vendredi 11 octobre 2024

Polémique : trop de coachs individuels dans le basket ?

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Bien qu’il soit très en vogue, le métier de coach individuel, que ce soit pour se préparer et progresser en vue de la NBA ou durant l’intersaison, ne plaît pas forcément à tout le monde…

Il n’est plus rare de voir des coachs diplômés se spécialiser dans le développement individuel des joueurs. Ainsi Anthony Brossard est devenu cette saison le coach personnel de Zaccharie Risacher à Bourg en Bresse avant que le joueur ne se présente à la draft. Les spécialisations se déclinent même en dehors. On parle de coach de développement, de coach physique, de coach mental… Pour Alain Weisz, ancien sélectionneur de l’équipe de France, autres temps, autres moeurs :

« Avant, il y avait un staff d’équipe nationale ou de club. Aujourd’hui, il y a une telle fièvre pour essayer de se développer individuellement. Cela ressemble beaucoup à l’individualisme ambiant. Les joueurs veulent être le plus fort possible car ils veulent aller le plus haut possible. Avant, cela passait surtout par la réussite de leur équipe. Maintenant, cette réussite est plus individuelle. Il y a beaucoup de superflu dans ce choix d’accepter des intervenants extérieurs. »

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Les coachs individuels, le nécessaire des joueurs

« Mais cela se généralise beaucoup avec les joueurs NBA qui ont leur préparateur physique, leur coach mental et technique. C’était le cas pour Victor (Wembanyama) aux Mets l’an dernier (Guillaume Alquier l’a suivi aux Spurs, Ndlr). »

« Quand on est en équipe nationale pendant un mois et demi, il ne faut pas que les joueurs aient des traitements différents. Sinon on ne s’en sort plus si chaque joueur fait venir son coach personnel. Et là on ne parle plus de sport collectif. De même, je trouve qu’en club, c’est une mode et il y a beaucoup de pipeau là-dedans. Si cela peut davantage se comprendre pendant une préparation estivale, c’est superflu pendant la saison. »

« Ce n’est pas souhaitable. D’autant que cette mode se répercute même au niveau des gamins. Ils jouent dans un club et en même temps ont un entraîneur extérieur. Cela participe à l’ambition des jeunes joueurs aujourd’hui. Il y a beaucoup d’esbroufe derrière tout cela. A un moment donné, il y a trop de messages et cela en devient un contre-pouvoir face au coach. »

Un double message qui passe mal dans les clubs

« Ce dernier doit avoir toute autorité sur son équipe, ses joueurs. S’il y a plusieurs messages, le risque de dissonance existe. Il faut l’éviter. Maintenant, vous ne pouvez pas non plus empêcher un gamin de vouloir devenir plus fort en s’attachant les services d’un coach individuel, en se disant comme cela j’irai en NBA. L’ambition des jeunes joueurs actuels est considérable. »

« Si je comprends, je ne cautionne pas sur les progrès qui vont être faits. Quand on est dans un club où il y a un vrai entraîneur, on apprend la complémentarité, la cohésion et l’esprit collectif si fondamental. C’est un leurre de penser que seul le développement individuel peut permettre à un joueur d’aller au plus haut niveau. Il y aura beaucoup de déçus ».

Jean-Denys Choulet, double champion de France en 2007 et 2017, abonde dans ce sens : « Les coachs pour le travail individuel, c’est important. Mais les assistants qui sont au nombre de deux maintenant, avec eux deux il y a moyen de faire du travail individuel. Un coach devrait aussi être capable de gérer la préparation physique. Je suis prof d’EPS et j’ai été formé à cela. A les écouter, les jeunes coachs qui arrivent il leur faut un préparateur mental, physique, un diététicien… De toute façon, à Roanne, on n’avait pas les moyens d’avoir tout cela. Ce type de coaching individuel est arrivé avec la NBA. C’est comme pour les tenues vestimentaires. Je ne sais pas si c’est un effet de mode. Mais cela risque de durer encore un moment. Quant à l’efficacité, je l’ignore. »

« A un moment donné, il y a trop de messages »

En matière de coaching individuel, certains noms sont reconnus dans le milieu. On pense à Joseph Gomis. Ancien basketteur (Evreux, Nancy, Valladolid, Malaga, Limoges, Nanterre…) et international français, (58 sélections), il s’est reconverti dans le coaching individuel. Nicolas Batum a fait appel à ses services. Son cousin, Benoît Gomis, s’est également construit une belle réputation dans l’entreprise du coaching individuel.

Il a entraîné des joueurs de renom comme Nicolas Batum, Rudy Gobert, Vincent Poirier, Franck Ntilikina ou Sekou Doumbouya. Bienvenu Kindoki est, lui, assistant coach au Paris Basketball en charge du développement individuel des joueurs pros. A son contact, des joueurs comme Begarin et Kamagate ont énormément progressé. Yacine Yaoudi est considéré ni plus ni moins comme un des meilleurs coachs individuels en France.

Bien connu du côté de Limoges, il a fait progresser dans la gestuelle aux tirs des joueurs comme William Howard, Axel Bouteille, Jerry Boutsiele ou Jonathan Rousselle. Julien Zoa est un coach issu à la base du niveau régional. Il s’est fait une place désormais dans le monde professionnel. Et ce à travers du coaching individuel en perfectionnant les gestes techniques au quotidien de nombreux joueurs, en les faisant beaucoup évoluer. Depuis la saison 2023/2024, il officie du côté de Cholet. Le coaching individuel, même s’il n’est pas apprécié de tous, a vraiment la cote auprès des joueurs.

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