Dans un Tournoi exceptionnel, la France retrouve la recette du succès et valide un nouveau Grand Chelem grâce à une génération décomplexée par Jean-Claude Skrela, Pierre Villepreux et Jo Maso.
« C’est l’apothéose. Il y a un côté magique. Quand on est gamin, on espère y être un jour, enchaîner les victoires et remporter un Grand Chelem. Je n’ai pas eu la chance de monter avec un Brennus. Mais on est monté dans la tribune pour récupérer le trophée de ce Grand Chelem. On était fier d’avoir porté ce maillot et d’avoir battu toutes les équipes. »
Guy Accoceberry se rappelle de ce qu’il a ressenti au moment d’évoquer le Grand Chelem de 1997. A l’image des Bleus, le demi de mêlée a su s’inviter comme titulaire pour valider une performance historique lors du dernier match du Tournoi des 5 Nations et remporter le 5ème Grand Chelem de l’histoire des Bleus.
Dans une sélection alliant l’expérience avec Benazzi, le capitaine, Merle, Galthié, Penaud, Benetton, Dal Maso ou encore Ntamack, avec la jeunesse de nouveaux joueurs comme Pelous, Castaignède, Lamaison, Glas ou encore Venditti voire Leflamand qui finiront meilleurs marqueurs d’essais sur ce Tournoi. Au moment de démarrer son Tournoi, la France doit se rendre à Dublin et Lansdowne Road pour y affronter l’Irlande.
Dans un match accroché (12-12 à la pause), la France prend son destin en mains grâce notamment à trois essais de David Venditti en inscrivant 20 points dans les 20 dernières minutes alors que l’Irlande a pris l’avantage au score. La victoire tricolore 32-15 éteint l’Irlande et lance la France pour un Tournoi de rêve.
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La remontada contre l’Angleterre
Pour la 3ème journée de son Tournoi, la France reçoit le Pays de Galles. Bien lancée par des essais de Merle, Leflamand et Venditti, le Parc des Princes joue son rôle de 16ème homme et permet au XV de France de confirmer son succès inaugural avec une victoire 27-22 même si les Gallois étaient revenus à 3 points avant le deuxième essai de Laurent Leflamand.
De quoi s’offrir une première finale face à l’Angleterre lors de la 4ème journée. Dernière équipe invaincue avec la France, la formation anglaise, tenante du titre, veut profiter de l’avantage du terrain pour tenter d’aller décrocher un nouveau Tournoi, voire un Grand Chelem. L’essai de Lawrence Dallaglio juste avant la pause semble indiquer cette tendance avec un avantage de 8 points (14-6).
Après deux pénalités de Paul Grayson, la messe semble être dite avec 20-6 au tableau d’affichage. Mais Leflamand sonne la révolte et la France inscrit 17 points en moins de 20 minutes pour réussir un succès historique 23-20 avec 18 points de Christophe Lamaison ! De quoi offrir le droit de croire au Grand Chelem.
Galthié avait déjà fait grand bruit
Au moment de recevoir l’Ecosse au Parc des Princes, les Français sont concentrés avec notamment un Guy Accoceberry titulaire. Une belle revanche pour l’ancien titulaire au Mondial 1995.
« Deux ans auparavant, ils me pètent l’avant-bras lors du dernier match de poule à la Coupe du Monde 1995. Ce qui me prive de la suite de la compétition. Le destin me permet de jouer ce dernier match pour le Grand Chelem, au Parc des Princes… contre l’Ecosse. C’est un beau clin d’œil. L’ambiance est extraordinaire, tout comme le match. La victoire est large avec le tour d’honneur derrière. C’est un moment magique. »
« J’ai eu de la chance. Le Tournoi démarre et je ne suis pas dans le groupe. Fabien (Galthié) et Philippe Carbonneau sont présents. Fabien se pète en Irlande. Je rentre dans le groupe avant de voir Carbo se blesser juste avant l’Ecosse. Le staff décide de me faire jouer. Je me retrouve sur la pelouse pour le dernier match alors que j’étais devant ma télé sur le premier. J’étais l’escroc du Grand Chelem (sic). Je suis passé du canapé aux premières loges. »
Accocebery, du canapé à la pelouse du parc
La France s’offre un cavalier seul pour concrétiser ce Grand Chelem qui lui tend les bras. Avec un score de 26-13 à la pause, le Parc se prend à croire à une possible fête inédite à l’issue des 40 minutes restantes. S’il y a bien eu réaction de l’Ecosse avec deux essais d’Alan Tait, la France valide définitivement son succès 47-20 grâce à deux essais de Tournaire et Magne qui imitent Benazzi et Leflamand, déjà marqueurs en première période. Lamaison confirmant son statut de meilleur buteur tricolore en inscrivant 24 points au pied.
La liesse qui accompagne la victoire finale et la réception du trophée reste inoubliable pour beaucoup avec les mots de Bernard Lapasset, la soirée en smoking et la folie sur les bords de Seine. « Comme tout exploit, on s’en rend compte avec le temps, conclue Guy Accoceberry. Sur le moment, on en profite, on fête bien ça. Mais le quotidien vous rattrape. Ce n’est qu’une fois arrêté qu’on réalise. »
Avant de rajouter avec un large sourire. « Ce jour-là, les trois mi-temps avaient été très belles. » De quoi valider pour l’éternité le 5ème Grand Chelem de l’histoire des Bleus.
Le saviez-vous ?
Avant de jouer au Stade de France, l’équipe de France avait ses habitudes au Parc des Princes. L’édition 1997 du Tournoi des Cinq Nations restera à jamais la dernière des Bleus dans l’antre désormais réservée au Paris SaintGermain. Avant de voir le Stade de France devenir le terrain des nouvelles conquêtes du XV de France, le Parc s’est offert la plus belle des fêtes pour ses adieux au Tournoi.
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Le nombre d’années qui a séparé la victoire de la France (23-20) à Twickenham en 1997 et la précédente qui avait eu lieu en février 1987 (19-15). Tout un symbole car l’année 1987 était également la dernière où la France avait réussi un Grand Chelem.