Remplaçant au coup d’envoi, le talentueux milieu polyvalent international est entré à l’heure de jeu pour tenir le score et sécuriser une organisation défensive qui n’allait rien céder. A 33 ans, l’ancien toulousain et bordelais, Jean-Philippe Durand devenait champion d’Europe.
Le fait d’avoir déjà battu et éliminé le Milan AC, en 1991, vous a-t-il permis d’aborder plus sereinement cette finale ?
Mentalement, ça a joué incontestablement, même si peu de joueurs étaient encore dans l’équipe. On savait qu’on pouvait le faire, mais tout en étant conscients que nous avions face à nous la meilleure équipe du monde du moment. Le Milan était favori, nous étions leur challenger. Ce statut nous enlevait un peu de pression et nous motivait encore davantage. Comme en plus l’OM les avait déjà éliminés…
Vu de l’extérieur, on a l’impression que rien ne pouvait arriver à cet OM là, que c’était écrit, que vous deviez gagner !
Ce n’est qu’une impression (rires) ! Les Milanais sortaient d’une saison où ils avaient écrasé tout le monde. Cette équipe était un rouleur compresseur. Certes, Van Basten était diminué physiquement, mais tous les autres étaient au top, les Baresi, Maldini, Donadoni, Rijkaard…
De votre côté, dans quel état de forme étiez-vous avant cette finale ?
On montait en puissance. On avait perdu Waddle, Papin et Mozer, pas mal de changements avaient été effectués dans l’effectif au début de la saison et la force de cette équipe reposait sur la personnalité de ses cadres.
Ils avaient tous de grosses personnalités, de gros caractères et avaient déjà pas mal de bouteille. Ils étaient capables de gérer tous les moments forts ou faibles d’un match, appréhender toutes les situations. Et il l’a fallu parce que les vingt premières minutes furent très difficiles.
« Je me demandais à quel moment on allait prendre un but »
Vous étiez encore sur le banc, comment avez-vous vécu ce début de match ?
Je me demandais à quel moment nous allions prendre un but tellement on était dominés. Jusqu’au but de Boli. En fait, ce genre de match sourit souvent au premier qui marque. Le Milan avait manqué pas mal d’occasions en première période et s’ils en avaient concrétisé une seule, elle aurait pu être fatale. Tout a basculé à ce moment là. En revenant sur le terrain, on se sentait fort, avec l’impression que rien de grave ne pouvait nous arriver.
Etiez-vous déçu de ne pas être titulaire ?
Oui, bien sûr, mais, comme les autres, on était tous focus sur le match, sur l’équipe et le collectif. L’effectif était riche et pas mal de postes étaient interchangeables. J’ai remplacé Angloma, j’ai joué sur un côté, j’étais capable d’assumer presque tous les postes du milieu et de la défense. J’étais heureux de rentrer, j’avais à coeur de participer à la fête et j’aurais aimé que ça dure encore plus longtemps. J’avais conscience de vivre un moment rare, dans un beau stade, avec une super ambiance et la victoire au bout.
Quelle fut la part de Goethals dans ce succès ?
Franchement, je ne sais pas trop… Son impact se mesure plutôt dans la durée d’une saison où il avait réussi à trouver sa place, en nous accompagnant, en communiquant bien avec la presse. Pour le reste, une fois qu’on était sur le terrain, il y avait suffisamment de joueur d’expérience qui avaient une approche collective et une vraie réflexion sur le football pour qu’on se gère tout seul. Quelque part, on n’avait pas besoin de lui.
Cette victoire est-elle le moment le plus fort de votre carrière ?
Elle est en tout cas celle qu’on me rappelle le plus souvent, celle qui a le plus gros impact dans le temps. Au delà de l’OM, elle a marqué tout le foot français.
Cette équipe était-elle la plus forte dans laquelle vous avez jouée ?
Oui, la plus complète, la plus compétitive.