaux comme Peyresblanques, Habel-Kuffner ou Pesenti. Forcément, on s’est retrouvé avec de la marge au salary cap.

Quand on a vite évalué qu’on disposait d’un groupe équilibré, on s’est dit qu’il valait mieux conserver cette marge et un budget. En estimant qu’en cas de soucis, on aurait cette capacité de réagir en prenant des jokers ou des joueurs supplémentaires. Cette décision a été la bonne. On a bien fait de ne pas utiliser toutes nos places pour les joueurs supplémentaires et jokers en nous gardant un budget.

Rêvez-vous secrètement au titre de champion de France ?

On a forcément le classement et les résultats dans un coin de notre tête, mais on est vraiment axés sur la performance et notre fonctionnement. Si on fait les choses dans l’ordre, les résultats suivront. Quand on regarde notre calendrier et les grosses équipes qu’on doit affronter, cela serait totalement de la folie de trop se projeter. Il n’empêche qu’on veut rester au plus haut au classement en se préparant à toute éventualité. Mais franchement on ne veut pas se tromper en regardant trop loin.

Si c’était le cas, la joie serait-elle plus intense qu’en 2015 ?

En 2015, la joie avait été gigantesque. Ce titre avait été construit dans une certaine stabilité. On m’a donné les moyens d’organiser un staff, avec un effectif et un fonctionnement. Avec ce processus, on a fini par être champions. Par la suite, on a moins pu construire dans un environnement stable comme tout le monde le sait. Des choses ont fuité dans la presse qu’il y avait un changement d’entraîneur de prévu. Cela a pu susciter un peu d’instabilité. Quand beaucoup de joueurs étaient en train de signer à nouveau un contrat, on leur a annoncé qu’on ne les gardait pas.

« Le club que j’ai retrouvé n’est pas le même que celui que je vais laisser »

Certaines personnes dans le staff ont été informées qu’elles n’allaient pas rester l’année prochaine. Dans ce contexte, si on venait déjà à se qualifier ce serait un superbe exploit et une magnifique aventure humaine. A partir de la qualification, tout ce qui sera fait ensuite sera encore plus fort. Tout cela pour dire que si l’apothéose devait arriver, ce serait encore plus intense. En 2015, on s’était donné les moyens. En 2023, ce serait davantage un exploit avec une bande de joueurs ayant décidé de ne pas gaspiller une saison qui s’annonçait compliquée.

Avec votre départ annoncé suite à une vision divergente, y vous verriez-vous une revanche personnelle ?

J’ai toujours essayé de regarder vers l’avant. Ce que j’ai toujours souhaité, c’est de faire évoluer les choses au club. Le club que j’ai retrouvé n’est pas le même que celui que je vais laisser. Si on finit bien la saison, je partirai avec beaucoup de fierté, celle d’avoir participé à laisser le club à un meilleur endroit que je ne l’ai trouvé. L’équipe était dernière avant la Covid. Notre culture était cassée et il y avait des soucis au niveau du sportif.

Désormais, on a un groupe de joueurs sains davantage dans la performance. On n’est pas encore un club ultra professionnel ou orienté dans la performance pure comme je l’aimerais. Cependant, on tend à se rapprocher de cela. Si on a des résultats, j’en serai très heureux car j’aime beaucoup ce club.

Finalement, je serai un des entraîneurs, voire celui qui a le plus entraîné le Stade Français (sourire). Si je peux quitter au plus haut le club à l’issue de ce deuxième cycle (après celui entre 2013 et 2017, Ndlr), ce sera déjà cela ! Je ne suis pas animé par un sentiment de revanche. Je continuerai à venir voir les matches. Avec Laurent Labit, le futur directeur du rugby du club, on échange beaucoup pour que la transition se fasse du mieux possible.

Le Stade Français s’est stabilisé

Quel paradoxe ce serait de voir un entraîneur champion de France partir !
Tout ce qu’on avait présenté durant l’été en terme de continuité, de stabilité, d’organisation on s’était réengagés pour deux ans avec le staff ce qui avait rassuré tout le monde en juillet/ août. Quand en septembre au sein du club, on a appris que tout cela n’était plus d’actualité après quatre, cinq matches, qu’il y avait pas mal de changements à tous les niveaux, se qualifier en fonction de tout cela déjà, ce serait du jamais vu et quelque chose qu’on ne reverra sans doute jamais.

Comment, dans ce contexte si délicat, avez-vous réussi à fédérer tous vos joueurs ? Ils doivent vous aimer beaucoup !

Je ne sais pas… A un moment donné, je me suis posé la question de continuer ou pas. Je suis entouré de très bonnes personnes avec mon staff. Si les résultats sont ce qu’ils sont actuellement, c’est aussi en grande partie grâce à la qualité des coachs. Avoir un tel soutien du staff et autant d’adhésion et d’affection de la part des joueurs, c’est très plaisant. Cette relation que j’ai avec les joueurs et même avec beaucoup de ceux qui ne sont plus là implique que j’ai fait ce métier.

Quesada dans le flous sur son avenir

Qu’allez-vous faire la saison prochaine ?

Il y a des idées, des projets, des échanges. Il y en a encore. Mon idée est de m’engager nulle part en juillet. Je vais finir au mieux cette saison, savourer et me reposer pour mieux emmagasiner de l’énergie, profiter de cette expérience et accepter un projet où les règles sont claires avec cette liberté de mettre en place ce dit projet, je ne vais pas me précipiter.

Je veux attendre un projet tel que je le conçois de A à Z avec un beau soutien en club ou en sélection. On avisera à partir de là. Pour l’instant, il n’y a rien de concret.

N’a-t-il pas été question que vous rejoigniez le staff de l’équipe de France ?
Il y a eu des bruits. Mais, pour l’instant, il n’y a rien de concret.

On a parlé de vous à Perpignan…

J’ai eu quelques contacts. Mais l’idée, comme je l’ai dit, était de ne pas prendre un club la saison prochaine et de m’y tenir.

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