vendredi 29 mars 2024

Oscar Schmidt : « Pour moi, rien n’était au-dessus de la sélection du Brésil, même pas la NBA »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

La légende du basket brésilien, aujourd’hui âgé de 63 ans, revient, pour Le Quotidien du Sport et France Basket, sur les grandes heures de sa carrière. Une carrière qu’il a poursuivie jusqu’à 43 ans avec des paniers à la pelle pour le recordman de points aux JO.

Que devenez-vous ?

J’interviens surtout dans des entreprises à travers des conférences. Ma prise de parole tourne beaucoup autour de la motivation, des sacrifices et du travail. Il ne faut jamais se dire qu’on est fatigué. Au contraire, il faut sans cesse combattre. Je fais beaucoup référence à ma carrière. Elle m’a permis d’avoir une belle vie.

Le poste d’entraîneur ne vous a jamais intéressé ?

Si, j’y avais pensé. Mais je me suis lancé plutôt dans un rôle de conférencier sportif. Et j’ai continué dans cette voie. Cela me plaît.

Quel mot vous vient immédiatement à l’esprit pour définir votre carrière ?

Extraordinaire ! J’ai adoré mon parcours de bout en bout. Je ne regrette absolument rien.

Qu’est-ce qui vous a rendu le plus fier ? De jouer jusqu’à 45 ans, d’être le meilleur marqueur des Jeux Olympiques (1093 points) ou d’être le recordman des points marqués (49 737 points) ?

Je ne détache rien en particulier. Je me contente de tout ce que j’ai eu. J’ai gagné beaucoup de titres.

En septembre 2013, vous êtes intronisé au Hall of Fame. Une fierté ?

C’est la consécration suprême. Vous ne pouvez rêver à une distinction plus importante. En plus, vous ne savez pas qui vote pour vous ! Je suis honoré. Je ressens beaucoup de fierté.

« En me draftant au 6ème tour, on m’a manqué de respect »

Qui vous avait surnommé « Mao Santa » (la « Main Sainte ») ?

C’était le surnom qui avait été donné à un ancien grand joueur mexicain (Arturo Guerrero). Au Brésil, un commentateur à la télévision avait dit : « Si eux ont leur « Mao Santa », on peut avoir la nôtre aussi ». C’est venu comme cela et cela a suivi dans les journaux. C’est même devenu vrai (rires).

Quel a été le moment le plus intense dans votre carrière ?

Lors des Jeux Panaméricains en 1987 (à Indianapolis). Cette compétition a été horsnorme et inoubliable pour moi. On a un groupe whatsapp et avec certains on se rappelle encore ces incroyables moments. Mon pic de forme a été surtout quand je jouais en Italie à Pavia (de 1991 à 1993, Ndlr). J’avais 33 ans. Normalement, à cet âge, on se rapproche davantage de la fin de sa carrière. Je me sentais bien. Je marquais beaucoup.

Et le plus triste ?

Quand on a perdu contre l’URSS (105-110, Ndlr), aux JO de 1988 (en quarts de finale, Ndlr). J’avais fait de bons Jeux, mais j’avais manqué mon dernier shoot malheureusement.

Il m’est resté en travers de la gorge. Si on avait gagné, on aurait pu devenir champions olympiques. Notre statut avait changé. On avait gagné les Jeux Panaméricains un peu avant. Le regard de nos adversaires sur nous n’était plus le même.

Italie, Espagne, Dubuisson, Schmidt se livre

Bien que drafté par les Nets du New Jersey en 1984, vous n’avez jamais joué en NBA. Cela a-t-il été une erreur et le regrettez-vous ?

Je m’étais senti offensé. Ils m’avaient drafté au 6ème tour. Je suis allé les voir juste pour leur montrer ce que je savais faire. Je n’avais jamais parlé comme cela avant. J’ai dit au coach : « Donnez-moi 20 minutes je vous mets 20 points, 30 minutes, 60 points ». Il me regardait avec de grands yeux. Après une semaine d’entraînement, j’ai joué 25 minutes et j’ai mis 25 points. Ils devenaient dingues !

Mais, à cette époque, si vous jouiez un seul match en NBA, vous ne pouviez plus jouer pour votre sélection. Pour rien au monde je n’aurais écarté ma sélection pour une autre équipe. Même en NBA. Je n’ai aucun regret. Jouer pour le Brésil a été le plus grand privilège que j’ai eu dans ma vie.

Avez-vous été sollicité par des clubs français ?

Absolument. Les plus grands clubs français me voulaient, mais j’ai toujours refusé. Je jouais en Italie. J’aimais beaucoup ce championnat. Il était considéré à l’époque comme un des plus forts au monde si ce n’est le meilleur derrière la NBA. J’y suis resté plus de dix ans. J’ai joué aussi deux ans en Espagne (entre 1993 et 1995 à Valladolid, Ndlr). J’ai fait une belle carrière.

Quel est le joueur français le plus fort contre lequel vous avez joué en sélection ?

Hervé Dubuisson. Nos chemins s’étaient croisés notamment en 1984. J’adorais la façon dont il jouait au basket. Il jouait comme je jouais. Il pratiquait un basket très offensif. Tous les deux, on jouait pour marquer des points.

Vous reconnaissez-vous un peu en Luka Doncic aujourd’hui ?

Je n’aime pas comparer les époques. Chaque joueur a ses caractéristiques, ses forces, ses moments de gloire. Mais Luka Doncic est probablement un de mes joueurs préférés actuels. Ce basketteur est un plaisir pour les yeux. Il joue de manière fantastique.

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