En dominant leurs championnats respectifs la saison passée, sans aucune défaite, le PSG, chez les hommes, et Metz, chez les femmes, ont confirmé leur position de place forte du handball français. Deux places fortes que leurs adversaires entendent bien faire tomber de leur piédestal.
« Dans le sport, il y a des cycles et ce cycle victorieux du PSG va se terminer un jour. Mais in ne sait pas quand. Ça dépend des autres clubs et du travail que l’on fait au quotidien. On verra ce qui va se passer cette saison, mais j’espère et je crois que ce sera le cas cette année. Que ce soit en haut, au milieu ou en bas, ça va être très intéressant. J’ai hâte que ça commence. »
A 38 ans, et fort d’une grande expérience, Dragan Gajic (Limoges) a souvent connu des périodes de domination avec les équipes qu’il a connues et notamment Celje, Montpellier ou Veszprem. C’est pour cela qu’il se montre optimiste quant au niveau du championnat de France malgré la domination actuelle du PSG.
Le PSG entre dans un nouveau cycle
« Il y a deux côtés sur chaque médaille, explique le meilleur buteur de la saison passée. Pour les supporteurs et tout le monde qui suit le handball français, cela doit être frustrant de toujours voir le PSG gagner mais, de l’autre côté, il faut voir la progression du championnat. Il y a des clubs comme Limoges, Montpellier ou Nantes qui travaillent pour se développer et grandir. Il faut bien travailler et avoir une stratégie pour battre Paris. Pour les joueurs, c’est une motivation en plus. »
Depuis que la D1 est devenue StarLigue en 2016, elle n’a couronné qu’une seule et même équipe, le PSG. En remportant son 9ème titre en 2021/2022, son 8ème d’affilée, le club parisien confirme qu’il est bien au-dessus de la concurrence. Bien aidé il est vrai par un budget de 17,81 millions d’euros quand Nantes et Montpellier peinent à atteindre les 8 millions d’euros.
« Le PSG a une puissance économique supérieure à d’autres clubs à l’heure actuelle, analyse le capitaine du MHB Valentin Porte. C’est sur que ça leur permet d’effectuer un recrutement ambitieux et cohérent. C’est compliqué alors de rivaliser. Une fois qu’ils ont dominé une, deux ou trois années, ça pousse les autres clubs à bien évoluer pour bousculer cette hégémonie. On travaille pour cela à Montpellier. Beaucoup de clubs arrivent à se renforcer en recrutant de bons joueurs, tout en augmentant les budgets. C’est de bon augure pour le handball français. L’an passé, ça ne s’est pas vu car le PSG a fait du 100 % en championnat, mais c’est une performance rare à souligner. Mais il y avait de belles écuries. Et chaque saison, on redémarre avec l’idée de gagner des titres et de ne pas leur laisser tout. »
« Le PSG booste les autres clubs »
En effet, Valentin Porte est motivé à l’idée de continuer à faire briller ses couleurs au Montpellier Handball dans un championnat qui ne cesse de grandir et de s’améliorer sous l’impulsion du PSG.
« Je n’ai pas l’impression que le PSG a remporté tous ses matches avec plus de 15 buts d’écart. Il ne faut pas minimiser le niveau qui augmente en championnat. Il suffit de regarder les équipes comme Nantes, Chambéry, Saint-Raphaël ou Limoges qui ont des budgets intéressants et qui peuvent se permettre de recruter de bons joueurs. Comme Aix, ils veulent se faire une place et viser des titres tout en titillant une équipe comme le PSG. »
Avant de rajouter que les équipes ne s’avouent pas battues face à Paris. Encore plus à Montpellier qui détient le record de championnats remportés avec 14 titres.
« On est des compétiteurs et forcément on aspire toujours à reprendre le leadership. Pour cela, il faut battre les meilleures équipes. Mais ça va passer par un gros travail de tout le monde pour augmenter le budget et être capable de constituer un groupe capable de rivaliser. La dimension économique n’est pas rien dans le handball.
« La surprise est plus compliquée à exister que dans le foot. Mais on a tous dans un coin de notre tête que le PSG domine le championnat avec un grand nombre de coupes nationales. A Montpellier, cela fait quelques années que l’on n’a rien gagné et on va faire en sorte d’y remédier. On va aller en sous-marin et bien travailler pour être prêt le jour J. »
Arrivé l’été dernier en StarLigue, l’international portugais Tiago Rocha, aujourd’hui à Cesson Rennes, a également dominé son championnat avec le FC Porto et le Sporting Portugal mais, pour lui, le PSG le fait dans un pays qui monte en puissance.
Paris seul au monde, Montpellier dans l’ombre
« C’est bon pour le championnat de France d’avoir cette locomotive même s’il faudrait également plus d’équipes capables de les gêner. Mais on peut voir que cela permet d’avoir les meilleurs joueurs du monde qui évoluent en France. Bien évidemment au PSG, mais dans les autres équipes aussi. Paris est grandiose en ce moment, mais je suis convaincu qu’il n’y a pas tellement d’écart avec le niveau global du championnat. »
« Je pense que cette saison ce sera différent. Il va y avoir une équipe qui va les faire douter. Après, ce n’est pas une exception. Il suffit de le voir en Espagne avec Barcelone qui domine son championnat. Mais il y a de meilleures équipes en France. Il suffit de voir le niveau quand elles s’affrontent. La différence n’est pas énorme et cela donne de l’intérêt. »
Dans le championnat de France féminin, le Metz Handball fait office de favori chaque saison. Avec 24 titres en 71 éditions, la formation lorraine confisque le titre depuis de nombreuses années, même si, en 2021, Brest avait réussi l’exploit de priver le club messin du titre de champion. Mais, à l’image du PSG, la saison passée, Metz a remis les pendules à l’heure en dominant la D1 avec aucune défaite au compteur et 100 % de victoires lors de la phase régulière (1 seule défaite lors du match aller de la finale contre Brest).
« Sans playoffs, il faudra répondre présent chaque week-end »
Ancienne joueuse de Metz entre 2012 et 2015, l’international espagnole Lara Gonzalez Ortega n’en était pas surprise.
« Metz est un club avec une grande histoire. Il a dans ses gênes un esprit de champion. C’est toujours l’équipe à battre. Pour y avoir joué, on sent la responsabilité que l’on a quand on porte ce maillot. C’est une équipe gagnante dès le départ. Il y a un feeling qui transpire à tous les niveaux du club et même dans la ville. Ça se transmet au quotidien. On sait pourquoi ils ont remporté autant de titres de champion de France. C’est dans la culture de l’équipe malgré les changements dans l’effectif. »
Mais l’actuel arrière gauche du Paris 92 a également pu voir l’évolution du championnat de France malgré la domination du Metz Handball.
« Cela fait quelques années que je suis en France et j’ai pu jouer pendant trois ans à Metz puis trois ans à Besançon avant de rejoindre Paris, aujourd’hui. Je commence ma 7ème saison en France et je trouve que c’est un championnat fort. Il y a beaucoup de qualité entre les équipes. C’est un championnat assez dense. J’avoue que je préférais la formule avec les playoffs. »
Brest et Paris à la lutte avec Metz
« Maintenant ce n’est plus le cas. Ça fait qu’il faut répondre présent tous les week-ends. On ne peut pas se relâcher. Ça s’est vu la saison dernière. Des équipes de bas de tableau ont battu des équipes de haut de tableau. C’est dur après d’enchaîner la coupe d’Europe et le championnat. Il y a souvent des équipes qui perdent des points. »
Et pour la joueuse espagnole, il ne fait aucun doute que la concurrence sera rude pour le titre.
« Brest est une belle équipe, mais elle fait partie des équipes derrière Metz. Comme nous avec Paris. On est ambitieux. J’ai envie de viser le haut de tableau et de me battre pour le titre. Ça va être compliqué, mais une saison, c’est long. Il faudra être prêt toutes les semaines. Il y a de belles équipes en France comme Nantes, Chambray ou Besançon. Il faudra être prêt. »
C’est aussi l’avis du directeur sportif des Neptunes de Nantes, Romuald Notari, qui avait déjà pu constater une évidence ces derniers mois.
« C’est essentiel d’avoir une locomotive, mais pas une équipe qui écrase de cette façon le championnat. C’est un moteur supplémentaire pour nous, pour travailler afin de ne pas retomber dans ce genre scénario. Ça va nous faire grandir, mais cela les fera grandir aussi. » Surtout pour permettre à la France d’enfin remporter des titres européens avec ses clubs…