Inauguré en 1911, le stade Marcel Michelin est devenu, au fil des années, l’un des stades emblématiques du rugby français. Avec une ambiance particulière portée par la fameuse Yellow Army qui rend tout déplacement à Clermont difficile pour l’adversaire.
Les destins de l’ASM et de Michelin sont intimement liés et si le stade porte le nom du gérant du groupe Michelin, Marcel Michelin, c’est tout simplement car il est le fondateur du club, de l’AS Michelin tout d’abord qui deviendra ensuite l’AS Montferrand puis l’ASM Clermont Auvergne Rugby. Depuis 1911, l’enceinte en a accueilli des matchs, elle a aussi vu passer de grands joueurs français ou internationaux parmi eux Philippe Saint-André qui a évolué à Clermont pendant neuf ans (1988-1997) :
« C’est l’antre du rugby auvergnat, il est situé à côté des usines Michelin, dans le quartier de Michelin. Les ouvriers sont supporteurs du club depuis toujours, le contexte du lieu est très populaire. C’est un stade magnifique, qui a évolué avec son temps »
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20 000 places bouillantes au Michelin
Le Michelin est l’un des rares stades situé en centre-ville. Un emplacement qui n’a pas bloqué son développement. Entre 1968 et 2019, il a subi de nombreux travaux avec des tribunes supplémentaires, des espaces VIP et la construction d’un parc à thème unique en France, « l’Expérience ASM », dédié au rugby et au club. En 2013, le Michelin a aussi été doté de la première pelouse chauffée du Top 14. Malgré cette transformation, le stade n’a pas perdu son âme selon Philippe Saint-André :
« A mon époque, il y avait la tribune populaire qui était en bois. Il a très bien grandi, bien évolué. Maintenant il y a une brasserie, des loges, un restaurant, beaucoup de places de parking. Il a la chance d’être dans la ville et très bien desservi, on peut y aller en tram, en bus, à pied, à vélo sans problème. C’est un stade magnifique à taille humaine avec, quelles que soient les époques, un très bon public. »
« Tous les stades ont une identité, une histoire. A Clermont, la spécificité ce sont les couleurs jaunes et bleus, on est le seul club à avoir ces couleurs. Mais sa plus grande particularité, par rapport aux autres stades, c’est vraiment l’environnement avec la présence omniprésente tout autour des usines Michelin. »
Clermont conserve un public avec ses valeurs
A Clermont, le public a des valeurs, le club aussi et il n’oublie pas son passé et les anciens joueurs qui ont fait briller les couleurs du club. Tribune Auvergne, une plaque commémorative a été installée suite au décès en plein match amical en 1976 de Jean-François Philiponeau. A l’entrée du terrain, en sortant des vestiaires, les joueurs peuvent voir un panneau avec le nombre de victoires au Michelin.
En 2011, lors du centenaire du club, un nouveau panneau a été installé avec comme inscription : « Ici…100 ans d’histoire ».
« Quand on rentre sur le terrain, on sent le poids de l’histoire. J’ai vécu des derbys mémorables face à Brive. Mon premier match au Michelin était contre Toulouse en Du Manoir. On a gagné, j’ai marqué un essai improbable sur une mêlée enfoncée, je me suis pris pour un avant ce jour-là, j’ai aussi passé un drop, un des seuls que j’ai tenté dans ma carrière (rires). »
« Je connaissais cette pelouse comme ma poche. Même quand il fait froid, l’ambiance est toujours chaude. Il y a toujours une grande convivialité. Après les matchs, on allait à la bodega avec Philippe Marocco et Olivier Merle. C’était bon enfant » se souvient Philippe Saint-André.
Un mur jaune !
Bon enfant pour les Clermontois, mais pas forcément pour les adversaires, le stade ayant été désigné en 2014 par le site bleacherreport comme le plus intimidant dans le monde devant des stades mythiques comme l’Ellis Park (Afrique du Sud) ou Thomond Park, le stade du Munster avec comme critères la grosse ambiance mise par la Yellow Army. Un stade proche du terrain, une tribune Philiponneau sur trois étages donnant à la télé un effet de mur jaune. Philippe Saint-André :
« Un public de passionnés, qui connait le rugby et pas si dur que ça quand on perd. A partir du moment où les joueurs mouillent le maillot, ils sont soutenus. Il est composé de fidèles qui aiment leurs couleurs, leurs joueurs, assez patient alors qu’il a attendu longtemps avant de pouvoir fêter un titre de champion de France. »
« Quand on perdait, le boulanger ne m’offrait pas la baguette, le boucher ne m’offrait pas l’onglet (rires). Le public est respectueux, il ne va pas t’embêter en permanence. J’avais un bar à côté du stade, Le gormen’s bar, les gens venaient à pied. »
« Michelin est un petit chaudron »
Pour Gérald Merceron, l’emblématique ouvreur de l’ASM (1995-2005), le stade Michelin est « un petit chaudron. J’arrivais de Toulon, ce n’était pas la même mentalité. Le Clermontois est plus froid mais, une fois que tu es accepté, qu’il te fait confiance, c’est fabuleux. Le public est composé d’ouvriers, d’agriculteurs, ce sont des gens vrais, qui ont conscience de la valeur du travail. L’ancrage est plus fort que dans d’autres clubs, je comparerais Clermont à Castres. »
Aujourd’hui, le stade Michelin a une capacité de 19 357 spectateurs, il possède une pelouse hybride, il est l’un des plus beaux en France. Après les titres de champion de France de 2010 et 2017, l’ASM a connu des dernières saisons plus compliquées, mais ses supporteurs ne l’ont jamais lâché. Et cette saison, l’espoir renait après une bonne première partie de saison. Le stade Michelin va vibrer comme jamais grâce à ses groupes de supporteurs qui le font vivre tous les quinze jours.