L’ancien biarrot, Serge Betsen (63 sélections, 9 essais) se souvient de cette lutte acharnée contre les Anglais et l’envie d’en découdre pour décrocher ce nouveau Grand Chelem.
Quels souvenirs gardez-vous de ce Grand Chelem de 2004 ?
Le souvenir le plus fort a été contre l’Angleterre. Dimitri Yachvili avait réalisé un match incroyable au Stade de France. C’était une sorte de revanche par rapport à l’issue de la Coupe du monde. On avait perdu contre eux en demi. On avait vraiment envie de montrer à tout ce rugby européen qu’on avait quand même notre place à ce très haut niveau. On avait été chercher quelque chose de très profond en nous par rapport à cette échéance de Coupe du monde qu’on avait laissée échapper.
Le groupe France avait-il préparé de manière différente ce match décisif contre le XV de la Rose ?
Jouer les Anglais est toujours un match à part. Dimitri Yachvili avait notamment éclaboussé ce Tournoi. Il avait été exceptionnel. Mais, à travers lui, il y avait aussi une nouvelle donne dans cette équipe de France par rapport à la Coupe du Monde 2003.
Serge Betsen avec une colonne vertébrale en or
Dans votre zone de jeu, il y avait Julien Bonnaire et Olivier Magne. Comment aviez-vous vécu la cohabitation et traversé ce Tournoi personnellement ?
Je me suis toujours bien entendu avec mes équipiers, que ce soit Julien Bonnaire, Olivier Magne, Imanol Harinordoquy, Thierry Dusautoir… Il y a toujours eu de la concurrence saine et bienveillante. J’ai eu la chance de voir passer une génération de joueurs très talentueux. On était tous complémentaires et cela amenait quelque chose de très positif à l’équipe de France.
Peut-on comparer le bonheur du Grand Chelem de 2004 à celui de 2002 ?
En 2004, on était dans une forme de continuité par rapport à 2002. On n’avait pas changé de manager par rapport à deux ans auparavant. On avait quand même cette ambition de rester dominants. Bernard Laporte avait pour habitude de demander énormément aux joueurs et qu’ils soient compétitifs. Cet état d’esprit a été permanent dans son ère de manager. On se devait d’avoir un certain niveau d’inspiration visant la performance.
« Jouer à côté de Fabien m’inspirait énormément ! »
Quel genre de capitaine Fabien Pelous était-il ?
Jouer à côté de Fabien m’inspirait énormément. On ne sentait jamais qu’il avait peur. C’est d’abord quelqu’un qui en impose physiquement. C’était un joueur avec un très grand talent naturel. Jouer avec lui a toujours été facile. Il ne craignait personne et générait beaucoup de confiance.
Comment comparer la joie de victoires en Grand Chelem avec celles des Boucliers de Brennus ?
Ce sont quand même deux saveurs différentes. Mais le trait commun de ces deux objectifs et accomplissements réside dans la volonté collective de chercher à être le meilleur. Que ce soit en sélection ou en club, cette quête a été constante dans notre ambition commune. Les saveurs ne sont pas totalement identiques car en club les victoires finales peuvent prendre énormément de temps.
Dix ans parfois ou moins. Cela dépend des générations. Me concernant, à Biarritz, j’ai passé près d’une décennie avant d’être couronné. Il y a donc beaucoup de sacrifices et d’efforts à fournir pour parvenir à toucher ce Graal. Parfois on le touche et parfois non. Ce sont toujours des émotions magnifiques. J’ai eu la chance de pouvoir le toucher à trois reprises (champion de France en 2002, 2005 et 2006, Ndlr) avec une longévité dans ce club d’environ 17 ans.
Dans ce succès en 2004 et bien d’autres, on ne peut pas ne pas avoir une pensée pour le regretté Christophe Dominici…
(ému) Christophe, tout le monde connaît son talent. C’était un ami, un homme exceptionnel. C’est toujours émouvant que de parler de lui. Cela fait deux ans environ qu’il nous a quittés (le 24 novembre 2020, Ndlr). C’est toujours émouvant d’évoquer cette belle personne tant elle nous a marqués. C’est quelqu’un qu’on n’oublie surtout pas.