Journaliste à France Bleu Limousin, Jérôme Ostermann suit le club de Limoges depuis onze ans. Entretien pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
Pourquoi Limoges est-il un club à part ?
Par son palmarès déjà. Il y a aussi la ferveur du public. Beaublanc, c’est la plus belle ambiance en France quand cela se passe bien et que les gens poussent derrière leur équipe. Même au niveau européen quand Beaublanc se met en mode volcan, cela reste une des plus belles ambiances.
On décrit souvent Limoges comme le Marseille du basket…
On peut dire aussi Saint-Etienne. Ce sont des clubs qui ont eu une histoire très riche. Le comparatif avec l’OM est forcément à propos avec la Coupe d’Europe. Ensuite, on aime faire des analogies avec la ferveur des supporteurs par rapport à un club historique qui court après son glorieux passé ; avec des gens qui ont du mal à faire le deuil ; avec un recul de Limoges dans la hiérarchie suite à la montée en puissance de l’ASVEL et Monaco ou même avec d’autres clubs moins fortunés, mais qui travaillent très bien et qui sont devant Limoges comme Dijon, Bourg, voire Cholet.
A l’instar des supporteurs de Marseille et Saint-Etienne, ceux de Limoges prennent aussi conscience que ce ne sont plus les mêmes moyens. Toutefois, ils espèrent qu’il va y avoir toujours la victoire en championnat de France. Ils en demandent toujours beaucoup. Leur exigence peut paraître décalée par rapport aux moyens d’aujourd’hui. Que ce soit Marseille, Saint-Etienne au foot et Limoges au basket, les supporteurs ont tellement été gavés de titres, même s’il y a moins de moyens, la nostalgie et l’ambition restent.
Une ambiance de fou à Limoges
Les fidèles de Beaublanc croient donc toujours au titre de champion de France.
Avec tout ce qu’ils ont traversé, voir Limoges champion de France en 2014 et 2015 c’était déjà énorme. Ils ont connu la rétrogradation en N1. Ils ont végété en Pro B pendant de longues années. Je suis arrivé sur leur dernière année de Pro B (2012, Ndlr).
Ils ont enchaîné quatre titres. Limoges a réussi à renaître de ses cendres. Entre-temps, il y a eu la montée en puissance de l’ASVEL sans parler de Monaco et de ses moyens économiques jamais vus dans le basket français. Le bassin économique de Limoges n’a absolument rien à voir avec celui de Lyon et les spécificités de Monaco. A Limoges, certains espèrent probablement encore secrètement que ce soit encore possible, mais beaucoup sont lucides et se disent qu’on ne sera plus jamais champions de France tant que le budget de Limoges sera si loin de ceux de l’ASVEL et de Monaco.
« Le bassin économique de Limoges n’a rien à voir avec celui de Lyon et les spécificités de Monaco »
Quel serait l’impact si l’objectif play-offs n’était pas atteint en fin de saison ?
Ce qui est certain, c’est que Limoges a besoin de l’Europe économiquement et moralement. Les finances du club ne sont pas forcément hyper florissantes. Une qualification européenne permet d’avoir un prévisionnel plus sympa en termes de budget. Cela permet aussi d’attirer les meilleurs joueurs. L’Europe, c’est bon aussi pour la billetterie.
Avant d’être champion de France pour la première fois (1983, Ndlr), Limoges a gagné une Coupe Korac (1982, Ndlr). Ce serait un coup dur si le club n’accrochait pas une place en Coupe d’Europe. Ils ont besoin d’une continuité dans les huit.
Qui est le chouchou de Beaublanc cette saison ?
Desi Rodriguez. Après, il y a Nicolas Lang. C’est un Français dans sa 4ème saison à Limoges. C’est le seul international français de l’équipe. Les gens peuvent s’identifier à lui.