L’après Wembanyama, le passage à 16 clubs, l’aspect financier des clubs, le nouveau président n’a éludé aucun sujet. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
Le 28 juin dernier, Philippe Ausseur, ancien président de la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion de la Ligue Nationale de Basket, a été élu président de la LNB pour les quatre prochaines années succédant à Alain Béral (2011-2023). Le nouveau patron du basket nous a répondus cash.
Vous venez d’être élu président de la Ligue Nationale de Basket. Quel est votre sentiment ?
Je suis ravi de pouvoir conduire la destinée de la Ligue pour les quatre prochaines années. Nous avons de très belles ambitions et devons profiter du momentum du basket aujourd’hui qui me semble très positif et qui ne se résume pas qu’au phénomène Victor Wembanyama. On a vu au travers de nos influences et de la puissance de nos clubs qu’il y avait beaucoup plus que cela. Il faut travailler sur ce socle solide pour faire de nos championnats les meilleurs possibles, peut-être même les meilleurs d’Europe et faire de notre Ligue, une ligue de référence et pourquoi pas demain la ligue de référence.
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Justement, comment surfer sur la vague Wembanyama ?
Avec le comité directeur, l’une de nos priorités sera de travailler l’exposition du basket et de profiter de la très belle saison pour embrayer. D’autres talents vont émerger, probablement pas drafté numéro 1. Il faut aussi que l’on poursuive de faire de beaux événements de délocalisation avec ce qui a pu se faire à Roland-Garros ou ailleurs. C’était vraiment de très belles réussites donc il faut que l’on encourage et aide les clubs. Le premier de nos sujets, c’est également l’exposition télé. On souhaite avoir la meilleure exposition possible. C’est aussi important d’avoir un feuilleton, un rendez-vous régulier et que l’on sache qu’il y a un créneau basket tel jour.
La présence de Victor Wembanyama avait initié un partenariat de diffusion des matches de Boulogne-Levallois avec la NBA. Va-t-il se poursuivre ?
Nous allons essayer que ça ne soit pas qu’un one shot et que les excellentes relations avec la NBA se poursuivent et s’intensifient pour que l’on puisse bénéficier de cette magnifique et incomparable caisse de résonance qu’elle est.
« Je reste favorable à un championnat à 16 clubs »
Autour de l’élection planait un doute de l’ajournement du passage à 16 clubs. Maintenant que l’élection est terminée, peut-on dire que le dossier est clos ?
Sur le passage à 16, je l’ai dit maintes et maintes fois, j’étais, je suis et je reste favorable au passage à 16. Sous cette nouvelle présidence et gouvernance, nous ne reviendrons pas là-dessus. Ensuite, il y a
effectivement un certain nombre de réformes à étudier et à engager. Nous devons améliorer les choses et nous le ferons. Nous aurons probablement à voir ce que l’on peut faire sur les coupes d’Europe. Je trouve insatisfaisante la façon dont elles fonctionnent et ce n’est pas qu’un sujet français.
Le contrat avec Betclic arrive à échéance la saison prochaine. Avez-vous discuté d’une prolongation et où en est-on du namingdelaProB?
Le naming sera poursuivi, mais est-ce que ce sera Betclic ou un autre… C’est trop tôt pour y répondre. Sur le naming de Pro B, j’entends le point, mais il faut trouver le sponsor. Je ne pense pas qu’il faille se focaliser là-dessus non plus. La Pro B vit bien et a plutôt des finances saines, sans pour autant qu’il y ait un naming.
La luxury tax engendre une crainte que Monaco choisisse d’aligner une équipe différente en championnat et en Euroligue. Faut-il s’en inquiéter ?
La luxury tax a effectivement été votée, il faut que l’on affine son calcul. Mais un raccourci a été fait entre la luxury tax et Monaco. La luxury tax est un outil de régulation, qui peut très bien s’appliquer demain à d’autres clubs que Monaco. Il s’avère qu’en l’état du modèle économique et des finances de Monaco, la luxury tax, telle qu’elle ait été effectivement arrêtée, s’applique au club.
En revanche, sur la déclaration disant que Monaco va aligner deux équipes différentes, la luxury tax ne se fait pas en fonction des joueurs que vous alignez en Betclic Elite, mais en fonction de la masse salariale. Il faut surtout décrisper et dédramatiser ce sujet. Nous devons poursuivre le dialogue que nous avons pu avoir avec le club, qui comprend la situation.
Philippe Ausseur tire la sonnette d’alarme sur le modèle de certains clubs européens
L’Euroligue va rajouter un play-in avant les play-offs (le perdant du match entre le 7ème et le 8ème affrontera le vainqueur du match entre le 9ème et le 10ème, Ndlr), ce qui rajoutera des matches à un calendrier déjà très chargé. Cette inflation de matches pourrait-elle inciter certains clubs à quitter le championnat ?
C’est un sujet. Un pas a été fait avec la réduction à 16, bien qu’elle ne soit pas liée qu’à l’Euroligue. Il y a d’autres sujets. Mais il est très clair que nous n’allons pas faire une élite à 10 clubs pour l’Euroligue ! La ligue française a montré un signe d’ouverture. Il faut maintenant que l’on s’entende. Concernant le risque que des clubs français quittent entièrement ou en partie la Ligue, je n’y crois pas.
Je ne crois pas à un modèle économique de clubs, notamment français, qui ne vivrait que grâce à l’Euroligue. Quand je vois les résultats financiers d’un certain nombre de grands clubs d’Euroligue, objectivement, je m’inquiète un peu de la viabilité de cela. L’Euroligue n’échappera pas, à un moment donné, à se poser des questions sur son modèle.
La Betclic Elite sur L’Equipe et Skweek
La Ligue a annoncé la signature d’un contrat de 7 ans (jusqu’en 2031) avec la chaîne L’Equipe et la plate-forme numérique Skweek, déjà diffuseur de l’Euroligue. La chaîne L’Equipe retransmettra 25 matches de saison régulière et 10 de play-offs.
Quant à la plate-forme, elle diffusera tous les matches de saison régulière, les play-offs, la Leaders Cup et le All-Star Game. Selon L’Equipe, le montant de ces droits TV serait de 2,5 millions d’euros annuels en moyenne jusqu’en 2030, soit inférieur au contrat signé entre la LNB et RMC Sport entre 2015 et 2020 (10 millions d’euros par an), mais supérieur à ce que la LNB touchait avec la co-diffusion sur beIN Sports et France 3 en 2022/2023.
Propos recueillis par Killian Tanguy