samedi 1 avril 2023

Jérôme Alonzo : « J’avais des posters de basketteurs pas de footballeurs »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Ancien gardien de Nice, Marseille, St-Etienne, PSG et Nantes, vainqueur de la Coupe de France en 2004 et 2006 et de la Coupe de la Ligue en 2008, Jérôme Alonzo (48 ans) a été nommé vice-président en charge de la performance de haut niveau et de l’identité des Sharks d’Antibes.

Vous retrouver dans le basket, c’est une surprise, sans en être une…

Je ne viens pas pour apprendre aux joueurs à shooter ou à jouer au basket ou pour dire au coach quand prendre les temps morts ! L’ajout de compétences peut être un bienfait pour tout le monde. J’ai des compétences pour ce qui est du haut niveau et de la connaissance des grands clubs où médiatiquement c’est compliqué, où il y a du public, où il y a une identité. Je vais aider à ce niveau-là.

Je veux être un ajout de compétence sans prendre la place de personne pour faire en sorte que ce club, qui m’est cher, revienne à la place qui doit être la sienne. Ma vie sportive est faite, je n’ai pas besoin de prendre la lumière. Si je le fais, c’est que j’estime que je peux apporter ma pierre à l’édifice.

20 ans de vie à Antibes

Quel est votre lien avec Antibes ?

J’ai grandi à Antibes, j’ai habité 20 ans là-bas. J’ai commencé à y jouer au foot et au basket, mais j’étais moins doué qu’au foot. Mes premières émotions sportives, je les ai vécues à la salle Salusse Santoni avec Robert Smith, Lee Johnson qui vient encore à la salle, Daniel Haquet, Hugues Occansey, David Rivers, Yann Bonato, Jim Deines, Jacques Monclar qui était un coach extraordinaire, Georgi Adams qui est venu récemment.

Il adore le foot et ne savait pas que j’aimais le basket. C’étaient mes premières idoles. Mes premiers posters, c’étaient eux et pas Platini ou Maradona ! J’allais acheter leurs pompes et leurs survets !

Jérôme Alonzo a eu des posters de Basketteurs dans son enfance

Vous avez donc joué au basket !

Oui car j’allais à l’école à côté et on faisait nos heures d’EPS en UNSS à la Salusse Santoni. J’étais passionné comme tout petit garçon antibois. Peut-être que j’aurais été un meneur ou un shooteur correct… (sourire). J’ai fait toute ma scolarité à la Fontonne et à Roustan et, en face, il y avait à Fersen un certain Yann Bonato…

Il m’a vite écoeuré (rires). Mais, même en tant que gardien de foot, je faisais beaucoup d’entraînement avec des ballons de basket car c’était le sport idéal pour travailler les appuis en mouvement et les prises de balles. Dans les années 90, le basket à Antibes était une religion. La salle était pleine, les joueurs étaient reconnus en ville. Ramener la folie des années 90, tout de suite non, mais remettre le basket au centre de l’échiquier antibois j’y crois.

« Si ça marche, on va dire c’est génial… »

Quel va être votre rôle concrètement aux Sharks ?

Un rôle identitaire auprès des sponsors, des parents, de l’association, pour faire revenir le basket dans le coeur des Antibois. Je serai un relais entre l’administratif et le président pour le détacher des obligations avec les joueurs. S’ils ont besoin de parler, je serai là. Le coach pourra ainsi ne s’occuper que du terrain et des transferts. Je serai l’assistant et le confident de tout le monde, un bouclier aussi. Je sais aussi que mon nom sera peut-être un obstacle.

Si ça marche, on va dire, « c’est génial » sinon on va dire : « qu’est-ce qu’il fout là » ! Je ferai en sorte que le sportif ne s’occupe que du basket. Moi je m’occuperai du reste, des relations publiques, du sponsoring, etc. Responsable du haut niveau et de la performance, c’est le titre qui me convient bien. Ce n’est pas mon métier, mais je vais rencontrer les agents, les présidents de clubs, pleins de gens, pour m’imprégner.

Jérôme Alonzo, un challenge ambitieux aux Sharks

En termes de performance, la saison 2020/2021 ne s’est pas bien passée avec une 17ème place de Pro B…

Gries-Obershoffen et Souffelweyersheim fusionnent donc on ne sera pas relégué (Antibes a été officiellement sauvé suite à la création de l’entité Alliance Sport Alsace, Ndlr). Quand j’ai signé, on était quasiment mort donc même si on descendait je serais quand même venu !

Je ne viens pas pour mon image. Ce ne sont que des risques en venant, ma vie était belle avant. Je venais aux matches, je serrais des mains, mangeais des petits-fours et j’étais pote avec les joueurs ! On m’a demandé si je pouvais apporter quelque chose, je pense que oui. Et que ce soit en Nationale, en Pro B ou en Pro A, je serai là ! Après, il ne faut pas se mentir, le club sort d’une saison horrible.

En annonçant la Pro A en trois ans, Freddy Tacheny ne va-t-il pas trop vite ?

Il apprend un métier avec son coeur et son argent et avec des gens malveillants qu’il y a eus autour de lui. Il a payé le prix fort pour apprendre, avec des déclarations parfois maladroites. On n’annonce pas et on ne planifie pas une montée.

On ne peut pas dire qu’on va remonter à coup sûr en mai 2022, mais on peut dire qu’on va tout faire pour et qu’on va s’en donner les moyens parce que Antibes le mérite.

« L’apport de compétences dans le sport de haut niveau, j’y crois ! »

N’est-ce pas un souci d’avoir un club comme Monaco juste à côté ?

C’est plutôt une force. C’est un voisin sur lequel on peut s’inspirer même s’il a des fonds étrangers. Un club qui a aussi eu un parcours chaotique, en descendant très bas à une époque. Ce n’est pas un club qui nous pique du public ou des sponsors et c’est génial pour les derbys !

Comment un club comme Antibes, trois fois champion de France, en est-il arrivé à cette situation ?

J’ai connu ces saisons-là au foot où ça part de travers, où forcément les joueurs ne sont plus en confiance, avec des blessures, des shoots au buzzer contre nous… La saison pourrie comme tout sportif l’a connue. Freddy a mis la main à la poche, la mairie aussi. Aujourd’hui, le club est sain. Il faut juste une dimension affective très forte. J’ai joué à Marseille, Paris, St-Etienne, Nice, des clubs très identitaires. C’est ce que je veux apporter. Mais soyons patients et ambitieux, l’un n’empêchant pas l’autre.

Alonzo prêt à développer son OM du Basket

Ne pas venir du basket peut-il être un plus ou au contraire une source de critiques ?

Si un jour, je suis un problème, je retournerai dans ma tribune regarder les matches ! Mais je suis ambitieux et je veux réussir. Et je pense que c’est au contraire un avantage. Dans le club de foot de Monaco, le directeur de la performance est un ancien rugbyman (James Bunce, Ndlr). Quand je suis arrivé au PSG, le chef du secteur médical était le médecin de l’équipe de France du judo. On avait tous les kinés du Stade Français rugby. L’apport de compétences dans le sport de haut niveau, j’y crois !

Serez-vous présent tous les jours ?

Non, pas tous les jours car je suis aussi consultant pour L’Equipe et Radio France, mais je ne vais pas ménager ma peine pour que les choses avancent vite et bien, au niveau de la com, de l’identité et de la performance. En plus, j’habite à Mouans-Sartoux à 10 minutes de la salle. Une de mes premières missions sera de rencontrer les joueurs un par un. Je veux leur faire comprendre ce qu’est Antibes, ce qu’est être un joueur des Sharks.

Antibes, c’est l’OM en basket. En plus, on a les mêmes couleurs ! Après, je peux comprendre qu’en basket l’amour du maillot quand on ne passe souvent que six mois ou un an dans le même club est une valeur fluctuante, mais j’aimerais que ceux qui viennent aux Skarks comprennent que ce n’est pas n’importe quel club.

L’interview exclusive de Jérôme Alonzo, version longue, à lire dans France Basket, en vente ici ou chez votre marchand de journaux

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