A bientôt 36 ans (le 26 mars), la meneuse de Charleville-Mézières vit sa dernière saison, la 18ème sous le maillot des Flammes Carolo. La deuxième meilleure passeuse de l’histoire de la LFB compte bien finir en beauté (3ème après 12 journées) après une saison 2023/2024 sans play-offs (9ème).
Est-ce vraiment votre dernière saison ?
Oui, c’est la dernière !
N’allez-vous pas nous faire une Céline Dumerc qui a repoussé plusieurs fois sa retraite ?
Non, c’est sûr, il n’y aura pas de revirement de situation. C’est annoncé, préparé. La décision a été mûrement réfléchie. Avec ma double casquette, ça devient compliqué. J’ai aussi la chance d’avoir déjà préparé mon après carrière et j’ai hâte d’y consacrer 100% de mon temps. Je suis directrice sportive du club, ça me fait parfois des journées à rallonge (8h-20h). On tient, mais on vieillit. C’est aussi important de bien finir, de ne pas faire l’année trop. J’ai eu la chance de ne jamais avoir de grosse blessure, de ne jamais avoir loupé de matchs, si ça peut continuer encore comme ça une dernière année, ce sera très bien.
Depuis combien de temps occupez-vous les deux casquettes ?
C’est ma 3ème année, avec encore plus de responsabilités, avec maintenant des dossiers de subvention à rédiger, à chercher. Il y a de plus en plus de missions.
N’auriez-vous pas aimé être coach ?
Non, du tout, ça ne m’a jamais réellement intéressé. Autant j’aime bien passer aux entraînements des jeunes, donner des conseils, prendre un entraînement s’il le faut, mais m’investir sur toute une équipe durant toute l’année je ne me voyais pas faire ça. Pouvoir chapeauter tout ce qui se passe autour, créer des projets, trouver des façons de mieux travailler, de mieux évoluer, pour toutes nos catégories au sein du club, c’est quelque chose qui m’intéresse davantage.
« Ne pas faire l’année de trop »
N’aviez-vous pas envie de connaître une expérience dans un autre club (à part Strasbourg, elle n’a connu que les Flammes Carolo depuis 2006, Ndlr) ?
J’ai eu les opportunités, j’y ai réfléchi et, comme je l’ai souvent dit, j’ai toujours aimé ce pari de créer une nouvelle page de l’histoire avec le club des Flammes. Là, j’ai la chance de continuer en tant que directrice sportive.
Quelles étaient ces opportunités ?
J’ai eu des clubs en France comme j’ai eu des clubs à l’étranger, surtout après mes deux années de MVP (de LFB en 2016 et 2017, Ndlr). Ça aurait pu être un tournant, mais, sans regrets, j’ai fait le choix de rester et je suis contente de mon choix.
Que vise l’équipe en 2025 après une saison compliquée (9ème, le plus faible classement depuis 2015, Ndlr) ?
C’était déjà de retrouver les valeurs qu’on avait peut-être perdues ces dernières années, c’est-à- dire une équipe un peu plus jeune, moins de noms renommés, retrouver un plaisir de jouer collectivement avec des valeurs fortes comme le combat.
Qu’est-ce qui s’est passé la saison dernière ?
A la reprise, Aby Gaye qui depuis un an s’était fait les croisés, n’avait toujours pas pu reprendre. Elle s’était fait réopérer durant l’été. Sara Chevaugeon au bout de 15 jours son pied pète. Au bout d’un mois, Coline Franchelin pète ! Quand vous avez trois joueuses de votre starting five qui, en un mois et demi, ne sont plus là, c’est compliqué de retrouver des joueuses déjà de ce statut-là et de retrouver des joueuses aussi tout court parce que ça a un coût financier. Il a fallu tirer sur les différentes compétitions durant toute la saison avec un groupe qui n’a jamais su se trouver parce qu’il y a toujours eu des changements, des turn-over avec des jokers médicaux. Il a manqué de stabilité l’an dernier. Maintenant, le plus important a été fait, ça a été de se sauver.
« Je suis contente de faire cette dernière saison avec ces filles-là »
Avez-vous craint le pire ?
A un moment donné, il faut se remettre en question. Après, au début des play-down, on était déjà bien avancé quand même en termes de points avec nos adversaires directs. Au-delà de la peur, il y a eu de la déception.
Vous ne pouviez pas arrêter sur une telle saison !
C’était hors de question ! Ça devait pourtant être ma dernière saison l’an dernier. Après, j’ai été aussi agréablement surprise du niveau que j’avais. Je ne pensais pas que j’en étais capable. Du plaisir aussi pris parce que même si la saison baskettement parlant était difficile, le groupe vivait quand même bien. On avait un groupe de jeunes qui avaient envie de travailler. C’est ce même noyau finalement qui reste cette année, donc j’étais vraiment contente de faire cette dernière saison avec ces filles-là.
Une saison sans Coupe d’Europe, cela ne vous manque-t-il pas ?
Ça permet de se recentrer sur les objectifs, à savoir retrouver la Coupe d’Europe la saison prochaine, de permettre aussi à certaines jeunes du groupe de continuer à s’aguerrir en travaillant à l’entraînement. Quand il y a deux matchs par semaine, il n’y a pas d’entraînement, il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas travailler donc c’est peut-être un mal pour un bien.
Quelle serait une saison réussie alors que le budget a baissé de 20% ?
Oui, les moyens ont baissé. On fait vraiment attention à tout. La première chose, c’était de retrouver nos valeurs comme je l’ai dit, le combat, la bienveillance, retrouver un lien avec le public. En termes de classement, on vise le Top 8 pour retrouver une Coupe d’Europe.
Il y a eu quatre champions différents ces quatre dernières saisons (Basket Landes, Bourges, ASVEL Lyon et Villeneuve-d’Ascq), qui voyez-vous en 2025 ?
Je suis incapable de le dire ! Tous les matchs sont très difficiles cette année. Quand on fait la Coupe d’Europe, c’est compliqué. Il y a des surprises dans un championnat très intense.