mardi 14 janvier 2025

Patrick Proisy : « Ma finale, c’était le match de trop… »  

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Vainqueur de Roland-Garros juniors en 1967, Patrick Proisy a failli récidiver cinq ans plus tard dans le Tournoi seniors. Mais il a échoué en finale. Retour sur une belle épopée.

46 ans plus tard avez-vous des regrets par rapport à cette finale perdue contre Andres Gimeno (4-6, 6-3, 6-1, 6-1) ?

Non car il a vraiment été supérieur. Il ne m’a laissé aucune chance après que j’ai gagné le premier set. Sur le début de match, j’ai fait vibrer le public, mais je n’ai pas tenu la distance.

Vous êtes-vous mis trop de pression pour votre première finale de Grand Chelem ?

Je n’ai pas subi la pression car j’ai bien démarré le match, je gagne le 1er set donc je suis bien rentré dans ma demi-finale. Il y a eu ensuite des faits extérieurs avec un orage qui a arrêté le match, on est resté 1h30 dans les vestiaires. Entre l’arrêt et le début de la finale tardif, 17 heures car avant il y avait l’inauguration du Parc des Princes avec la finale de la Coupe de France entre Marseille et Bastia on a fini sous les lumières du central en nocturne, les conditions étaient complètement différentes.

Vous aviez aussi connu un parcours difficile jusqu’à la finale. Avez-vous payé vos efforts physiques des matches précédents ?

C’est possible oui. Je n’ai aucun regret sur le déroulé du match, il a été meilleur que moi, il était très difficile à prendre en défaut, il avait une balle très lourde. J’ai payé les efforts faits pour arriver en finale. Rencontrer des joueurs aussi bons qu’Orantes ou Kodes, ça entame le physique, le mental. Même si vous gagnez, l’usure physique est là.

Je suis arrivé en confiance à Roland-Garros, mais j’ai eu un tirage au sort compliqué et il s’est confirmé par un parcours très difficile avec Fletcher en 8èmes de finale et Jan Kodes en quarts en cinq sets (6-3, 6-8, 2-6, 6-2, 6-1). Kodes était alors tête de série numéro 1. En demi-finale, j’ai battu Manuel Orantes tête de série numéro 4 (6-3, 7-5, 6-2). La finale était le match de trop pour moi, je me suis incliné.

« Je suis arrivé en confiance, mais j’ai eu un tirage compliqué, la finale était le match de trop »

Etiez-vous programmé pour faire un tel parcours ?

J’aimais Roland-Garros, j’y avais déjà bien joué. L’année d’avant, j’avais fait un quart de finale par exemple. J’étais tête de série n°9 et j’étais en confiance car j’avais déjà battu des joueurs comme Orantes, Jan Kodes le double tenant du titre. J’avais de bons repères. Mais entre avoir des repères et aller en finale, il y a quand même une belle marge.

Par la suite, vous n’avez plus atteint de finales en Grand-Chelem. Que vous manquait-il ?

C’est très difficile pour arriver en quart, demi ou finale. Mais je suis globalement satisfait de ma carrière. J’ai été numéro 1 français, j’ai joué la Coupe Davis entre 1971 et 1978. J’ai pratiqué ce métier pendant quatorze ans et il n’y a pas que cette finale de Grand Chelem même si elle a eu un retentissement important car elle se déroulait en France. Et c’est mon meilleur résultat en Grand Chelem. J’ai eu des bons résultats par ailleurs aussi.

Aujourd’hui, à l’approche de RolandGarros, les joueurs français subissent une pression énorme. Etait-ce pareil à votre époque ?

Oui, il y avait de la pression en permanence, quel que soit le tournoi, pas seulement à Roland-Garros. Les Français arrivaient à faire des performances de temps en temps, Pierre Darmon avait été en finale en 1963 notamment.

La pression est présente quel que soit le sport. Les footballeurs ou les rugbymen qui jouent tous les quinze jours à domicile la subissent aussi. Pour un joueur français, disputer et briller à Roland-Garros c’est exceptionnel, mais il ne faut pas occulter les autres tournois non plus.

« J’ai fait vibrer le public, mais je n’ai pas tenu la distance en finale. »

Avez-vous rapidement récupéré de votre déception avec cette défaite en finale?

Oui. A l’époque, on n’avait pas les mêmes staffs qu’aujourd’hui. Le travail mental, la gestion des émotions, on le faisait tout seul. Les joueurs sont mieux « équipés » aujourd’hui, ils ont des personnes qualifiées qui les font travailler pour surmonter la pression négative, pour gérer les médias, la télé, etc. Mais je me suis rapidement focalisé sur la suite de la saison. J’ai enchainé et, début 1973, j’ai fait une demi-finale à l’Open d’Australie que j’ai perdue face à Newcombe (7-6, 6-4, 6-2).

En vous retournant sur votre carrière, avez-vous des regrets ?

Absolument pas. Je pense avoir exploité au maximum mes qualités, je n’avais pas les qualités requises pour être numéro 1 mondial. J’étais 6ème mondial à la fin de l’année 1972. Je pense que j’ai atteint mon maximum.

Comment expliquez-vous qu’aucun Français n’ait gagné le tournoi depuis Yannick Noah en 1983 ?

Il n’y a pas de raisons particulières, et puis il ne faut pas occulter qu’il y a une grosse génération de joueurs qui se partagent les titres du Grand-Chelem ces dernières années avec notamment Nadal qui gagne quasiment tout sur terre battue et à RolandGarros il laisse peu de titres.

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