Coach de Quimper de 2015 à 2023, l’ex-assistant de Vincent Collet en équipe de France a pris sa (lourde) succession à la tête des Mets. Pour sa première saison à ce niveau, il n’est pas gâté (7 matches, 7 défaites !) avec un club qui a failli mourir cet été et qui a repris avec du retard sur les autres équipes.
Quels étaient vos espoirs pour cette saison en début de championnat ?
Essayer de faire bonne figure dans un championnat avec cette année trois descentes. Il va d’abord falloir assurer le maintien parce que, dans ce championnat, tout le monde peut battre tout le monde.
On reste sur l’image de Boulogne finaliste du championnat. Est-ce une image qu’il faut se sortir de la tête ?
Non, il faut regarder ce qu’ils ont fait quand même mais, en même temps, prendre conscience que ce n’est pas du tout la même équipe. Avec les soucis de l’intersaison, les choses ont changé, c’est une nouvelle page qui s’écrit. A nous d’écrire notre propre histoire.
Le club joue-t-il désormais le maintien ?
On ne joue pas le maintien, mais il faut l’assurer avec ces trois descentes. Il faut faire attention parce que les autres équipes ont recruté. Il y a beaucoup d’étrangers, et certains peuvent se révéler. Il ne faut sous-estimer personne. Il va falloir se battre et, quand on sera assuré de ne pas être dans les trois derniers, on essaiera de grapiller tout ce qui est possible. Une saison réussie ? 10ème à minima. Personne ne mise sur nous aujourd’hui. Il n’y a pas non plus de pression médiatique. Personne ne nous attend.
« Que le club ait eu le n°1 de la draft, les joueurs s’en foutent ! Ce n’est pas de ça qu’ils vont vivre. Ils veulent une exposition »
Le club a recruté tardivement. Cela ne risque-t-il pas d’être un gros handicap ?
C’est ça qui explique ma prudence. On n’a pas eu beaucoup de temps de préparation avec un mélange d’anciens et de rookies. Le problème des rookies, c’est qu’ils arrivent avec des certitudes, mais il faut leur donner une autre éducation parce que le basket outre-Atlantique n’est pas du tout le même qu’en Europe. Les anciens ont eux envie de prouver qu’ils en ont encore sous le pied. Il va falloir que ce mélange-là fonctionne.
La finale et la place de n°1 de la draft de Victor Wembanyama ont-elles attiré des joueurs ?
Non pas du tout ! Les joueurs ont des ambitions financières, mais pas seulement. Ils cherchent surtout des clubs qui jouent une Coupe d’Europe. Ne pas jouer de Coupe d’Europe a freiné beaucoup de joueurs pour venir. Quelques-uns nous intéressaient vraiment et ont refusé parce qu’on ne faisait pas la Coupe d’Europe. Que le club ait eu le n°1 de la draft, ils s’en foutent un peu ! Ce n’est pas de ça qu’ils vont vivre. Ils veulent une exposition.
Le club a failli disparaitre. Quelle est l’ambiance ?
L’ambiance est entre les deux, mais elle reste bonne avec des gens qui ont envie d’avancer et de tenir ce club à flot. Ça n’a pas été rose tous les jours pour les gens qui travaillaient la saison dernière. Maintenant, il faut qu’on travaille tous ensemble.
Ce contexte, le fait de repartir de zéro, ne vous a-t-il pas fait peur ?
Non parce qu’à l’échelon inférieur, j’ai fait un peu pareil (il a fait monter Quimper en Pro B, Ndlr). Les pages blanches, ça fait partie du sport. On va essayer petit à petit de remonter le club. Il ne faut pas oublier ce qu’ils ont fait, mais il faut avoir conscience que c’est un nouveau projet et qu’on part avec des difficultés.
C’est votre première expérience dans l’élite. Cela ne vous met-il pas une pression en plus, surtout de passer après Vincent (Collet) ?
Ça met un peu de pression. Mais j’ai été joueur, la pression, je connais. Si, dans le sport, on ne supporte pas la pression, il ne faut pas faire ça. Je sais très bien que ça va être difficile, qu’il y a des attentes, que les gens vont nous regarder parce que le club a fait une grosse saison, mais ça fait partie du jeu.
Vous êtes attendu au tournant…
Tout entraîneur doit prouver qu’il est capable d’être au niveau.
Quel conseil vous a donné Vincent ?
De travailler ! De faire confiance aux joueurs tout en les drivant.
Y a-t-il un autre Wembanyama à Boulogne-Levallois ?
Non, mais il y a deux jeunes, les frères Esso Essis, qui sont intéressants. Il va falloir les faire travailler, les faire progresser pour qu’ils s’approchent au plus près du très haut niveau.