Parti par la petite porte de limoges en novembre 2018, le pivot international français Mam Jaiteh ne regrette pas d’avoir tenté l’expérience de l’étranger. A 26 ans, pour sa première saison en Turquie, à Gaziantep, il règne en maître du Bosphore dans les airs.
Etes-vous d’accord si on vous dit que vous vous réalisez la meilleure saison de votre carrière ?
C’est en bonne voie. J’avais déjà fait une saison dans ces eaux-là en Pro B quand j’avais 17 ans (16,2 points et 9,9 rebonds avec Boulogne-sur-Mer en 2012/2013, Ndlr). En tout cas, ça fait plaisir.
Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un cap ?
Se retrouver à l’étranger, seul face à soi-même, en attendant seulement que tu performes en tant que joueur étranger, ça m’a permis de moins me disperser, de me recentrer sur le terrain et de me focaliser sur la manière d’être le plus efficace possible.
Quand ça commence à bien marcher, la confiance est là et c’est le cas depuis l’Italie, la Russie et désormais en Turquie. Finalement, c’est plus un changement mental que physique même si j’ai pris deux kilos de muscles. Je suis devenu quelqu’un d’autre sans renier celui que j’étais avant.
Est-ce facile d’être dans la peau du joueur phare de cette équipe de Gaziantep ?
En partant à l’étranger, je me suis rendu compte que j’ai le même rôle qu’un Américain. On me demande la même chose. Il y a deux mondes, celui des joueurs locaux et celui des joueurs étrangers. Je suis passé l’autre côté. Je ne le prends pas comme une pression. Il faut simplement que je sois efficace et rentable dans ce que je sais faire.
Numéro 1 au rebond du championnat turc. Est-ce un challenge de finir à ce rang ?
C’est un challenge. Ça flatte un peu l’ego, mais j’essaie de ne pas trop m’attacher aux chiffres pour ne pas me limiter. J’essaye simplement d’en prendre un maximum à chaque match !
Vous avez quitté Limoges par la petite porte en 2018. Prenez-vous vos performances actuelles comme une revanche ?
Je ne suis pas du tout dans un esprit revanchard. Au contraire. J’avance. C’est tout un processus qui m’a amené à ces performances. A la limite, mon départ de Limoges m’a aidé. Si j’étais resté, j’aurais peut-être signé dans un autre club en France et je n’aurais pas pu aspirer à des choses plus grandes comme actuellement. Au final, je suis plus gagnant que perdant. Tout me réussit plutôt bien depuis que je suis parti…
« Au final, je suis plus gagnant que perdant depuis que j’ai quitté Limoges »
Qu’est-ce qui vous a incité à opter pour Gaziantep qui n’est pas un top club en Europe après une saison à Saratov?
Je voulais un club où je pouvais m’exprimer et montrer ce que je savais fai-re, tout en étant ambitieux en visant les playoffs. Je savais que j’allais jouer un certain nombre de minutes même si je ne pensais pas jouer autant. On est en course pour les playoffs. C’est donc le scénario parfait. A moi de continuer à performer pour que l’équipe ait un maximum de victoires et que ça crédibilise mes performances.
L’idée, c’est de signer dans un club d’Euroligue la saison prochaine alors que vous n’avez signé qu’une saison.
Mon but, c’est de monter aussi haut que possible. Je ne me fixe pas de niveau. J’ai 26 ans, une famille avec un enfant. Je recherche avant tout un contexte pour être le plus épanoui possible. Certains clubs sont sans doute intéressés, mais je reste focalisé sur ma saison, sur mon quotidien pour garder ma constance. On en reparlera en mars-avril…
Jouer contre Efes et Fenerbahçe, c’est un peu votre Euroligue…
Je ne joue pas de Coupe d’Europe cette saison, mais j’ai montré que j’étais capable de performer contre ces équipes qui évoluent en Euroligue, en Champions League ou en eurocup.
N’avez-vous pas néanmoins un plan de carrière ?
Comme je l’ai dit, mon but est d’aller le plus haut possible. Je ne me fixe pas de barrières.
Le plus haut, en basket, c’est la NBA. Y songez-vous toujours (en 2015, il n’avait pas été drafté, ndlr) ?
Ça a toujours été un rêve et tant que je jouerai ce le sera. L’été dernier, j’étais partant pour tenter ma chance, mais c’était compliqué avec la Covid. Ce n’était pas le bon timing. Je n’ai pas pris le risque et je ne regrette pas d’avoir signé une saison à Gaziantep.
N’avez-vous pas envie de vous stabiliser après trois clubs en trois ans ?
C’est mon but pour la saison prochaine !
A titre personnel, vous avez été touché par la Covid.
Oui, je l’ai eue. Ça m’a empêché de rejoindre l’équipe de France en novembre. J’ai été à l’arrêt chez moi pendant 16 jours à ne rien faire. Je n’ai eu qu’un mal de tête les deux premiers jours et je toussais, mais j’ai beaucoup perdu au niveau cardio et musculaire.
Vous n’avez plus porté le maillot de l’équipe de France depuis septembre 2018. Cela fait-il partie de vos objectifs en 2021 avec les JO en ligne de mire ?
C’est un manque car il n’y a rien de mieux pour moi que de jouer pour son pays. C’est un honneur. Ça n’a pas de prix. Dans ma tête, j’ai été sélectionné car c’est la Covid qui m’a simplement empêché d’y aller.
A votre poste, la concurrence est énorme avec Gobert, Poirier, etc.
Ma seule réponse, c’est d’être performant au quotidien. Le reste, je n’ai pas de prise dessus.
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