Le président de l’USDK (Jean-Pierre Vandaele) aborde sans filtre tous les sujets : les résultats en dessous des attentes, la non- reconduction de l’entraîneur Franck Maurice, mais aussi le projet de grande salle qui doit faire grandir le club. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.
Depuis votre prise de fonction en 2011, comment jugez-vous l’évolution du club ?
Dunkerque était très bien positionnés. On figurait parmi les cinq, six premiers budgets de France en 2011. On avait alors une équipe de joueurs cadres, issus du club, ou présents depuis longtemps. Cette équipe nous a permis de gagner beaucoup de titres. Cinq ans plus tard, notre budget s’est trouvé dans la deuxième partie du championnat. Entre-temps, l’arrivée du Qatar a accompagné le PSG.
Toutefois, cela ne nous a pas empêchés de remporter le titre de champion de France (en 2014, Ndlr). Ensuite, tous les clubs se sont bien développés. Ils travaillent très bien. L’aide des collectivités – si ce n’est pas sous forme de budget -avec un outil mis à disposition des clubs a vu éclore des grandes salles, des Arenas, un peu partout. Auparavant, on parlait presque de salles omnisports. De notre côté, on évolue toujours dans une salle comprenant entre 2500 et 3000 places. On a aujourd’hui environ la 14ème jauge sur 16 en StarLigue.
A quand une nouvelle salle à Dunkerque ?
Un projet de grande salle va voir le jour. On peut imaginer la livraison en 2028, avec entre 5000 et 6000 places. Elle sera positionnée à proximité de la gare. Ce sera aussi une salle de spectacle. J’ai la certitude qu’on pourra faire tous nos matches dans cette salle. Qu’on soit européen ou non ! C’est un vrai outil de développement pour le club. On l’attend depuis tellement longtemps. J’y travaille avec les collectivités, le président de la communauté urbaine.
Quelles sont les ambitions du club cette saison ?
Elles étaient de ne pas demeurer en dessous de la 8ème place (après 9 journées, le club n’est que 13ème, Ndlr). De se rapprocher le plus possible de la 5ème, 6ème place. Le but étant de redevenir européen d’ici un ou deux ans. L’idéal – avec les moyens qu’on irait chercher à droite et à gauche pour nous aider sur la masse salariale – serait qu’on soit européen, le jour où on pourrait entrer dans cette grande salle. On a fait deux années à la 10ème place (8ème en 2022/2023, 10ème en 2023/2024, Ndlr). Je ne veux pas qu’on redescende en dessous de la 8ème place.
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« Cette grande salle sera un vrai outil de développement pour le club »
Franck Maurice ne sera pas conservé à la fin de son contrat…
Quand j’ai choisi Franck, il a voulu se doter d’un adjoint -Tarik Hayatoune – également entraîneur d’un club de première division (Limoges, Ndlr). Je lui ai donné les moyens de son recrutement pour qu’on décolle de cette 10ème place. Quand il est arrivé (à l’été 2022, Ndlr), il est venu avec des joueurs supplémentaires de Nîmes, non prévus dans la masse salariale.
On a aussi étoffé l’équipe avec un préparateur physique et un kiné à temps complet, un entraîneur pour les gardiens. Je peux comprendre la première année avec la malchance et les blessures. La deuxième, on est restés au même niveau. A un moment donné, il faut que la fusée décolle quand on donne les moyens. Mon niveau d’exigence est d’être au moins à la 7ème place.
Avec ce changement d’entraîneur programmé, le rendement de l’équipe ne risque-t-il pas d’en être affecté d’ici la fin de saison ?
J’aurais pu annoncer cela à la fin de la saison. Si, en fin de saison, on est européens, j’aurai eu tort et j’aurai dû le garder. Mais quand un entraîneur me demande un an et demi de contrat, en mettant un ultimatum de réponse pour la fin de la deuxième année, c’est ce que j’ai fait. Peut-être que c’était trop tôt de l’évoquer à un an et demi de contrat. Il lui restait encore un an et demi derrière et encore beaucoup de choses à prouver.
J’ai annoncé, en mai, qu’en tout état de cause, en fonction des résultats que je vois sur les deux premières années, on n’est pas dans les objectifs. A un moment donné, je comprends bien qu’un entraîneur doive se projeter sur son avenir. Et qu’en l’occurrence, s’il ne reste pas à Dunkerque il a aussi besoin de le savoir suffisamment tôt pour anticiper. Je lui ai répondu pour qu’il puisse rechercher un club.
Jean-Pierre Vandaele croit au changement d’entraîneur
Changer d’entraîneur assez souvent n’est pas dans l’ADN du club, on l’a vu avec Patrick Cazal (entraîneur de l’USDK de 2011 à 2022).
Patrick a fait plus de dix ans. Ce n’est pas rien. Je me demande si, dans pareille circonstance, à un certain moment, les joueurs n’en viennent pas à s’inscrire dans une forme de routine. De temps en temps, il faut pouvoir la casser, surtout quand l’objectif n’est pas atteint, il faut passer à autre chose.
Depuis quelques saisons, Dunkerque n’obtient pas les résultats souhaités, pour quelles raisons ?
C’est un ensemble de choses et de moyens qu’on donne. On a une enveloppe avec la 7ème masse salariale sportive pour faire évoluer cette équipe. On est en droit d’attendre un certain nombre de résultats que je n’ai pas.
Que va pouvoir apporter Tarik Hayatoune ?
Tarik est là aujourd’hui, mais il n’est pas n°1. Toutes les décisions stratégiques ne viennent pas de lui. C’est quelqu’un de très présent malgré tout. Je vois beaucoup d’heures de présence au club de sa part. Je suis en relation régulière avec lui et entends sur ce qu’il prévoit pour la suite. Il a du dynamisme. Mais on a un fond d’équipe qui sera encore présent l’année prochaine.
Ce fond d’équipe a besoin de constance. Ce n’est pas en changeant d’entraîneur tous les deux-trois ans qu’on gagnera en stabilité. A lui de trouver son adjoint qui apportera une plus-value. Tarik aura les clés de l’équipe et à lui de montrer ce qu’il est capable.
Quelle doit être la vraie place de Dunkerque en championnat ?
Dans le premier tiers du classement. On a été très en avance par rapport à d’autres clubs en 2011. Des clubs nous ont rejoints et même dépassés largement. C’est grandement dû aux structures. Quand je vois le travail phénoménal abattu par Nantes depuis des années ! C’est vraiment le club qui m’impressionne le plus.
Ils se sont développés de manière formidable. Je sais d’où ils sont venus et je vois où ils se trouvent aujourd’hui. A une certaine époque, ils nous voyaient comme leur exemple. Aujourd’hui, ils sont loin devant. Quand on aura cet outil, on continuera à travailler et on briguera les places européennes le plus vite possible.