Ils sont 3 à passer au peigne fin les qualités d’Antoine Dupont. Parmi les personnalités du sport français, Richard Astre, ancien international français, Guy Roux, ancienne légende d’Auxerre et Imanol Harinordoquy, ancien international du XV de France.
Richard Astre : « Il a progressé grâce au stade toulousain »
L’ancien international du Béziers de la grande époque est bluffé par la dimension prise par Dupont.
« Antoine est un joueur d’exception qui s’appuie sur des qualités physiques, une vision du jeu et une anticipation exceptionnelles et qui ne cesse de gagner en maturité et en expérience dans ce rôle si spécifique de demi de mêlée qui demande une autorité naturelle sur ses partenaires, dans le commandement. Cet ascendant, il est en train de le prendre. »
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« Un garçon formidable »
« Tous les yeux de ses partenaires sont tournés vers lui, on le voit ! Il a, en plus, une rage de vaincre qu’on ne retrouve que chez les plus grands. Si je devais le comparer, je le placerais au même niveau physique qu’un Gallion, aussi puissant dans ses courses. Mais Antoine est tellement en permanence sur le coup d’après, tout le temps au soutien de ses partenaires, qu’il pourrait jouer à n’importe quel poste avec la même réussite. »
« Il y a dans le duo qu’ils forment avec Ntamack un peu de la charnière galloise des années 70 Gareth Edwards-John Barry, ce dernier ayant les ondulations que Ntamack. L’ancien demi de mêlée que je suis a noté qu’il avait progressé dans la spontanéité de sa première passe. Et ça, il le doit au Stade Toulousain. Sa capacité à jouer des deux pieds avec la même profondeur et la même précision ne doit rien à l’inné, mais tout au travail qu’il a dû accomplir. Pour l’avoir croisé à une reprise, je peux aussi dire que c’est un garçon formidable, posé et réfléchi. »
*Ancien joueur de Béziers (12 sélections)
Guy Roux : « Un mélange de Platini et de Mbappé »
Au-delà d’une expérience rugbystique qui se limite à ses années d’étudiant à Limoges, « où j’ai marqué une pénalité face à Lucien Mias ! », le sorcier bourguignon porte un regard plein d’admiration sur celui qu’il compare à Michel Platini.
« Le rugby… je n’y connais pas grand-chose, mais il ne faut pas être un grand expert pour voir que Dupont est un génie dans son genre. Il est de ces joueurs dont on dit, une fois qu’ils ont réalisé une action : « Voilà, c’est ce qu’il fallait faire ! » Sauf qu’avant de le faire, personne n’y avait pensé ; Il me rappelle Michel Platini qui inventait des occasions, trouvait des espaces que personne n’avait vu. Sans faire des choses extraordinaires, il transcendait le jeu. Dans son leadership, il est aussi impressionnant.
« Son impact derrière sa mêlée me fait penser à ma cheminée l’hiver. Quand je prépare un feu, je mets des bois différents, des petits d’abord, des plus gros ensuite… avant d’envoyer une étincelle qui enflamme tout ça. Dupont allume le jeu, il est l’étincelle du XV de France. S’il est plus Platini que Mbappé car il montre le chemin à suivre, il est un mélange des deux car il sait aussi conclure. C’est pour ça que c’est un cador ! »
Imanol Harinordoquy : « un monstre de notre sport »
Le 3ème ligne international basque passé par Toulouse, finaliste de la Coupe du Monde 2011, anticipe l’évolution du jeu d’un autre Rouge et Noir.
« Quand on voit son aisance technique, sa puissance physique, pour essayer de l’empêcher de jouer, il n’y a pas d’autre solution que collective, pour mettre une grosse pression sur les rucks et tout faire pour qu’il n’ait pas de balles propres. Car quand c’est le cas, il est capable de faire d’énormes différences, même au pied, même du gauche, avec une précision millimétrée comme on l’a vu sur un essai face à la Namibie. »
« Il pue le rugby »
« Et en plus, sa capacité d’adaptation étant incroyable, il fait évoluer son jeu en permanence. S’il porte trop le ballon, au risque d’avoir trop de déchets, on le sent prendre du recul sur le jeu. Son évolution va certainement passer par là, pour qu’il dure, qu’il ne se consume pas trop sur les rucks, en même temps, dans ce registre assez individuel, il a tellement débloqué de situations et renversé de matches, qu’on se dit qu’il serait dommage qu’il n’exploite pas cette capacité à faire d’énormes différences, la puissance de ses raffuts, la fiabilité de ses appuis. »
« Avant la Coupe du monde, on sentait déjà qu’il s’appuyait davantage sur le groupe, qu’il cherchait un nouvel équilibre. Sa blessure va peut-être l’inciter à poursuivre dans cette quête, bien en accord avec son rôle de capitaine où il doit peut-être moins aller au charbon pour plus de lucidité dans la stratégie collective. Quoi qu’il en soit, il est certainement le premier joueur sans défaut du rugby mondial, un monstre de notre sport qui pue le rugby et sent les coups comme personne. »
*Ancien joueur de Pau, Biarritz, Toulouse (82 sélections)