Dernier rescapé de la “génération Parker”, Mickaël Gelabale continue à prendre du plaisir à Chalon-sur-Saône. A 37 ans, il vient même de prolonger son contrat de deux saisons, jusqu’en 2022. Mieux, il se voit jouer jusqu’à ses… 43 ans !
Qu’est-ce qui vous pousse à continuer à jouer ?
C’est quelque chose qui se fait naturellement. Cela me fait du bien de courir, de jouer au basket. J’ai toujours le même plaisir à pratiquer ce sport. Je côtoie le monde professionnel depuis vingt ans mais, même si je n’étais pas pro, je jouerais toujours au basket. D’ailleurs, après ma carrière, je continuerai à jouer.
Ne ressentez-vous aucune lassitude, par exemple lors des déplacements ?
Au contraire, les voyages me manqueront. J’aime être entouré d’une dizaine de partenaires. Cette vie de vestiaire, c’est magique. Le but, c’est de partager des émotions. On ne retrouve ça nulle part ailleurs que dans le sport collectif.
Avec la récente retraite de Florent Pietrus, vous êtes le dernier membre de l’équipe de France 2005, en bronze à l’Euro, encore en activité…
Je l’ai félicité pour sa carrière et pour le chemin qu’il a parcouru. Il a fait rêver les jeunes. Il a ouvert la porte espagnole aux joueurs français. C’est une page qui se tourne pour lui.
« Cette médaille de bronze, c’est un truc mémorable »
Mais concernant le fait que vous êtes le dernier rescapé de 2005…
Ça m’inspire surtout que j’ai débuté très, très jeune. Car je ne suis pas si vieux que ça ! Cette médaille de bronze manquait aux Bleus depuis très longtemps, c’est un truc mémorable. C’étaient mes premières sélections. Si on m’avait dit à l’époque que j’aurais autant de sélections et de médailles, je ne l’aurais pas cru !
Vous évitez encore de parler de votre longévité…
Mais Flo a deux ans de plus que moi ! J’ai encore plusieurs années devant moi. J’ai subi une grosse blessure, je suis resté un an sur le flanc. Pour durer, je fais attention à mon corps et je fais moins la fête.
Vous inspirez-vous de la longévité de certains champions ?
Bien sûr. LeBron James est là depuis longtemps et il n’a pas pris une ride ! C’est sur ce genre de joueurs que je prends exemple. Ils jouent comme s’ils étaient encore des gamins. Ils ne lâchent rien, ils veulent toujours autant gagner. Ce n’est pas l’âge qui fait le joueur, mais l’expérience. Plus les anciens dureront longtemps, plus ils pourront transmettre des choses aux jeunes.
« J’AI ENCORE PLUSIEURS ANNÉES DEVANT MOI »
A ce propos, comment sont les jeunes de Chalon avec vous ?
Je les connais depuis pas mal d’années. C’est normal d’être un peu intimidé quand on arrive dans un effectif pro, il y a des caps à passer. Certains m’ont dit qu’ils avaient eu mon poster dans leur chambre (rires) ! D’autres m’ont montré des photos qu’ils avaient prises avec moi ! Cela ne me rajeunit pas mais, surtout, ça me donne envie de jouer avec eux. Si tout va bien physiquement et mentalement, je me vois même continuer en Pro B ou en N1. Le terrain, c’est ce qui me plaît.
Vous ne vous fixez aucune limite d’âge ?
43 ans.
Sérieusement ?
Oui. Si tout va bien. Dans le meilleur des mondes…
Et après ? Vous imaginez-vous dirigeant comme certains de vos anciens coéquipiers ?
s du tout ! J’ai quelques idées en tête, mais qui ne s’orientent pas vers le basket. Même si je ne ferme pas la porte totalement car j’adore être sur le parquet et conseiller les jeunes.
« La NBA, cela n’a pas duré des années, mais j’ai vraiment apprécié »
Quelles idées avez-vous en tête ?
Je devais faire une formation en cuisine cet été, mais je n’ai pas pu la faire à cause de la situation sanitaire. Cela a toujours été une de mes passions, mais je n’ai aucune idée si je serais capable de travailler dans ce domaine ! Si ce n’est pas possible, je continuerai juste à me faire à manger pour mon propre plaisir.
Quelle a été la principale évolution du jeu depuis 20 ans ?
Il a changé dans le sens où le poste de meneur a pris encore plus d’importance. Mais il y a aussi moins de phases de jeu et plus d’actions individuelles avec des pick and roll. J’ai évolué avec le jeu, j’ai pris du plaisir dans l’ancien basket et dans l’actuel.
Quel regard portez-vous sur vos années NBA ?
C’est une fierté pour moi. J’y ai été par la grande porte la draft (drafté en 48ème position en 2005, Ndlr) et la petite porte. Ce n’est pas donné à tout le monde d’y aller deux fois (en 2006-2008 à Seattle et en 2012/2013 à Minnesota, Ndlr). Cela n’a pas duré des années, mais j’ai vraiment apprécié. C’était le basket que je voulais jouer à ce moment-là. J’ai fait ce que j’avais à faire, je n’ai pas de regrets. Je continue à suivre la NBA.
Et les joueurs français ?
Evan (Fournier), Rudy (Gobert), Ian (Mahinmi)… Je les suis tous. Enfin, un peu moins les jeunes tout de même !