La Lettonie s’est hissée pour la première fois de son histoire en phase finale de Coupe du monde. A sa tête, on retrouve l’Italien Luca Banchi ancien coach de Strasbourg qui affrontera l’équipe de France.
C’est la première participation à la Coupe du monde pour la Lettonie, ce doit être une grande fierté.
Oui, bien sûr. L’objectif réaliste était de se qualifier pour l’Euro 2025. Et cette qualification pour la Coupe du monde a commencé dès la pré-qualification parce que nous étions tellement mal classés que nous avons dû commencer dès la pré-qualification en jouant contre le Belarus et la Roumanie. C’était totalement inattendu, mais d’un autre côté, cela rend la tâche très difficile, mais aussi très excitante.
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Vous vous retrouvez dans un groupe composé de la France, du Canada et du Liban. Pensez-vous pouvoir créer la surprise ?
Avec notre classement, il était difficile de s’attendre à un groupe facile malgré nos excellents résultats lors des qualifications qui se sont soldées par 15 victoires en 16 matches. Quand on parle de Coupe du monde, ce n’est jamais facile. De plus, je considère la France et le Canada comme deux candidats aux médailles. Mais, d’un autre côté, j’espère vraiment que l’équipe arrivera à la Coupe du monde en bonne santé, bien préparée, et bien sûr avec le rôle d’outsider, qui doit faire de l’équipe de Lettonie un client difficile pour tout le monde.
« Il est important pour porzingis de défendre les couleurs de son pays »
Quels sont les principaux challenges auxquels vous avez dû faire face avant d’atteindre ce niveau ?
L’équipe enchainait plusieurs campagnes ou plutôt saisons infructueuses, ce qui affectait l’humeur des joueurs et, en premier lieu, leur confiance. La première chose à faire était donc de rétablir la confiance et d’essayer de sélectionner des joueurs capables de rendre l’équipe efficace pendant les fenêtres, parce que la Lettonie est un très petit pays avec très peu de joueurs. Nous avons quelques joueurs de haut niveau en NBA.
Nous avons quelques joueurs en Euroligue. Nous avons donc quelques joueurs de haut niveau, mais c’est un très petit pays. Mon deuxième grand défi était de recruter des joueurs dans toute l’Europe. Nous avons utilisé 27 joueurs différents. Enfin, il a fallu vaincre les préjugés à l’égard d’un entraîneur étranger, en particulier d’un entraîneur méditerranéen, qu’ils n’ont jamais eu auparavant.
Je suis donc arrivé dans un pays où je n’avais jamais mis les pieds. J’ai entraîné des joueurs que je n’avais jamais entraînés auparavant. Je ne connais pas un seul mot de letton, donc je partais d’un niveau très bas. Ce qui me rend probablement le plus fier, en fait, parce qu’après deux ans, j’ai l’impression que mon empreinte dans ce programme et dans le style et la mentalité de l’équipe est assez évidente.
Avez-vous la garantie que Kristaps Porzingis qui vient de passer de Washington à Boston sera du voyage ?
Kris est un joueur solide de NBA. Il a une carrière, un statut. Et même s’il a été échangé, tout le monde connaît sa valeur. Il n’a besoin d’aucune adaptation. Cela peut paraître fou. Il a plus de mal à s’adapter au style européen lorsqu’il revient en Europe. L’été dernier, lorsqu’il a joué la fenêtre d’août avec nous, il m’a beaucoup impressionné. Il a ce charisme, ce feeling naturel avec le jeu, avec l’équipe et avec les coéquipiers. Et il contribue vraiment à stimuler tout et tout le monde.
Il a été un formidable facilitateur de notre style de basket. Nous avons eu des matches incroyables contre la Turquie et l’Angleterre, où tout le monde s’est bien comporté, mais il était vraiment la référence. Vous comprenez donc que pour des joueurs comme Kris, participer à la Coupe du monde pour son pays, c’est une priorité. Kris est un joueur All Star.
Pour moi, c’est un joueur du top 20 de la NBA. Nous sommes très heureux et très fiers que lui, mais aussi sa nouvelle équipe (Boston, Ndlr), aient validé sa participation à la Coupe du monde. Probablement parce que tout le monde a compris à quel point il est important pour le joueur de participer et de défendre les couleurs de son pays.
Luca Banchi adepte de la pratique du « bon basket »
Comment décririez-vous votre style de jeu ?
Notre principale caractéristique est que nous pratiquons un bon basket. Les joueurs se connaissent assez bien. Ils ont une identité, ils ont grandi ensemble. C’est une équipe qui aime jouer un basket rapide, partager le ballon, et nous avons de bons tireurs et un solide esprit d’équipe et, je crois, un bon entraîneur (sourire).
Qui voyez-vous aller en finale ?
Pas facile. Parce que jouer en Asie est très spécifique. Je ne sais pas quelle équipe aura la meilleure capacité à s’adapter à un environnement aussi différent. J’aime beaucoup les équipes européennes, la France, la Serbie, la Grèce et l’Espagne. Elles ont vraiment le potentiel pour aller jusqu’en finale. J’aimerais vraiment que la finale soit entièrement européenne. Mais comme nous jouons contre l’Asie, nous devons considérer les Etats-Unis, le Canada et l’Australie comme des candidats sérieux pour le titre.
Propos recueillis par Ewen Robin