En s’imposant face à Phoenix (4-2), Giannis Antetokounmpo et sa bande ont offert le deuxième titre de son histoire à la ville de Milwaukee, 50 ans après celui de 1971. Souvent raillée ces dernières années, la paire Antetokounmpo-Middleton s’est offert une belle revanche, succédant ainsi à Kareem Abdul-Jabbar et Oscar Robertson.
50 ans après. Mercredi 21 juillet, dans un Fiserv Forum plein à craquer, Milwaukee est enfin parvenu à décrocher le titre, 50 ans après. 50 ans après, Giannis Antetokounmpo et Khris Middleton succèdent à Kareem Abdul-Jabbar et Oscar Robertson sur le toit de la NBA. 50, comme le nombre de points inscrits par la superstar grecque dans le match du sacre. Tout un symbole. Après plusieurs échecs ces dernières saisons, les Bucks mettent fin à un demi-siècle de disette.
À 26 ans, après deux titres de MVP en 2019 et 2020 et un titre de défenseur de l’année en 2021, c’est la bague de champion au doigt et avec le trophée de MVP des finales que Giannis Antetokounmpo s’apprête à partir en vacances.
Un demi-siècle d’attente pour Milwaukee
Une belle revanche prise sur ses nombreux détracteurs. Drafté en 2013 par Milwaukee à la 15ème position, Giannis Antetokounmpo n’est à l’origine pas destiné à cette trajectoire. Vendeur de lunettes dans les rues d’Athènes en 2003, le jeune homme ne découvre le basket qu’en 2008. En NBA, malgré des qualités physiques hors du commun, le Grec doit depuis ses débuts essuyer de nombreuses critiques.
« Milwaukee ne s’est pas amélioré parce que Giannis ne sait toujours pas scorer » déclare en janvier 2021 Channing Frye, ancien joueur des Cavaliers aujourd’hui chroniqueur de l’émission Road Trippin’. Il faut dire que ces dernières années, les Bucks collectionnent les gros échecs.
Si l’élimination au 1er tour des play-offs de 2013 peut s’expliquer par la genèse d’un projet au long cours, celles des trois dernières saisons sont en revanche plus difficiles à justifier. En 2017, sous la houlette de Jason Kidd, Giannis et sa bande ne peuvent faire mieux qu’une défaite au 1er tour face aux Raptors. En 2018, même issue, cette fois face à Boston.
Milwaukee imbattable en play-offs
Pendant ce temps, le rouleau-compresseur Giannis Antetokounmpo prend de plus en plus d’épaisseur. Jusqu’à être élu MVP de la saison régulière 2019. En play-offs, pour la première fois depuis l’arrivée du duo Antetokounmpo-Middleton, les Bucks sont très attendus.
Après avoir terminé à la 1ère place de la Conférence Est, les hommes de Mike Budenholzer s’offrent Detroit au 1er tour avant de prendre leur revanche sur Boston en demi-finales de Conférence. 4-0 puis 4-1, portés par leur duo, les pensionnaires du Fiserv Forum impressionnent. En finale de Conférence, revoilà les Raptors.
Là aussi, les joueurs du Wisconsin ont l’occasion de prendre une revanche sur un adversaire qui les avait torpillés au 1er tour deux ans plus tôt. Il n’en est rien.
Déjà fort d’un titre NBA et du trophée de MVP des Finales 2014, Kawhi Leonard donne la leçon à Giannis et sa bande. En 2020, les Bucks terminent une nouvelle fois à la 1ère place de la Conférence Est avec un impressionnant bilan de 56 victoires pour 17 défaites. Oui mais voilà, en playoffs, les vieux démons sont de retour.
Dans la bulle d’Orlando, après avoir sweepé Evan Fournier et les siens, les Bucks tombent sur l’os Miami. 4-1. La défaite est aussi nette que douloureuse. Pendant que Jimmy Butler et le Heat triomphent, les « Giannis est encore passé au travers lorsque ça compte » fleurissent sur les réseaux sociaux.
Les nombreux échecs ont forgé un caractère à cette équipe
En 2021, le Greak Freak a répondu de fort belle manière à ses détracteurs. Au 1er tour, nouvelle revanche pour lui, face à Miami. Le revers de l’année dernière encore en travers de la gorge, les Bucks sont impitoyables avec Goran Dragic et les siens (4-0). En demi-finales, place au grand favori pour le titre : Brooklyn.
Au terme d’une série pleine de rebondissements, les Bucks s’imposent au bout des prolongations du Game 7. Privés de Kyrie Irving et avec un James Harden diminué, les Nets sont pourtant passés à un orteil de la qualification. A six secondes du terme du quatrième quart-temps de l’ultime match, Milwaukee mène 109-107.
La remise en jeu est pour Brooklyn et Jeff Green. Tous les regards sont alors braqués sur Kevin Durant. Fidèle à sa renommée, l’ancien de Golden State envoie un shoot dont il a le secret. Le Barclays Center explose, ne sachant pas encore que le bout de la chaussure de sa star avait touché le cercle. Prolongations donc.
Exténués, Kevin Durant et les Nets laissent Milwaukee filer en finale de Conférence Est. En finale, Atlanta attend Giannis et sa troupe de pied ferme. Portés par Trae Young, les Hawks ont créé la surprise en éliminant Philadelphie. Toutefois, le petit numéro 11 n’est pas suffisant pour inquiéter les Bucks. Milwaukee est en finale face à Phoenix. En délicatesse avec son genou droit en début de série, Giannis fait oublier très rapidement les doutes quant à son état physique.
Bloqué en piste lors du premier match, l’avion Giannis décolle peu à peu. Lors du deuxième match, s’il ne permet pas aux Bucks de gagner, le natif de Zografou est auteur d’une performance majuscule. 42 points, 12 rebonds, 4 passes et 3 contres, De Andre Ayton s’apprête à vivre une série difficile.
La tendance se confirme au fil des matches. De retour au Fiserv Forum de Milwaukee après avoir concédé deux défaites en Arizona, Giannis et sa bande ont décidé de remettre l’église au milieu du village à domicile.
Antetokounmpo dans la légende
« A partir du deuxième match, les prestations de Giannis Antetokounmpo laissent rêveur. Physiquement, il est supérieur à tout le monde et fait des chiffres qui n’avaient pas été faits depuis 2000 avec Shaquille O’Neal » confie Jacques Monclar, ancien coach aujourd’hui consultant chez BeIN Sports.
« Au-delà de l’aspect physique, dans les choix de jeu, il a beaucoup progressé. C’est là que se situe la principale différence. Il ne s’obsède plus à vouloir shooter extérieur, mais profite et tire le maximum de ses points forts » poursuit-il. Dans le quatrième match, les hommes de Mike Budenholzer assistent au récital du lieutenant numéro un de Giannis, Khris Middleton.
En difficulté lors des deux premières rencontres, l’ailier des Bucks retrouve son adresse à 3 points. C’est tout le rendement de l’équipe qui s’en ressent. Dans le quatrième affrontement, c’est au tour de Jrue Holiday de s’emparer des clés du camion.
Resté dans l’ombre, mais toujours précieux défensivement jusqu’alors, l’ancien de New Orleans sort de sa boîte et est l’auteur d’un Game 5 majuscule. La dernière action du match en est le symbole. Pendant ce temps, en leader qu’il est devenu, Giannis ne tremble pas, guidant les siens vers le graal.
Les Bucks feront-ils aussi bien que les Warriors dernière équipe à avoir conservé son titre en 2018 ? Rien n’est moins sûr, mais Giannis ayant prolongé de cinq ans en décembre, Jrue Holiday ayant lui prolongé de quatre ans en avril et Khris Middleton étant encore sous contrat jusqu’en 2024, Milwaukee ne sera pas moins fort en 2022. Les adversaires du Greek Freak sont prévenus !
Adrien Cornu
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