jeudi 28 mars 2024

Quesada (Stade Français) : « Pour être au sommet, il faut de la stabilité »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Vainqueur du Bouclier en 2015 et du challenge en 2017, l’entraîneur argentin Gonzalo Quesada était des deux derniers titres du stade Français. de retour la saison passée, il a remis le cluB de la capitale au sommet du top 14.

Quels sont vos espoirs pour cette nouvelle saison ?

On a pour objectif de continuer notre progression. On a réussi une bonne phase aller la saison dernière en finissant dans le top 4 avant un passage à vide pendant l’hiver. Heureusement, on a bien fini et on a pu se qualifier pour les phases finales.

On a beaucoup travaillé pour nous assurer plus de consistance tout au long de la saison, ce qui nous permettra d’avoir des résultats. On a perdu quelques internationaux très importants, mais le groupe est quand même équilibré.

Votre président a parlé de titre. Cela vous met-il un peu de pression ?

Il y a quatre ans, il en avait beaucoup parlé, il y a trois ans un peu moins et il y a deux ans et l’an dernier beaucoup moins… (sourire) Il a compris que ça prenait du temps, qu’il fallait construire. L’ambition est toujours là, mais il connait très bien la concurrence en Top 14.

Les cinq équipes qui ont fini devant nous restent très solides. Et derrière il y a des équipes comme Lyon, Toulon, Castres ou Montpellier qui seront à la bagarre. Il faut donc avancer avec beaucoup d’humilité car la qualification sera plus compliquée cette saison.

Avant de rêver de titre, le Stade Français en phase de reconstruction

Est-ce à dire que les 14 équipes peuvent décrocher le Bouclier ?

Il y a vingt ans, on connaissait les demi-finales avant le premier match. Ensuite, cinq ou six clubs étaient candidats. Aujourd’hui, il y a au moins dix équipes qui peuvent être championnes, avec beaucoup de respect pour Biarritz, Perpignan, Brive ou Pau qui ont aussi de très beaux effectifs.

C’est même difficile de dire qui va descendre. Il faut donc rester très vigilant. Je pense néanmoins que Toulouse est un peu au-dessus de tout le monde.

En s’étant qualifié pour les phases finales, avez-vous remis le Stade Français à une place qu’il n’aurait jamais dû quitter ?

Des clubs comme Bordeaux, La Rochelle ou le Racing se sont construits sur plusieurs saisons avec de la stabilité. Laurent Marti, Jacky Lorenzetti ou Vincent Merling sont là depuis des années. Ils ont pris le temps de construire, avec une culture du travail.

Il n’y a pas de secret. Dans le même temps, le Stade Français a changé de présidents, d’entraîneurs, de projets… Tous les clubs qui dominent aujourd’hui le Top 14 sont construits autour de projets stables.

Désormais, on est sur la bonne voie, mais c’est seulement notre deuxième année, il ne faut pas s’emballer, construire, avoir des résultats et garder le cap. Si on réussit à avoir de la stabilité et un projet à moyen terme, on sera un candidat régulier aux phases finales.

« Je suis très attaché au Stade Français »

Vous étiez l’entraîneur des deux derniers titres du club (le Bouclier en 2015 et le Challenge en 2017). N’avez-vous pas plus à perdre qu’à gagner en revenant ?

C’est sûr que le mieux que je peux faire, c’est refaire la même chose ! En revenant, ce n’est pas un choix carriériste. Je suis très attaché à ce club. C’en est la preuve. Après le Stade Français et mes deux années aux Jaguares, j’avais des opportunités dans des clubs beaucoup plus stables et ambitieux.

Mais j’aime Paris et le Stade Français. Avec Thomas Lombard et le président, on est sur la même longueur d’onde. Tout est donc réuni pour changer l’histoire des dernières années du club.

Le club a recruté le Néo-Zélandais Laumape. Est-ce la star annoncée, votre Messi à vous ?

Ngani a plein d’envie et d’énergie, mais ce n’est pas le messie et il va lui falloir du temps pour s’habituer au Top 14 qui est un championnat très différent du Super Rugby, un championnat plus long ou les centres ont des rôles différents.

On avait besoin d’un centre expérimenté pour remplacer les deux énormes joueurs qu’on a perdus, Gaël Fickou et Jonathan Danty, certainement deux des meilleurs 12 du championnat voire les deux meilleurs.

Après, on fait confiance à des joueurs comme Alex Arrate et Julien Delbouis qui sont plus jeunes. Malheureusement, Julien s’est reblessé au genou, ce qui va encore l’éloigner sept ou huit mois. C’est un coup dur.

Gonzalo Quesada espère renforcer son socle de joueurs de club

Faut-il continuer à miser sur des internationaux qui ne sont pas souvent là ?

Ça ne concerne pas que les internationaux français car c’est encore pire pour ceux de l’hémisphère Sud !

L’idéal est d’avoir une très bonne base de joueurs de clubs, qui ne sont pas internationaux et qui sont là toute l’année, qui permettent de traverser les périodes les plus compliquées quand il y a des doublons et que les séries de matches s’accumulent.

Après, les internationaux relèvent aussi le niveau d’un groupe. C’est aussi une plus-value.

Avec Gaël, son statut d’international n’était pas un souci. Seulement il y avait une disparité salariale très importante au niveau de l’effectif. Tout est transparent et on respecte le salary cap, mais certains joueurs avaient de gros salaires ce qui limitait notre recrutement.

Deux centres sont partis, on a en a pris un plus un ailier-arrière polyvalent le joueur à 7 Harry Glover donc plus de départs que d’arrivées. Le gros challenge, ce sont les JIFF. On a beaucoup de postes avec des joueurs non JIFF donc il va falloir être très bon là-dessus pour respecter les quotas.

Le Stade Français privilégie l’équilibre de son effectif

N’auriez-vous pas aimé que votre président casse sa tirelire pour vous offrir comme celui de Toulon un Kolbe ?

Je n’ai jamais demandé un joueur spécifique au président. Mieux, quand dans les négociations avec Laumape on était à des chiffres que je trouvais trop importants j’ai même suggéré d’arrêter et d’explorer d’autres pistes sur des joueurs avec des salaires moins importants pour ne pas perdre l’équilibre.

C’est toujours sympa d’avoir un joueur aussi impressionnant et déterminant que Kolbe, mais j’aime aussi créer un groupe, une équipe, un collectif solide au-delà des individualités même si on a besoin de très bons joueurs pour aller loin.

Si j’avais pris un joueur sur lequel le club avait fait des efforts colossaux je ne sais pas comment je le vivrai et comment mon équipe le vivrait dans le vestiaire… C’est un risque pour un groupe.

« Au moins dix équipes peuvent être championnes »

Faut-il s’inquiéter pour le rugby avec ce genre de transfert ?

Il n’y a pas que ça qui est inquiétant. Beaucoup de jeunes joueurs aujourd’hui se trompent, avec un état d’esprit qui n’est pas très sain, très individualiste, très carriériste, qui a peu à voir avec les valeurs de notre sport.

C’est dangereux avec certains agents. Il faut donc faire très attention et ce type de transfert est un peu limite. Mais tant qu’il y aura le salary cap et que les clubs seront encore gérés par des gens sérieux, avec des valeurs, le rugby sera à l’abri. Le rugby doit rester un sport différent, qui véhicule des valeurs saines.

Un dernier mot sur l’arrivée de votre compatriote Lionel Messi au PSG. J

J’ai des amis chez l’équipementier du PSG. J’ai aussi une belle relation d’amitié avec Mauro Icardi. Je suis allé à la présentation au Parc, c’était super émouvant. Je suis en contact avec des gens pour pourquoi pas programmer une rencontre avec Leo ou le convaincre de venir nous voir jouer à Jean Bouin.

Retrouvez la version longue de cet entretien, dans Rugby magazine, en vente ici, ou chez votre marchand de journaux.

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