Formé à Monaco, son talent s’est révélé tellement vite pour atteindre une telle hauteur qu’il est vite devenu évident qu’il n’allait pas faire de vieux jours en Principauté. D’un premier but en L1 à 17 ans en 2016 à un premier but en Ligue des Champions un an plus tard face à Manchester City, la trajectoire du capitaine des Bleus a été fulgurante.
Avec la même insolante facilité qu’il lui faut parfois pour éliminer les défenseurs et mettre le ballon au fond des filets, il ne lui aura fallu que six petits mois pour passer du statut d’espoir à celui de star internationale. Six mois pour valoir les 180 M€ dépensés par le PSG pour le décrocher du Rocher.
Après son premier match, le 2 décembre 2015 face à Caen en L1 (à 16 ans et 11 mois), son premier but face à Troyes le 20 février 2016 (à 17 ans et 62 jours), il était évident pour tout le monde qu’il n’irait pas au bout des trois ans de son premier contrat pro signé le 6 mars 2016.
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« On est très proche tous les deux et sa réussite ne m’étonne pas, déclarait son coéquipier Tiémoué Bakayoko sur le site de l’ASM. Il bosse bien à l’entraînement, il s’entend bien avec tout le monde, il ne se met pas la pression, il joue son football. Très peu de joueurs sont aussi faciles que lui sur un terrain car il est totalement relâché. » Dans la foulée, Jérémy Toulalan, son capitaine, refuse pourtant de s’enflammer :
« Ce qu’il montre à son âge est intéressant, mais le chemin est encore long. J’en ai vu d’autres avant lui qui ne sont pas sortis. Il doit être à l’écoute et faire les bons choix. » La même prudence vaut du côté de l’expérimenté défenseur italien, Andrea Raggi, réputé sans concession pour les jeunes qui montent. « C’est un très bon joueur qui peut devenir très très fort à condition que la tête suive… »
Sous la pression du papa, impatient, Jardim l’aligne avec Falcao…
Après une première saison 2015/2016 d’échauffement qui lui permet de battre des records de précocité, la suivante est, déjà, celle de la confirmation. Ses 26 buts en 44 matches, dont 6 en Ligue des Champions, accréditent la thèse que Monaco a bien une pépite dans ses murs.
Pour une fois que le terme n’est pas galvaudé… il va coûter quelques nuits blanches aux dirigeants monégasques. Parasitées par l’intérêt des plus grands clubs européens, les négociations pour la signature de son premier engagement professionnel s’avèrent en effet plus compliquées que prévues.
A quelques semaines de la fin de son contrat aspirant, la pression s’accentue sur le président Vasilyev. Au Real Madrid, Zidane est entré en contact direct avec sa famille. A Arsenal, les anciens monégasques Gilles Grimandi et Arsène Wenger ont essayé de jouer sur le lien affectif. A Liverpool, le propriétaire américain, Johan W. Henry, pas découragé par le refus de la famille Mbappé de répondre favorablement à son invitation, a personnellement pris des nouvelles de Kylian après une intervention chirurgicale bénigne.
Mbappé dans le grand bain à Monaco
Le Bayern Munich, le Borussia Dortmund et… le PSG ont aussi pris position, ce dernier par l’intermédiaire d’un ancien joueur, Claude Makelele, devenu directeur sportif de l’AS Monaco. Ça aide. Sur le terrain, d’abord frileux à lancer aussi vite un joueur aussi jeune dans le grand bain international, sous la pression de son père, impatient, Jardim ne peut pourtant pas faire autrement que de l’associer à Falcao, au détriment de Valère Germain qui y allait de son anecdote récemment dans Le Parisien :
« Il y a quelques années, Giuly me racontait le moment où il a perdu sa place au Barça au profit de Lionel Messi qui débutait. Avec Kylian, j’ai vécu la même histoire. Entre février et mai 2017, il s’est imposé à Monaco, marquant but sur but, et mon temps de jeu s’est considérablement réduit… A l’entraînement, on voyait déjà qu’il avait quelque chose de plus. »
Du talent surtout, une volonté de tous les instants et l’expérience d’une Gambardella et d’un Championnat d’Europe U19 remportés à quelques mois d’intervalle à la fin de la saison 2016/2017. Son arrivée chez les Bleuets en 2017, avec un an d’avance, ne surprend alors pas son sélectionneur chez les U19, Ludovic Batelli, qui l’a eu avec lui à deux reprises en mars et juin 2017 et qui n’a pas pu l’amener pour la Coupe du monde U20 en Corée du Sud. Et pour cause, Deschamps y avait déjà mis la main dessus. Mbappé n’a donc aucune sélection avec les Espoirs.
« C’est un super mec qui nous a beaucoup apporté sur le laps de temps court qu’il a passé avec nous, se souvient Batelli. Il était déjà un fantastique buteur et il a su devenir un fantastique passeur car il est en quête perpétuelle de progression. Mbappé ne se contente jamais de ce qu’il fait, il veut toujours plus. Il vise l’excellence et se fixe des objectifs très élevés. »
Avec Bruno Irles, en u17, ça ne passe pas !
Repéré lors du Tournoi de Montaigu 2014 disputé avec Monaco, Mbappé avait pourtant posé quelques problèmes à son éducateur monégasque chez les U17, un certain Bruno Irles qui lui reprochait son manque d’implication dans le replacement défensif. A 15 ans, si cette exigence est mal vécue par
le joueur et son entourage, si elle l’écarte pendant quelques mois de l’entraînement du groupe U17, elle aura été formatrice au contact d’un éducateur intransigeant qui fera aussi son chemin.
A ce moment-là, toujours sur le site de l’ASM, Irles évoquait de la sorte le surdoué de Bondy : « Kylian est un très bon joueur qui a tout pour faire une grande carrière. Il est encore trop tôt pour dire s’il atteindra le top niveau car tout va dépendre de sa capacité à se remettre en question dans les moments clés de sa carrière. Une chose est sûre, il ne doute de rien et a une personnalité très développée pour son âge. »
C’est aussi ce trait de caractère qui a surpris Lucas Tousart, son capitaine lors de l’Euro U19 gagnant. A l’issue de la compétition, l’ancien lyonnais déclarait sur le site de l’UEFA : « Il a une faculté à être détaché de ce qui se passe autour de lui. Il fait abstraction de son environnement et il franchit les paliers sans être impressionné. Avec ce qu’il a montré à l’entraînement, il est capable de faire des choses exceptionnelles. Le dernier aussi doué, avec un potentiel équivalent, c’était Dembélé. »
De retour à Monaco, ses exploits en Ligue des Champions sur le terrain de Manchester City, puis de Dortmund, son but en demi-finale à la Juve, ses 15 buts pour son premier titre de champion renforcent encore l’impression qu’il n’est pas fait du même bois que ses contemporains. Raggi peut être rassuré, sa tête a bien suivi…