vendredi 19 avril 2024

Mick Schumacher s’élance en F1 avec l’ombre de son père derrière lui

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Si le jeune Mick Schumacher (22 ans) va chercher à marcher sur les traces de son illustre père, Michael. Dès cette année chez Haas. En règle générale la filiation à une ancienne gloire du paddock se traduit par beaucoup de turpitudes et un fardeau bien lourd à porter.

Son père est une icône de la F1

Bien malin celui qui saura à quoi va penser le jeune Mick Shumacher. Le 28 mars à l’occasion du premier Grand Prix de la saison à Bahrein, à Sakhir. Mais il y a fort à parier que le rejeton pensera à son illustre père. Le 29 décembre 2013, il skiait avec son père à Méribel quand ce dernier a eu un accident lui causant de très graves blessures au cerveau.

Depuis, il n’a de cesse de marcher sur les traces de l’ancienne icône de Ferrari : « Il a été mon idole et je regarde chaque chose qu’il a faite en m’efforçant de retirer ce qui peut m’être utile. Mon père a joué un grand rôle dans ma manière de piloter ». Michael Schumacher, c’est en particulier 7 titres de champion de monde, 307 Grands Prix, 91 victoires, 68 poles, 77 meilleurs tours, 155 podiums, 1566 points, 5111 tours en tête. Bref un héritage colossal.

Son père s’est illustré en rallye

Carlos Sainz Jr, avec 118 Grands Prix, nouveau pilote Ferrari, sera un des pilotes à suivre en cette saison 2021. Rapide et accrocheur, il doit tenir ces qualités de son père Carlos. Ce dernier surnommé « El Matador » a surtout été une grande figure dans le milieu des rallyes. Ses plus grandes heures de gloire dans la discipline ont été en 1990 et 1992 quand il a été couronné champion du monde.

Leurs pères sont décédés en F1

Même s’il n’a jamais été champion du monde, Gilles Villeneuve fait partie des plus grands. Il s’est classé 2ème en 1979. Il avait une aura exceptionnelle auprès des tifosi de Ferrari.

Le Canadien s’est tué le 8 mai 1982 à 32 ans sur le circuit de Zolder. Son fils Jacques a été champion du monde en 1997. Pour autant, le nom Villeneuve a souvent été très lourd à porter. Comme il l’a confié dans les colonnes du New York Times : « S’il avait été là, j’aurais commencé plus jeune. Mais je suis sûr que je n’aurais jamais eu la même carrière. Il y a toujours cette oppression paternelle.

Vous êtes immédiatement jugé comme si vous étiez un pilote expérimenté. Un débutant restera anonyme pendant deux ou trois ans. Personne ne le connaît. Cela oblige les fils de pilotes à apprendre rapidement et gérer une immense pression dès le départ. Cela m’a permis de me préparer à la F1. En même temps cela aurait pu me détruire. Il n’y a pas de liberté. En mourant mon père m’a donné cette liberté. Il m’a permis de devenir un homme ».

Le pic de la carrière de Damon Hill se situe en 1996 quand il devient champion du monde. Il a été le premier à l’être en ayant succédé à son père, Graham Hill. Ce dernier avait disputé 175 Grands Prix. Il a été deux fois champion du monde en 1962 et 1968. Le 29 novembre 1975, de retour d’une séance d’essais privés au Castellet, il se tue aux commandes de son avion privé.

Ils auront vraiment eu du mal à assumer leur nom

Le succès ne s’inscrit pas forcément et toujours dans les gênes. Champion du monde en 1981, 1983 et 1987, Nelson Piquet a longtemps pensé que le fiston Nelsinho suivrait la même voie.

Il s’est fourvoyé. Le père a pourtant dépensé beaucoup d’argent pour que son fils se fasse une place parmi les meilleurs, déjà dans l’antichambre de l’élite. Effectivement à une période en GP2 le Brésilien sur une Piquet Racing en 2006, a joué des coudes avec le futur crack Lewis Hamilton. La suite ne sera qu’une succession d’événements malheureux pour lui notamment en F1 (28 Grands Prix).

Utilisé comme un pion dans l’affaire du « Crashgate » de Singapour en 2008, il n’obtiendra qu’un podium cette année-là (et dans son parcours) lors du GP d’Allemagne (2ème derrière Hamilton). Il ne reviendra ensuite plus en F1. Le reste de sa carrière se résumant surtout à des passages anecdotiques dans d’autres catégories. Si ce n’est un titre de champion du monde décroché en Formule E en 2015.

Il a incarné la malédiction. Dans la famille Brabham, il y a eu Jack, triple champion du monde en 1959, 1960 et 1966. Entre 1990 et 1994, David un de ses fils, ne sera jamais classé au championnat du monde en 24 Grands Prix. Il remportera par contre les 24 heures du Mans en 2009. Pour Gary, son frère, ce sera le néant le plus total (aucun départ au sein de la petite écurie Life Racing Engines).

L’exception Nico Rosberg

Champion du monde en 2016, Nico Rosberg (206 Grands Prix, 23 victoires) est un cas singulier dans le milieu. Contrairement à Damon Hill qui n’avait pu fêter son couronnement mondial avec son père, car disparu une vingtaine d’années auparavant dans un accident d’avion. L’Allemand a pu célébrer cet exploit avec son père Keke, lui-même titré en 1982. Keke (114 Grands Prix, 5 victoires) a pendant longtemps servi de mentor à son fils. En l’intégrant à sa propre écurie afin qu’il se teste dans les catégories inférieures.

Il était également son manager jusqu’en 2008 avant de se mettre davantage en retrait dans la carrière de son fils. Coup de théâtre exceptionnel peu après le titre avec Mercedes, quelques jours plus tard, Nico Rosberg annonce son retrait en F1.

Il s’est détaché de l’image de son père

Jos Verstappen a participé à 107 Grands Prix dans sa carrière pour deux podiums. Dans le paddock, on le surnommait « Jos the Boss » dans les années 90. Quand on court aux côtés de Michael Schumacher, cela vous façonne un homme ! Le rejeton Max n’avait d’autre option que de réussir. C’est ce qu’il fait à merveille. Le pilote Red Bull est considéré comme un des plus forts de sa génération. Sans perdre de temps, il a relégué l’héritage paternel au second plan.

En 2015, le père Verstappen déclarait même : « Mon fils fera une bien meilleure carrière que moi ». Parole tenue. A 17 ans et 166 jours, Max a été le plus jeune de l’histoire de la F1 à prendre le départ d’un GP (en 2015 en Australie), puis le plus jeune à marquer des points. A 23 ans, il a déjà pris part à 119 Grands Prix et a gagné 10 courses à ce jour pour 42 podiums.

Ils n’ont jamais participé à un GP de F1

Patrick Tambay a participé à 114 Grands Prix. Il a même connu la victoire lors du GP d’Allemagne en 1982 et à Imola en 1983. Son fils Adrien s’est surtout illustré dans le championnat DTM. Le « professeur » Alain Prost, c’est quatre titres de champion du monde et 51 victoires en Grands Prix pour 199 disputés.

Son fils Nicolas, ancien champion Euro Formule 3000 en 2008, a juste approché le milieu de la F1 notamment quand il a été pilote de développement chez Lotus. Il a davantage fait parler de lui en Formule E où il a obtenu de belles places ainsi qu’aux 24 heures du Mans (deux fois 4ème).

Ils aspirent à y être

Ils ne rêvent que d’une chose : marcher sur les traces de leurs aînés. Mais la mission est loin d’être commode. Et la route est très longue. Sans dresser une liste exhaustive, on pense à Pietro Fittipaldi et Enzo Fittipaldi (petits-fils d’Emerson champion du monde en 1972 et 1974).

Louis Delétraz a fini 8ème en F2 en 2020 et a occupé le rôle de pilote de simulateur chez Haas (fils de Jean-Denis, 3 GP). Giuliano Alesi, 17ème du dernier championnat de F2, le fils de Jean (201 GP et une victoire à Montréal en 1995), Pedro Piquet l’autre fils de Nelson qui a fini 20ème de F2, veulent aussi percer.

Eduardo Barrichello, le fils de Rubens (323 Grands Prix, 11 victoires) va courir en Formula European Championship en 2021. Brando Badoer, le fils de Luca (51 GP), Enzo Trulli le fils de Jarno (252 Grands Prix et victoire à Monaco en 2004) a déjà été titré en F4.

Lorenzo Patrese, le fils de Riccardo (256 Grands Prix, 6 victoires), Sebastian Montoya, le fils de Juan Pablo (94 GP, 7 victoires), combattaient ensemble déjà en 2019 sur un Championnat d’Europe FIA Karting. N’oublions pas Juju Noda, la fille de l’ancien pilote Hideki (3 Grands Prix en 1994). Elle participe au championnat de F4 américaine après avoir fini 6ème en F4 danoise en 2020 !

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