vendredi 13 décembre 2024

Philippe Dallard (Toulouse) : « On est le champion de France des pauvres »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Loin d’être le président du club le plus fortuné de StarLigue (13ème budget), Philippe Dallard se réjouit de cette saison à part pour les 60 ans d’un club dont il est le président depuis octobre 2012. Entretien pour Handball Magazine et Le Quotidien Du Sport.

Cette saison, Toulouse fait déjà mieux que la saison dernière (4ème contre 6ème) !

Cela peut même être une année record en termes de points, de classement, de victoires. C’est aussi une demi-finale de Coupe de France (perdue contre Nantes, Ndlr). Cela peut donc être une année de référence, exceptionnelle. On va essayer d’aller chercher cette 4ème place. Si on atteignait cet objectif, ce serait une belle récompense pour tout le travail effectué.

Votre équipe vous étonne-t-elle ?

J’ai trouvé la capacité de ce club à pouvoir se réinventer, à pouvoir maintenir un niveau d’exigence élevé. On doit avoir le ratio points-budget le plus gros d’Europe aujourd’hui, tous sports confondus. On est assis sur un niveau d’exigence et de travail quotidien, où on y met beaucoup d’énergie, de stratégie et de structuration. Le travail paie.

On est là où on veut être. On est là où on avait très envie d’être. En dépit des blessures, les joueurs, le staff et l’organisation du club ont toujours cette vocation à rester debout, à être focus, à avoir cette volonté exacerbée d’aller chercher de la performance. Quels que soient les joueurs et les entraîneurs, les périodes négatives ou positives, nous font nous maintenir à ce classement. Sur les dix dernières années, on doit être proches de la 6ème place.

Qui est le Antoine Dupont du Fenix ?

Il n’y en a pas. Au rugby, ils sont capables de le garder. Pour nous, tous les grands joueurs qu’on a créés (sic) ou qu’on est allés chercher, rapidement on se rend compte qu’on est obligés de s’en séparer. Cela a été le cas de Balenciaga l’an dernier, Steins un peu avant, Ferran Solé il y a quelques années, Wesley Pardin, Valentin Porte aussi et bien d’autres. Ce sera Ayoub Abdi à la fin de la saison également (pour Nantes, Ndlr).

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Philippe Dallard contraint de vendre ses meilleurs joueurs

Comment expliquer de tels résultats quand on dispose seulement du 13ème budget ?

Avant que je sois là, le club a traversé des périodes bouleversées et bouleversantes. Le club a certainement manqué à un moment donné de continuité. On a longtemps été ce Fenix qui renaissait de ses cendres. Maintenant, on est dans une nouvelle étape et on écrit un nouveau livre.

Comment le club peut-il conserver ses meilleurs joueurs ?

C’est le fond du problème. Cela peut même être lassant car il nous faut reconstruire chaque année. On n’a jamais la certitude de repartir tous les ans avec une équipe aussi forte.

On fait en sorte de ne pas trop se diminuer en capacité sportive. Je ne peux pas vous dire quel sera le classement de Toulouse l’an prochain. Même si on a déjà arrêté l’équipe, c’est une formation qui va recommencer en étant un peu moins forte sur le papier peutêtre que celle de cette année. Quand vous perdez Ayoub Abdi, le meilleur arrière droit de France à mes yeux, vous ne pouvez pas affirmer que vous aurez une équipe encore plus compétitive.

Maintenant, on a travaillé sur une organisation différente en prenant soin de répartir les rôles, en gardant notre organisation avec nos coachs, notre centre de formation plus performant, et ce avec un niveau d’exigence également au niveau. Après, on ne fait jamais de prévisions. En début d’année on a demandé aux gars d’accéder au top 5. On n’a jamais relayé cela à l’extérieur du club. C’est trop fragile pour nous.

Si on perd deux joueurs majeurs, on peut vite exploser. Cependant, la force de ce club est que quand il y en a un qui tombe, deux se relèvent. On a sûrement un des plus grands staffs de France (l’entraîneur Danijel Andelkovic et son adjoint Rémi Calvel, Ndlr). On est très performants sur la vidéo, la data, l’analyse, le traitement des données. Là-dessus, on est dignes des très grands clubs. On met beaucoup plus d’argent sur l’organisation que sur le joueur en lui-même.

« On met beaucoup plus d’argent sur l’organisation que sur le joueur en lui-même »

Qu’est-ce qui fait la spécificité du Fenix ?

Nous ne sommes pas les meilleurs en formation, Du coup, on s’est dirigés vers des jeunes sur l’extérieur en les faisant progresser en interne. On est comme des accélérateurs de particules. On permet aux joueurs d’être meilleurs et donc d’être visibles. Nous disposons du 13ème budget dans une ville qui souffre d’une concurrence exacerbée en termes de sports.

Avec le rugby, on a face à nous le Real Madrid ! Le Stade Toulousain est plus qu’un club de rugby, c’est une institution. On sait qu’on est obligé de travailler différemment en allant chercher d’autres supports. Si on ressemble aux autres, on sera comme les autres. On a donc travaillé sur un autre modèle beaucoup basé sur l’humain et sur cette capacité à s’inscrire dans la durée. Les hommes passent, mais la stratégie, l’organisation demeurent identiques.

A court terme, de quoi peut rêver le club ?

On sait bien qu’on n’est ni de près, ni de loin faits pour être champions. Si on est 4èmes, on est champion de France des pauvres ! (sic) Notre objectif est de continuer à être très performants et bien sûr de remplir les tribunes. Dans une ville comme Toulouse avec plus de 400 000 habitants, et plusieurs clubs en première division, avoir cette capacité d’imposer le handball dans la ville, ce serait sans doute notre plus grande réussite.

On créerait à nouveau de l’engouement, des jeunes qui intégreraient le club et lui permettrait d’exister. On existera sans trophée. Ce qui fait notre force, c’est aussi d’être dans cette instabilité et incertitude. Rester humble, travailler de mieux en mieux, partager, c’est l’ADN du club. Toulouse en devient attractif car beaucoup de joueurs se sentent attirés par ce projet collectif. Les joueurs se sentent investis d’une mission. On n’est pas Manchester City ni le Real Madrid. Mais à notre manière on va chercher notre façon de performer. On est habité et obnubilé par la performance à Toulouse.

L’info en plus sur le Fénix

En 1998, Toulouse gagne la Coupe de France aux dépens de Montpellier (27-20). Son titre référence.

Transferts 2024/2025

Arrivées :

Départs : Ayoub Abdi (Nantes), Fredric Pettersson (retraite)

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