Deux fois champion et MVP de Belgique, l’ailier fort Hans Vanwijn (26 ans) a été l’une des belles surprises de la saison 2020/2021. Finaliste du championnat avec Dijon, le Belge a clairement franchi un cap. Il jouera la saison prochaine en Liga, à Saragosse.
Vous venez de disputer votre première saison en France. Le niveau est-il vraiment différent du championnat belge ?
Oui. En Belgique, il n’y a que 10 équipes alors qu’en France il y a 18 équipes, certaines jouant en Euroligue. Il a fallu que je m’adapte les premières semaines car c’était plus physique avec plus d’agressivité. Le jeu va plus vite, avec plus de joueurs internationaux. Le niveau est vraiment différent.
Pourtant, vous arriviez avec l’étiquette de MVP du championnat belge…
J’ai joué deux saisons en Champions League en Belgique, notamment contre Dijon. Chaque année, on faisait des tournois de pré-saison en France. Je savais donc un peu à quoi m’attendre. Le coach Laurent Legname m’a beaucoup aidé, ce qui m’a permis de m’adapter plus vite.
A quel niveau pensez-vous avoir le plus progressé ?
Quand on joue chaque semaine à un tel niveau, on devient forcément meilleur car il faut aussi tout simplement être au niveau. Au début, j’étais un peu passif. Le coach m’a demandé de toujours être agressif, d’être dominant. J’ai beaucoup progressé à ce niveaulà et, au final, je réalise une première saison meilleure que je ne l’aurais pu imaginer, en plus dans une très bonne équipe qui finit 1ère, en étant un des acteurs majeurs de l’équipe.
Pourquoi ne pas avoir quitté la Belgique plus tôt ?
Il y a trois ou quatre ans, j’ai eu la possibilité de partir, d’aller à Limoges, Kyle Milling était le coach, mais je suis finalement resté alors que j’étais encore sous contrat. Sans doute que je serais aujourd’hui encore plus fort si j’étais venu il y a deux ou trois ans, mais je ne regrette pas d’être resté à Anvers.
Les Français et les Belges aiment bien se chambrer. Les débuts n’ont-ils pas été difficiles ?
Je parle néerlandais et les deux ou trois premiers mois on se moquait un peu de mon accent, mais c’était sympa.
Peu de joueurs belges évoluent en France. Comment expliquez-vous que vous ne traversiez pas plus facilement la frontière ?
Peu de joueurs quittent la Belgique. Il y en a quelques-uns en France, en Espagne et en Allemagne, mais c’est tout. Après ma belle saison et celle de Bako (ASVEL), ça pourrait inciter d’autres joueurs à venir en France (Jean Salumu jouera cette saison à Champagne Basket, Ndlr). Ça va aider.
« Avec Ismael (Bako), j’espère qu’on a ouvert la voie »
Y a-t-il des futures pépites en Belgique ?
De ma génération, celle de 1995, il y a quelques bons joueurs comme Ismael (Bako), mais aussi Manu Lecomte qui a joué à Pau. Cela devrait se traduire en équipe nationale et j’espère que d’autres viendront dans de grands clubs français car le basket belge a besoin de grandir. Vrenz Bleijenbergh, qui était mon coéquipier la saison passée à Anvers, est l’un de nos plus grands espoirs. Il se présente à la draft et devrait être, à 20 ans, le deuxième joueur belge drafté de l’histoire après Axel Hervelle qui a joué au Real Madrid. Le seul qui a joué pour l’instant en NBA est Didier Mbenga qui était un joueur naturalisé.
La NBA est-elle un graal accessible pour les joueurs belges ?
Il y a trois ou quatre ans, on a fait des workout avec Ismael notamment à OKC pour moi. On n’a pas été draftés, mais c’était enrichissant. A titre personnel, je pense que ce sera plus facile d’aller dans une équipe qui joue l’Euroligue, mais la NBA reste toujours un rêve. Après, on sait très bien que c’est compliqué d’aller directement de Belgique en NBA qui regarde plus le championnat français. J’espère que nos exemples donneront envie à plus de jeunes de venir en France, car ce sera ensuite plus facile pour eux d’être draftés.
La sélection belge n’a jamais disputé de JO ou de Mondiaux. Le basket belge est-il aujourd’hui un cran en-dessous ou n’est-il pas reconnu à sa juste valeur ?
L’équipe nationale est en train de s’améliorer, il y a une bonne génération, on joue bien ensemble, ça va payer dans les années à venir avec une qualification pour les Mondiaux. Le problème, c’est que le niveau du championnat, l’EuroMillions Basketball League, a baissé. La saison prochaine, il y aura un championnat avec les Pays-Bas, une BeNeLeague, mais je ne suis pas sûr que ça améliore vraiment le niveau vu que le championnat néerlandais est encore plus faible. J’espère aussi que nos exemples à Ismael et moi vont aider à respecter davantage le basket car ce n’est pas toujours le cas.
Par exemple, j’ai été élu deux fois meilleur joueur belge et je suis venu à Dijon parce que le coach me connaissait et aimait mon jeu. Il me voulait vraiment, mais généralement les clubs et les general managers français ne respectent pas les basketteurs belges. Ils préfèrent prendre un Américain ou un Slovène… D’autres joueurs belges ont le niveau pour jouer en France ou en Europe, il faut simplement leur donner leur chance.
« Si je suis bon avec Saragosse, je pourrai ensuite prétendre à jouer encore plus haut. »
Quels sont les prochains objectifs pour la sélection ; l’Euro 2022 ?
Le dernier Euro, j’étais blessé donc ce sera mon premier. Notre génération aura 27 ans, c’est le moment de montrer quelque chose et d’obtenir des résultats en gagnant des matches. On n’aura pas de pression en étant dans un groupe difficile (Espagne, Turquie, Russie, Bulgarie, Géorgie, Ndlr), mais on a à coeur de performer. Une médaille, c’est sans doute trop haut, mais au moins se qualifier pour le deuxième tour. Ce ne sera pas facile, mais on doit être ambitieux.
Pourquoi avoir décidé d’opter pour Saragosse après seulement un an à Dijon ?
A 26 ans, je peux encore améliorer mon niveau dans une équipe d’Euroligue ou dans une équipe espagnole qui joue le top 6-top 8. Jouer une saison en ACB va m’aider à progresser dans une équipe qui m’a témoigné beaucoup de confiance. J’avais ressenti la même chose en signant à Dijon. Si je suis bon avec Saragosse, je pourrai ensuite prétendre à jouer encore plus haut.
Une équipe de Saragosse qui ne reste pas sur une super saison (13ème)…
Ils restent quand même sur deux demi-finales de BCL. Mais c’est vrai qu’ils n’ont pas fait une bonne saison en ACB où la concurrence est importante. J’ai signé 1+1 et l’important était d’être dans une équipe de l’ACB car c’est le meilleur championnat en Europe. D’ailleurs, beaucoup d’équipes d’Euroligue y font leur marché. Quand on fait une bonne saison en ACB, ça ouvre des portes. Jouer deux fois contre le Real, le Barça ou Malaga, ça compense l’absence de Coupe d’Europe.
Connaissez-vous des joueurs ou le coach dans cette équipe ?
Oui je connais le coach (Jaume Ponsarnau) qui était celui de Valence. Il y avait un joueur belge à Valence (Sam Van Rossom) donc j’ai beaucoup parlé avec lui. Il m’a expliqué la philosophie du coach qui a confiance en moi et ça c’est le plus important.
On a parlé de vous à Bourg avec Laurent Legname. Avez-vous vraiment hésité ?
C’était une option parce que le coach y allait et que j’avais réalisé une bonne saison avec lui. Je connaissais déjà ses systèmes. Un club turc était aussi intéressé. La différence s’est faite au niveau de la qualité du championnat en jouant huit matches face à des équipes d’Euroligue.
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