vendredi 19 avril 2024

Julien Deljarry (Montpellier) : « On veut aller chercher les meilleurs joueurs »

À lire

Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Président du MHB depuis juin 2019, Julien Deljarry (31 ans), qui dirige un supermarché bio à Nîmes, rêve d’un nouveau titre de champion de France pour son club qui fête ses 40 ans. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.

Quel bilan faites-vous à mi-parcours ?

A la mi-temps, on est devant. C’est très bien. Mais on ne retiendra que l’équipe qui gagnera à la fin. Le seul couac, c’est la défaite à Toulouse (31-30). Mais rien n’est fait. En 2018, on avait 6 points d’avance et on n’a pas été champions… L’important, c’est de continuer avec le même état d’esprit.

Le PSG, battu deux fois sur la phase aller, fait-il moins peur ?

C’est ce que les médias disent, mais Paris, même s’ils ont perdu un ou deux joueurs, reste Paris et sort de la plus grosse saison de l’histoire du handball français. Ça reste une grosse équipe avec de grands joueurs. Après, dans le sport et le handball, il y a des cycles.

Il y a 16 ans, Ivry était champion de France et ils reviennent juste cette saison en 1ère Division. Dunkerque était champion de France il y a 9 ans et aujourd’hui évolue en milieu de tableau. Pareil pour Chambéry il y a 20 ans. Notre objectif, c’est de se maintenir dans le trio de tête, ce qui est très difficile. Le championnat est de plus en plus relevé. La saison dernière, à la même époque, on était 9ème et on était au plus mal.

Est-ce le PSG qui va vous recevoir ainsi que Nantes qui a les cartes en main alors que vous allez vous déplacer deux fois chez vos deux rivaux ?

La réalité, c’est qu’on a notre destin entre les mains puisque c’est nous qui sommes devant ! Maintenant, c’est sûr que ça va être très difficile, surtout sur le mois d’avril avec les deux déplacements à Nantes et Paris. Tout est possible et si on n’y croit pas, ce n’est pas normal !

Montpellier n’a plus été champion depuis 2012. Une éternité…

J’en rêve et pas que la nuit ! On travaille au quotidien et saison après saison pour redevenir champion de France. Si c’est cette saison, tant mieux, ce sera une belle fête, surtout pour les 40 ans du club. Sinon on ne lâchera rien et on redeviendra un jour champion de France, c’est sûr. On revient de loin et on est encore en phase de construction. J’ai récupéré une équipe en reconstruction après le départ d’une génération qui a été championne d’Europe (en 2018, Ndlr) et quand on reconstruit une équipe, il faut savoir être patient.

« On a sondé Ludovic Fabregas avant qu’il ne signe à Veszprém »

La pression est-elle plus sur Montpellier ou Paris ?

Elle est toujours sur celui qui est devant. Mais les équipes sont tellement au coude à coude qu’on a tous la même pression.

L’EHF European League est-elle un autre objectif de cette fin de saison pour Montpellier ?

La priorité est au championnat, mais il y a une opportunité sur cette Coupe d’Europe où, à part Flensburg et Berlin, on ne craint pas grand monde. Il y a quelque chose à faire, mais si on ne le fait pas et qu’on est champion de France, je signe de suite !

Et entre terminer dans le Top 2 du championnat qui assure une qualification en Ligue des Champions et gagner cette Coupe d’Europe ?

C’est une question difficile. Un titre reste un titre et je préférerai toujours gagner un titre et être champion d’Europe qu’être 2ème du championnat. Mais notre ambition est d’être 1er !

Qu’est-il prévu pour les 40 ans du club (1982-2022) ?

On a déjà commencé à les fêter, mais on va monter en puissance avec notamment 50 pages en collaboration avec le Midi Libre sur ce qui s’est passé au club toutes ces années. Il y aura également un weekend anniversaire autour du tournoi Jean-Paul Lacombe (les 19 et 20 mai, Ndlr) avec 1000 jeunes, nos bénévoles, nos supporteurs, nos partenaires…

En fin de saison ou en début de saison prochaine sortira aussi un livre d’art sur le Montpellier Handball, une encyclopédie sur l’histoire du club, son présent et son avenir. On est également en discussions avec la Fédé pour un match de l’équipe de France.

Julien Deljarry satisfait de Bolzinger

Quelles sont vos satisfactions et vos déceptions à l’intersaison au niveau des joueurs ?

La grosse satisfaction, c’est Charles (Bolzinger). Il y a un an, il jouait en N1 et on n’imaginait pas un an plus tard qu’il aurait ce niveau-là. On est très heureux de prolonger l’aventure avec lui jusqu’en 2027. Kyllian (Villeminot) fait lui aussi un début de championnat incroyable. Il y a deux ans, on se demandait s’il allait passer ou non un cap et il en a vraiment passé un cette saison.

La défense est également une grosse satisfaction. Charles ne serait pas aussi bon s’il n’avait pas une aussi bonne défense. Ma petite déception, c’est sur l’animation offensive et notre précision aux shoots. J’aimerais qu’on soit plus efficace.

Quels sont vos projets de développement pour le club ?

On attend de trouver le meilleur emplacement pour une salle de 6000 places sur laquelle on travaille avec la Métropole depuis trois ou quatre ans et qui se ferait à l’horizon 2028. La Sud de France Arena, c’est bien, mais il y a un problème de disponibilités et de coûts. Quand on a la Ligue des Champions, on ne peut pas y jouer tout le temps parce qu’il y a un concert, une exposition, un congrès, etc.

On a aussi MHB Events qu’on développe beaucoup, une société qu’on a créée l’an dernier, dans laquelle on fait de nombreux événements, pour les entreprises, pour le privé ou pour le public avec des combats de boxe par exemple. On a aussi le projet de se développer à l’international avec notre partenariat avec New York (avec le New York City Team Handball Club, Ndlr). Tout est articulé autour de notre projet économique et sportif pour que le club ait les meilleures ressources possibles pour aller chercher les meilleurs joueurs.

Des arrivées sont d’ores et déjà actées pour la saison prochaine. Pouvez-vous nous en parler ?

Ahmed Hesham (de Nîmes pour quatre ans, Ndlr) va nous rejoindre. C’est le joueur qu’il nous manquait. Un vrai tireur de loin qui n’hésite pas à prendre ses responsabilités et qui connaît bien le championnat français. En plus, il défend, au poste 3. On a décidé d’investir et d’augmenter notre masse salariale pour aller chercher des joueurs de performance.

Pour avoir une équipe complète, on a regardé s’il y avait des numéros 2 sur le marché qui soient performants. On a trouvé Sebastian Karlsson le capitaine de Sävehof et meilleur buteur du championnat de Suède. Un joueur mâture, qui a des qualités, qui sera la doublure de Yanis Lenne. On a un jeune qui monte sur le poste d’ailier gauche, Adrien Dubois, mais on n’est pas fermé à un profil à la Karlsson pour avoir l’équipe la plus équilibrée possible.

Le problème du salaire de Fabregas a plombé le MHB

Y a-t-il un joueur que vous avez raté et que vous regrettez de ne pas avoir signé ?

L’année dernière, j’ai appelé Ludovic Fabregas pour le sonder mais, quelques jours après, il annonçait avoir signé à Veszprém (le Barcelonais rejoindra cet été Veszprém pour deux ans (plus une année en option), Ndlr). Mais on était hors-course car on était sur des montants qu’on ne sera jamais capable de mettre sur un avenir proche. Il fait partie de ces très grands joueurs qui nous font rêver. En plus, il a été formé ici (en équipe 1ère entre 2015 et 2018, Ndlr), ce serait donc super qu’il revienne un jour chez nous.

Est-ce compliqué d’attirer les internationaux français et les top joueurs étrangers ?

Ce qui est compliqué, c’est la fiscalité. Je discutais avec le président de Kielce. Quand il propose 25 000 à un joueur, ça lui coûte 30 000, moi ça me coûte 50 000 ! Il ne dépense pas plus pour avoir ces grands joueurs, mais les joueurs touchent plus d’argent. Un joueur français qui va toucher entre 18 et 20 000 à l’étranger, pour lui donner ça en France il faut avoir les reins solides.

Vous comprenez donc qu’Hugo Descat ait lui aussi signé à Veszprém…

Je comprends complètement. On lui a fait une proposition qui était en-dessous de ses espérances et je le savais. On en était même loin. Par rapport à ce qu’il va toucher à Veszprém, ça aurait été chez nous le plus gros salaire du club et à l’aile on ne peut pas se le permettre.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi