lundi 17 mars 2025

Jerry Boutsiele (Dubaï) : « Je me suis lancé dans l’inconnu »

À lire

Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Premier Français à rejoindre le club de Dubaï, l’ancien joueur de Limoges, Jerry Boutsiele évoque avec confiance ce nouveau départ à 32 ans. 

Parlez-nous de votre arrivée à Dubaï après la Turquie (deux saisons à Bahcesehir et 16 matchs avec Pinar Karsiyaka, Ndlr), comment cela s’est-il finalisé ? 

Le Dubaï BC était au courant que j’étais disponible après les problèmes financiers existants à Karsiyaka. Ils ont demandé à mon agent si j’étais intéressé pour venir. Au début, je me suis montré dubitatif. Je ne connaissais absolument rien de la ville ni du club. C’est un club en pleine construction.

C’est sa première année professionnelle. Je me suis renseigné auprès de certains joueurs de l’équipe comme Danilo Andusic que je connais bien. J’en connaissais aussi quelques-uns contre lesquels j’ai joués. Je sais aussi que c’est un club ambitieux. Ils jouent la Ligue Adriatique. L’objectif l’an prochain est de jouer l’EuroCup voire l’Euroligue.

Sur le papier, c’est vraiment intéressant et séduisant. Mon but est de pouvoir m’exprimer et de jouer au basket. Et d’être payé aussi ! A Karsiyaka, c’était compliqué. En l’espace de quelques jours, j’ai pris ma décision. Là, tout se passe bien. Je sens qu’on a une bonne équipe. Tout le monde est sur la même longueur d’ondes.

À LIRE AUSSI : votre mag de basket à acheter

Jerry Boutsiele, la surprise du Fubaï BC

Pouvez-vous revenir sur les derniers moments passés en Turquie ?

Dès la pré-saison en août, on entendait déjà beaucoup de choses. Il n’y avait rien de rassurant dans ce que les propriétaires et les dirigeants disaient. Fin décembre, on est arrivé à un point de saturation voire même de non-retour. On était totalement désinformés. On n’avait vraiment aucune information sur quoi que ce soit.

Les seules choses qu’on savait, c’était en fonction de ce qu’on lisait sur les réseaux sociaux et dans la presse. Mais au niveau du club, il n’y avait aucune information officielle. L’incompréhension s’est mêlée à la frustration. C’est dommage car on avait vraiment une belle équipe. Cependant, comme on dit, l’argent est le nerf de la guerre. 

Signer à Dubaï, c’est un peu un saut dans le vide, non ?

C’est un environnement que je ne connais effectivement pas. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans ce type de situation. Mais c’est la première fois que je quitte un club en milieu de saison. Cela ne me fait pas peur du tout.

Dubaï connait mes qualités, ils savent de quoi je suis capable et ce que je peux apporter à l’équipe. Ils ont fait en sorte que je me sente le mieux possible. Y compris en prenant soin de ma famille. Je n’ai aucune appréhension par rapport à cette expérience. Je vais faire ce que je sais faire de mieux : jouer au basket et être bon sur le terrain. 

« L’objectif l’an prochain est de jouer l’eurocup voire l’Euroligue »

Parlez-nous un peu de votre équipe et de son niveau.

Il y a beaucoup de joueurs étrangers venant de Serbie, de Bosnie, de Lettonie. Il y a aussi des joueurs qui ont joué en NBA, en EuroCup, en Euroligue. C’est donc une équipe très expérimentée. Même si elle se contente seulement de la Ligue Adriatique pour le moment. Pour l’instant, on figure parmi les équipes de tête de l’ABA League juste derrière les équipes d’Euroligue comme l’Etoile Rouge de Belgrade et le Partizan.

Je ne doute absolument pas des qualités de cette équipe. C’est une équipe de niveau EuroCup. Avec le recrutement qu’ils ont fait, il est clair qu’ils ont de l’ambition. Cette équipe ne va vraiment pas se contenter de jouer un match par semaine pendant de nombreuses années ! Ils vont vouloir jouer l’EuroCup voire l’Euroligue. Il y aura forcément une Coupe d’Europe à la clé l’année prochaine. J’en suis convaincu. 

Que vaut le championnat des Emirats Arabes Unis ?

C’est peut-être un peu moins fort que le championnat espagnol, turc ou français. Mais ce n’est pas un championnat non plus où des joueurs viennent se reposer. Loin de là ! 

Que saviez-vous de ce championnat avant de vous y engager ?

Je me suis lancé un peu dans l’inconnu. Cette inconnue a été un peu la même quand j’ai quitté Monaco pour aller en Turquie. Je ne connaissais rien du championnat turc, de son niveau réel, mises à part deux ou trois équipes. Pour autant, cela ne m’a pas empêché d’être performant. Je compte faire pareil dans ce championnat adriatique. 

Est-ce intéressant financièrement d’aller jouer à Dubaï ?

Je n’ai pas à me plaindre. Je ne joue pas spécialement pour l’argent, mais je ne joue pas gratuitement non plus ! Il y a peu de gens qui le comprennent. Mais une carrière de sportif  ne dure pas 30 ans. Et quand on a une famille, il faut s’en occuper aussi. 

Comment voyez-vous votre futur, se situet-il dans ce pays ?

J’y ai signé jusqu’à la fin de l’année. On verra bien. On évaluera si le club veut me garder, si je suis satisfait de l’équipe et de tout ce qui va avec.

« Ce n’est pas d’actualité, un retour en France »

Revenir en France fait-il partie de vos projets ?

Non pas maintenant. Ce n’est pas d’actualité. 

Etant arrivé au basket sur le tard, quel regard portez-vous sur votre carrière ?

J’ai commencé vers 17 ans du côté de Nanterre. Pour quelqu’un comme moi qui a commencé tard, je ne m’en sors pas trop mal. Très peu de personnes auraient misé une pièce sur moi. Moi inclus ! (sic) Je suis assez fier de ma carrière. J’ai fait quand même de bons choix de carrière jusqu’à maintenant. Après, on n’est jamais assez satisfait.

J’aurais pu devenir un joueur Euroligue référencé. Des choix font qu’il y a des choses qu’on ne maîtrise pas. Dans l’ensemble j’ai quand même une bonne carrière avec des sélections nationales (4 sélections, Ndlr) et un rôle important occupé dans des équipes dominantes. 

A 32 ans, quel objectif souhaitez-vous atteindre ?

J’ai joué à tous les niveaux. Le seul où je n’ai pas pu vraiment m’exprimer, c’est l’Euroligue. A partir du moment où j’ai commencé à disputer des matchs de Coupe d’Europe, c’est un niveau que j’ai voulu atteindre. On ne va pas dire vraiment non plus qu’on m’a laissé ma chance de l’atteindre. Pour cela, il faut avoir des occasions. La vie est faite de choix.

A l’époque, le coach (à Monaco en 2021/2022, Ndlr) avait fait les siens comme celui de me mettre sur le banc. Il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler. Par contre, ce n’est pas comme si ce niveau avait été beaucoup trop haut pour moi. Etre un joueur référencé de ce niveau supérieur dans cette ligue, je sais que j’ai le niveau pour l’atteindre. On verra bien les opportunités que j’aurai plus tard.

À LIRE AUSSI : Nathan De Sousa, le jeune devenu confirmé

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi